Pont-de-Claix teste sa réactivité face aux crises
Le 14 octobre 2024, la commune (10 800 hab., Isère) a organisé un exercice grandeur nature. L'occasion d'améliorer l'organisation des secours et d'y impliquer la population.
À 10h00, le plan particulier d’intervention (PPI) est déclenché et sera levé avant la fin de matinée : «Nous avons voulu complexifier la situation en superposant deux événements face auxquels les consignes de protection de la population différaient : évacuation pour le séisme, confinement pour l’accident industriel, afin de savoir, à travers un ordre puis un contre-ordre, comment la population réagirait et surtout la préparer à ce cas de figure », témoigne Christophe Ferrari, maire du Pont-de-Claix et président de Grenoble Alpes Métropole.
Se mettre en sécurité
Ces deux événements ne sont pas le fruit du hasard. Pont-de-Claix se situe en effet à la fois dans une zone sismique de niveau 4 (sur une échelle de 5) avec donc un risque élevé, et elle est classée «Seveso seuil haut » de par la présence de sa plateforme chimique.
Dès 8h47, soit deux minutes après la manifestation du séisme, le plan communal de sauvegarde intervient et entraîne dans la foulée la mise en place du PCC (lire ci-dessous «Les acteurs clés »). L’heure est grave : le séisme a généré la destruction de bâtiments souvent anciens, des glissements de terrain, une voirie coupée et endommagée...
À 9h09 est prise la décision d’évacuer certains secteurs dont un bâtiment abritant 22 personnes et les 175 élèves de l’école élémentaire de l’Île de Mars particulièrement menacée.
Les secouristes les ont transférés à pied dans un gymnase, transformé pour la circonstance en centre d’accueil. «Des messages visant à garder leur sang-froid leur ont été délivrés et des gestes de premier secours leur ont été appris », précise Rémi Besançon, conseiller municipal délégué à la sécurité civile. Et puis, bien sûr, l’alerte est lancée dès les premiers instants. Sans les sirènes, «car nous ne souhaitions pas affoler la population », explique Rémi Besançon, mais avec les dispositifs FR-Alert (envoi de 13 000 SMS par la préfecture) et Télé Alert (commune).
Pendant l’exercice, qui aura duré un peu moins de trois heures, le PCC est en liaison à deux reprises, en visioconférence, avec le préfet ainsi qu’avec le poste de commandement du service départemental d’incendie et de secours (Sdis). Des échanges ont également lieu avec la métropole, cette action étant à même de s’inscrire dans la procédure du futur plan intercommunal de sauvegarde (PICS) qui sera opérationnel en 2025. Rémi Besançon effectue la coordination entre la mairie et les acteurs sur le terrain en se rendant notamment au commandement des opérations de secours (COS) des pompiers.
Rien n’a été écarté dans le scénario du 14 octobre. Jusqu’à imaginer l’édification d’une chapelle ardente après que deux corps ont été retrouvés sous les décombres : «Il a fallu déterminer le lieu adéquat, sa mise en place en liaison avec les pompiers et le corps médical », témoigne Rémi Besançon.
Des réflexes pour le jour J
Pont-de-Claix a aussi travaillé sur le jour d’après. Avec d’inévitables questions : comment accompagner les personnes sans domicile, comment faire fonctionner les établissements scolaires, dans quelle mesure prendre les arrêtés municipaux d’interdiction d’habitat, comment se repérer dans le maquis des assurances...
« La gestion de crise relève de l’acquis. Ce n’est que par les mises en situation que l’on progresse et teste la robustesse de notre système d’organisation. C’est absolument essentiel », conclut Christophe Ferrari. Car même si la charge émotionnelle de la population n’a pas la même puissance lors d’un scénario fictif, il y a des réflexes, des comportements à adopter qui, le jour J, peuvent s’avérer déterminants.
Rémi Besançon, conseiller municipal délégué à la sécurité civile de Pont-de-claix
« Nous devons améliorer grandement l’alerte des habitants »
Notre plan communal de sauvegarde (PCS) a plutôt bien fonctionné. Le retour d’expérience nous indique que des ajustements sont à prévoir comme la révision de certaines procédures. En particulier celles portant sur les interventions des jours d’après (accompagnement des personnes, déclaration d’assurances…).
13 000 SMS de FR-Alert ont été envoyés 34 minutes après l’alerte sur la plate-forme chimique. Or, 15 minutes suffisent pour qu’un gaz toxique provoque des dégâts considérables sur des humains. La rapidité du déclenchement de Fr-Alert doit donc être améliorée.
La commune n’en écarte pas l’idée. Cependant, nous pouvons déjà compter sur de nombreux agents municipaux et, surtout, sur les sauveteurs secouristes pontois, association qui rassemble une cinquantaine de bénévoles. Elle a bien sûr été associée à l’exercice du 14 octobre.
Ce dispositif communal, intitulé «Télé Alert », repose sur un système d’appel automatique de masse permettant d’avertir par téléphone et, éventuellement, par quartier (message vocal ou Sms) les Pontois qui se seront précédemment inscrits en ligne. Plus personnalisé que FR-Alert, il permet ainsi d’apporter une réponse ciblée et adaptée à des situations particulières (problèmes de santé, handicap, isolement...).
Raccourci : mairesdefrance.com/28279
Cet article a été publié dans l'édition :
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