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Maires de France
Interco et territoires
26/11/2024 NOVEMBRE 2024 - n°428
Environnement Intercommunalité Urbanisme

Quand la défense de la biodiversité infuse tout un territoire

Progressivement, l'ensemble du Pays fléchois s'est transformé en territoire vert. Sa méthode : une sensibilisation des élus et des moyens alloués importants.

Par Philippe Pottiée-Sperry
Nadine Grelet-Certenais, maire de La Flèche (Sarthe) 
et présidente de la communauté de communes du Pays fléchois : " Nous avons anticipé les normes environnementales plutôt que de les subir. "
Nadine Grelet-Certenais, maire de La Flèche (Sarthe) et présidente de la communauté de communes du Pays fléchois : " Nous avons anticipé les normes environnementales plutôt que de les subir. "
Les initiatives impulsées au départ par la seule commune de La Flèche, comme l’adoption du zéro phyto en 2009, ont progressivement gagné tout le territoire pour devenir une politique communautaire à part entière », explique Nadine Grelet-Certenais, maire de la commune et présidente de la communauté de communes du Pays fléchois (CCPF).

Sur 326 km², le territoire se caractérise par des paysages de coteaux et des milieux diversifiés grâce au Loir et à ses affluents. Depuis quinze ans, la CCPF y pratique une gestion différenciée en préservant la biodiversité et en réduisant les impacts environnementaux. «Il faut du temps pour que la démarche infuse dans toutes les communes, dont certaines étaient un peu sceptiques au départ, reconnaît l’élue. Améliorer notre environnement naturel signifie des choix et des coûts. »
 

La méthode

La CCPF s’est dotée d’une programmation transversale biodiversité, soutenue par la région Pays de la Loire via la reconnaissance «Territoire engagé pour la nature » (TEN) pour la période 2019-2024. Parmi les mesures mises en place figure un Atlas de la biodiversité communautaire, créé en 2021 à la suite d’un appel à projet de l’Office français de la biodiversité (OFB).

La démarche bénéficie de l’aide du Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) Vallées de la Sarthe et du Loir, qui est intervenu aussi sur le diagnostic du PLUi et du SCoT. Le plan climat-air-énergie territorial et le SCoT (2014-2019) visaient la réduction de 50 % de la consommation d’espaces, expérimentés dans le PLUi par trois EPCI dont le Pays fléchois.

Aujourd’hui, l’objectif est la réduction supplémentaire de 10 % pour tendre vers le zéro artificialisation nette (ZAN). «Nous avons réussi à convaincre les élus et les agents », explique Nicolas Chauvin, vice-président de la CCPF chargé de la commission environnement.

Selon le PLUi, pour tout projet de construction ou d’extension, une part des surfaces doit privilégier la biodiversité et le cycle de l’eau.
 

Le fonctionnement

Gestionnaire depuis 2001 des Marais de Cré-sur-Loir, classés réserve naturelle régionale en 2008, offrant une mosaïque de zones humides sur 70 hectares, l’EPCI s’appuie sur des pratiques d’entretien sobre comme le pastoralisme ou le réemploi des matériaux. Le budget annuel des marais s’élève à près de 180 000 euros (investissement et fonctionnement) pris en charge à 40 % par la région. S’y ajoutent des fonds Feder pour financer deux postes d’agents.

Pour accompagner son ambition en faveur de la biodiversité, le Pays fléchois s’est doté, en 2022, d’un service patrimoine naturel (sept agents), avec des partenariats forts avec le CPIE ou le Conservatoire d’espaces naturels des Pays de la Loire. Il dispose d’un budget d’1 million d'euros.

« Pour créer ce service, le contrat TEN a constitué un accélérateur et permis de financer le poste de la référente TEN (50 % par la région et 50 % par le Feder) », souligne Nicolas Chauvin. Le dispositif TEN (900 000 euros sur trois ans) est soutenu à 50 % par la région sur certains projets, comme le contrat nature, et par d’autres cofinancements au cas par cas (Feder sur un poste ou département pour la refonte des chemins de randonnée).
 

Les résultats

En septembre dernier, la CCPF a été élue «Capitale française de la biodiversité », concours organisé par le ministère de la Transition écologique et l’OFB (catégorie intercommunalités). Lors de sa visite, le comité scientifique du concours a été convaincu par la méthodologie de l’EPCI qui va souvent au-delà des obligations réglementaires. «Ce prix constitue une belle reconnaissance du travail accompli depuis des années pour la biodiversité et suscite la fierté des élus, des agents et de la population », se réjouit Nadine Grelet-Certenais.  
 

Ce que dit le CGCT
Il n’existe pas en tant que telle de compétence biodiversité. La CCPF s’appuie donc sur un entrecroisement de plusieurs compétences (art. L.5214-16 du CGCT) pour développer ses actions : compétence facultative «protection et mise en valeur de l’environnement », compétences obligatoires «collecte-traitement des déchets » et «Gemapi » (milieux aquatiques et prévention des inondations), une compétence gérée en régie (610 000 euros de budget/an).

 

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°428 - NOVEMBRE 2024
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