Éclairage public. Optimisation de rigueur
Lourde charge pour les communes, l'éclairage public poursuit sa lente révolution dans le cadre d'une gestion plus responsable.
Pourtant, du remplacement des matériels trop énergivores aux nouveaux modes de gestion en passant par l’extinction nocturne, les leviers ne manquent pas pour optimiser la gestion de l’éclairage public local. Au passage, la Cour des comptes préconise que les collectivités «mutualisent mieux maintenance et investissement en renforçant le rôle des EPCI et des syndicats d’énergie dans la gestion de cette compétence ».
Un arrêté du 27 décembre 2018, modifié en 2019, impose des mesures de protection interdisant notamment, d’ici janvier 2025, les éclairages trop orientés vers le ciel. Déjà en 2009, la règlementation européenne avait prévu l’interdiction, à l’horizon 2015, de la commercialisation des lampes à vapeur de mercure jugées trop énergivores. Cette évolution bénéficie aux dispositifs lumineux à LED (light-emitting diode, ou «diode électroluminescente »). Pour preuve, un règlement européen du 1er octobre 2019 a récemment préconisé de nouvelles exigences d’éco-conception pour les sources lumineuses en misant sur les LED.
Sur le terrain, l’heure est désormais au «relamping » (« relampage » ou «relanternage » en français). Cette opération consiste à renouveler les systèmes existants par des dispositifs plus économes (technologie LED). À l’instar de Talence (42 000 hab., Gironde) qui a choisi de remplacer l’ensemble de son parc d’éclairage public extérieur en LED connectées. Plus de 3 700 points lumineux répartis sur l’ensemble de la commune sont concernés.
Economies à la clé
« Depuis longtemps, la ville souhaite investir dans un matériel pérenne. Elle a eu cette opportunité d’aller plus loin avec un équipement d’éclairage public performant qui doit nous permettre d’anticiper sur des services dits intelligents et utiles pour la population », explique son maire, Emmanuel Sallaberry. À Talence, les nouveaux luminaires sont équipés de capteurs, capables de mesurer la température, de détecter la présence de personnes et même de mesurer la qualité de l’air. Avec son projet, la municipalité escompte une baisse d’environ
80 % de sa facture énergétique annuelle.
À une échelle plus modeste, Saint-Rémy-Boscrocourt (801 hab., Seine-Maritime), vient aussi de remplacer par des LED 158 points lumineux sur les 188 que compte le village. Le dispositif retenu permet en outre de moduler la luminosité en fonction de l’heure et de la zone concernée. Coût total de l’opération : 189 000 euros, dont 65 000 euros seulement à la charge de la commune après déduction des subventions. « On va réaliser un peu plus de 78 % d’économie d’énergie », commente Marine Douay, maire de la commune, qui estime à près de 10 000 euros les économies annuelles réalisées.
Extinction nocturne
Parmi les autres pistes, l’extinction nocturne se répand de plus en plus dans les communes (lire aussi p. 51). Comme à La Ravoire (8 100 hab., Savoie) où, depuis le 1er octobre, les rues ne sont plus éclairées de minuit à cinq heures du matin. Aux détracteurs qui invoquent l’insécurité que pourrait engendrer cette extinction nocturne des feux, le maire, Alexandre Gennaro, a une réponse bien argumentée : «On parle bien là d’un sentiment d’insécurité qui n’est pas avéré puisque la gendarmerie n’a pas constaté de dégradations ou d’actes d’incivilité depuis que les autres communes ont mis en place cette extinction partielle de l’éclairage public. »
Ces choix locaux s’inscrivent en réalité dans la continuité des dispositions de l’arrêté du 27 décembre 2018 qui prescrit des plages horaires d’extinction des feux tout en prévoyant des cas particuliers s’agissant de la temporalité de l’éclairage public : extinction des lumières éclairant le patrimoine et les parcs et jardins accessibles au public au plus tard à 1h00 du matin ou 1 heure après la fermeture du site, fin des éclairages extérieurs destinés à favoriser la sécurité des déplacements, des personnes et des biens, liés à une activité économique et situés dans un espace clos non couvert ou semi-couvert, au plus tard une heure après la cessation de l’activité jusqu’à 7 heures du matin au plus tôt.
Ces mesures ne concernent pas toutefois les éclairages des chantiers lorsque les installations d’éclairage sont couplées avec des dispositifs de détection de présence ou avec un dispositif d'asservissement à l'éclairement naturel. En outre, les préfets peuvent localement adopter des mesures plus restrictives afin de tenir compte de la sensibilité particulière aux effets de la lumière d’espèces faunistiques et floristiques.
Cet article a été publié dans l'édition :
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