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Maires de France

L'actu
01/01/1970 NOVEMBRE 2021 - n°395
Synthèse du 103e Congrès

Philippe Laurent : « Je souhaite faire reconnaître tout l'apport des maires à notre pays »

Maire de Sceaux et secrétaire général de l'AMF, Philippe Laurent est candidat à la présidence de l'association. Il explique à Maire info et Maires de France vouloir « favoriser les synergies » entre les différentes associations d'élus, « renouer confiance et exigence » avec le gouvernement et faire de l'AMF une « force de propositions ». 

Xavier Brivet et Franck Lemarc
© V. Viennet
Avertissement : À des fins d’égalité absolue, les mêmes questions ont été posées aux deux candidats. Nous présentons des interviews de Philippe Laurent et David Lisnard de même durée (en vidéo) et de même longueur (retranscription écrite). Comme il est de coutume, les retranscriptions écrites ont été ajustées par nos rédactions pour respecter ces calibrages.

 

 

Extraits de l'interview.

Pourquoi avez-vous décidé de vous porter candidat à la présidence de l’AMF ?

C’est dans la continuité de mon parcours. Je suis extrêmement attaché à cette communauté des maires, j’en fais partie depuis longtemps, j’ai beaucoup travaillé pour elle et je souhaite continuer à me mettre à son service pour faire reconnaître tout l’apport que les maires amènent à notre pays. Je me suis engagé à l’AMF dès mon élection en tant que maire de Sceaux, en 2001. J’ai été vice-président de l’AMF pendant 13 ans, notamment auprès de Jacques Pélissard [président de l’AMF de 2004 à 2014] et, depuis 7 ans, secrétaire général de l’AMF aux côtés de François Baroin. L’expérience acquise et la connaissance du terrain liée à mes nombreux déplacements dans les associations départementales de maires, peuvent me permettre d’apporter quelque chose à l’association.

Quel a été votre parcours professionnel et votre parcours d’élu local ?

J’ai été élu en 1977 pour la première fois au conseil municipal de Sceaux dont je suis le maire depuis 2001. J’ai été conseiller départemental, je suis conseiller régional, président d’un certain nombre d’organismes, notamment le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT). Professionnellement, j’ai travaillé essentiellement dans le conseil aux collectivités locales pendant une vingtaine d’années, d’abord dans un grand cabinet et ensuite dans ma propre structure, dans le domaine de la gestion publique locale. 

Pourriez-vous définir les caractéristiques des deux listes que vous déposez (bureau et comité directeur) ?

Ce sont des listes de maires engagés dans l’action locale pour leurs concitoyens, pour le service public, pour leur territoire, dans des petites communes, des grandes villes, dans l’intercommunalité. Des élus représentatifs de l’ensemble des maires de France avec les mêmes préoccupations, les mêmes propositions, les mêmes envies et le même engagement. 

Comment souhaiteriez-vous voir évoluer les relations entre l’AMF et les autres associations d’élus locaux ?

L’AMF a vocation à entretenir des liens étroits avec les départements et les régions, à travers Territoires unis, une structure à la création de laquelle j’ai contribuée. Elle doit aussi renforcer ses liens avec l’ensemble des associations. Car tout ce qui nous rassemble est bien plus fort que ce qui nous divise ou nous différencie. Il faut privilégier la synergie. Dans le domaine des finances locales, nous avons réussi à élaborer des propositions communes. Moi-même, en tant que président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT), j’ai créé une coordination des employeurs territoriaux qui nous permet d’élaborer des positions communes, par exemple récemment sur la protection sociale complémentaire des agents ou sur le financement de l’apprentissage. Nous avons acquis un poids beaucoup plus important auprès du gouvernement et nos propositions sont davantage écoutées.

Je veux aussi souligner le rôle très important des associations départementales de maires. Sans elles, l’AMF ne disposerait pas de cet enracinement dans les territoires. A l’inverse, l’AMF porte au niveau national leurs préoccupations et leurs propositions. Il faut donc continuer de conforter ce lien très étroit entre elles. 

Comment les relations de l’AMF avec le gouvernement et le Parlement doivent-elles évoluer ?

Aujourd’hui, notre pays est quelque peu bloqué. Nous sommes dans des guerres de position. Il faut avancer. Avec le gouvernement, il y a une nécessité de renouer avec à la fois une confiance mais aussi une exigence. Les collectivités territoriales sont exigeantes sur les marges de manœuvre dont elles doivent disposer pour être efficaces. Elles ne doivent pas être considérées comme de simples sous-traitants de l’Etat et de l’administration centrale. 

Avec le Parlement, nous devons être forces de propositions. D’ores et déjà, les délégations à la décentralisation du Sénat et de l’Assemblée nationale entretiennent des relations avec l’AMF et les autres associations. Ces relations doivent être confortées car depuis la fin du cumul des mandats, un éloignement s’est produit naturellement. 

Si vous étiez élu président de l’AMF, quelles actions engageriez-vous pour lutter contre la baisse des moyens et de l’autonomie financière et fiscale des collectivités ?

Il y a la piste du partage des impôts nationaux [avec les collectivités]. Mais il ne faut pas partager le produit, il faut partager les bases en les territorialisant et, éventuellement, en donnant aux collectivités la capacité d’avoir une marge de manœuvre sur le vote de taux additionnels. C’est cela le vrai partage, nous en sommes très loin. Tant que les collectivités ne seront pas considérées comme des partenaires majeurs à même de représenter l’intérêt général, on n’avancera pas. La décentralisation, l’autonomie des collectivités, c’est un sujet de société, pas simplement une question d’organisation ou d’égos pour les élus locaux. 

L’AMF demande l’adoption d’une grande loi de décentralisation. Quelles sont vos propositions ?

L’Etat doit donner davantage de marge de manoeuvre aux collectivités dans la mise en œuvre des compétences déjà transférées. La différenciation est un point important. S’il y a un domaine où il faut aller plus loin dans la décentralisation de pouvoir, c’est probablement dans celui de la santé publique. Je ne parle pas de la gestion des hôpitaux mais de la logistique de la santé, de la prévention. Et aussi dans le domaine du logement car nous sommes dans une situation intermédiaire qui ne donne pas satisfaction. Il faut faire davantage confiance aux acteurs locaux. 

Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’intercommunalité et pensez-vous nécessaire de faire évoluer sa gouvernance pour préserver les maires ?

L’intercommunalité a connu une évolution positive jusqu’à l’adoption de la loi Chevènement de 1999. On était là dans des lois positives qui permettaient aux élus de se saisir pleinement des opportunités de l’intercommunalité, en terme de développement, à une échelle plus large que celle de la commune. La loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles (Maptam) de 2014 et la loi portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe) de 2015 sont des lois de contraintes. Elles obligent à faire. D’où les difficultés actuelles rencontrées par un certain nombre de maires qui ne trouvent plus de sens à leur action parce qu’ils sont noyés dans de grandes intercommunalités. Il faut redonner aux maires davantage de capacité d’adaptation des choix communautaires au niveau hyper local. Il faut aussi revoir la définition de l’intérêt communautaire. Il faut laisser les élus libres de s’organiser comme ils le souhaitent et non pas selon un schéma uniforme sur l’ensemble du pays. 

Comment jugez-vous le dispositif de l’agenda rural et quelles sont vos propositions pour les territoires ruraux ?

L’agenda rural est une démarche positive portée par le gouvernement et les associations d’élus. Les territoires ruraux se sentent davantage considérés. Il y a tout un tas de mesures encore à promouvoir, parmi lesquelles la refonte du statut des secrétaires de mairie qu’il faut revaloriser. L’AMF a fait des propositions sur le sujet. Il faut résorber l’écart de 1 à 2 entre la dotation globale de fonctionnement (DGF) par habitant des grandes villes et celle des territoires ruraux, une proposition que j’ai portée en tant que président de la commission des finances de l’AMF. Il n’y a pas de fatalité à la désertification. L’Etat et les métropoles doivent accompagner la vitalité des territoires ruraux. 

Si vous deveniez président de l’AMF, quel changement prioritaire souhaiteriez-vous impulser pour accroître davantage encore l’efficacité de l’association ?

L’AMF doit se replacer résolument au centre de la société, c’est-à-dire être présente d’abord dans les grands débats, auprès de toutes les forces vives du pays, évidemment auprès du Parlement. Et puis avoir des relations avec les représentants du gouvernement qui soient très exigeantes, en appelant au partenariat et à la confiance.  

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°395 - NOVEMBRE 2021
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