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Maires de France
Interco et territoires
07/05/2025 AVRIL 2025 - n°433
Agriculture AMF Intercommunalité Ruralité

Relocaliser l'agriculture et l'alimentation

Engagée dans un projet alimentaire territorial depuis 2021, la communauté de communes Saint-Pourçain Sioule Limagne (Allier) vise une démarche globale.

Par Pierre Plessis
Véronique Pouzadoux, maire de Gannat (Allier), présidente de la communauté de communes Saint-Pourçain Sioule Limagne (60 communes et 34 800 habitants), secrétaire générale adjointe de l'AMF.
© AMF
Véronique Pouzadoux, maire de Gannat (Allier), présidente de la communauté de communes Saint-Pourçain Sioule Limagne (60 communes et 34 800 habitants), secrétaire générale adjointe de l'AMF.
Dans notre territoire rural qui connaît ses agriculteurs, ses producteurs et sait faire du circuit court, j’étais convaincue, depuis 2014, de l’intérêt de mettre en place un projet alimentaire territorial » (PAT, lire ci-dessous), se souvient Véronique Pouzadoux, maire de Gannat (Allier) et présidente de la communauté de communes Saint-Pourçain Sioule Limagne (CCSPSL). Celle-ci s’engage dans le projet, en 2021, en s’appuyant sur sa compétence économique.

Objectif : consolider les filières agricoles et promouvoir une alimentation locale, saine et de qualité pour tous, en impliquant tous les acteurs. La démarche commence par un diagnostic partagé en associant notamment la chambre d’agriculture et les jeunes agriculteurs. Le mot d’ordre est de produire autrement et d’expérimenter.
 

La méthode

Les axes de travail portent sur l’éducation alimentaire, la diversification des productions et des filières, en soutenant l’installation de porteurs de projets en maraîchage (déficitaire sur le territoire) ou de cultures de légumes de plein champ avec des producteurs déjà en place. Pour pérenniser le foncier agricole, l’accent est mis sur la transmission des exploitations et l’aide à l’accès au foncier pour les projets d’installation.

Faire partie du dispositif PAT permet un soutien de l’État pour financer le poste d’un chargé de mission. «Cela nous a aidés pour faire le diagnostic, dégager les lignes forces du projet et le suivre, souligne Véronique Pouzadoux. La démarche permet d’expérimenter des actions plus courtes ou au long cours mais aussi d’accompagner de vrais changements sociétaux ».

Au-delà de la réalisation d’un guide de bonnes pratiques et d’un annuaire de producteurs, le projet s’oriente vite vers les cantines scolaires pour les approvisionner en produits locaux. À partir de janvier 2024, et durant six mois, 13 cantines ont expérimenté un repas 100 % local et de saison par semaine (1 350 repas). L’EPCI initie un groupe de cinq maraîchers travaillant ensemble le temps de l’opération afin de planifier la production et de fournir les cantines scolaires.
 

Le fonctionnement

L’expérimentation représente un investissement important et beaucoup de ressources : humaines et matérielles. Elle permet de tester la planification, la commande publique, la logistique, le prix, la facturation… «Les résultats ont été très positifs, se réjouit Véronique Pouzadoux. Malgré les peurs de départ, les cantiniers ont pris beaucoup de plaisir, d’autant que l’EPCI a assuré la gestion administrative. De même, les producteurs étaient contents avec un marché complémentaire pour leur production. Satisfaction également du côté des enfants qui ont pris goût à mieux manger. » À cela s’ajoute une baisse significative du gaspillage alimentaire.

Les différentes actions du PAT représentent un coût de fonctionnement de 100 000 € par an, qui devrait passer à près de 150 000 € avec la montée en puissance du projet. Celui-ci s’accompagne d’une série d’opérations de sensibilisation et d’éducation au bien manger (population, scolaires) tout au long de l’année.
 

Les résultats

L’expérimentation va se développer (16 restaurants scolaires) et passer à deux repas locaux par semaine. Par la suite, d’autres cantines et des Ehpad pourraient rejoindre l’aventure.

Pour passer à une autre échelle, une plateforme logistique sera opérationnelle en septembre afin de doper l’approvisionnement en produits locaux. «Cet investissement de 300 000 € montre bien notre engagement et la conviction d’un travail sur le temps long », souligne l’élue. Et de conclure : «nous espérons jusqu’à 80 % de cofinancements (DETR, département, région). Mais si c’est moins, l’opération se fera car elle est structurelle pour notre territoire ».
 

Ce que dit la loi
Créés par la loi du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt (articles L.1 et L.111-2-2 du Code rural), les projets alimentaires territoriaux (PAT) visent à fédérer les différents acteurs d’un territoire autour de l’alimentation, en favorisant la structuration de filières locales.
Le ministère de l’Agriculture en recense aujourd’hui 465, labellisés et formalisés par un contrat.

 

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Cet article a été publié dans l'édition :

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