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Maires de France
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novembre 2021
Sécurité - sécurité civile Transports, mobilité, voirie

Vaulx-en-Velin lutte contre les rodéos urbains

La commune (50 900 hab., Rhône) travaille avec la cellule anti-rodéo de Lyon et organise ses propres actions.

Sophie Le Gall
Illustration
© Laurent Cerino
L'opération « À Vaulx Cross » sensibilise les jeunes au respect du Code de la route.

À Vaulx-en-Velin comme à Lyon et dans de nombreuses villes de France, le phénomène des rodéos urbains pèse sur la tranquillité et la sécurité des habitants. «Fin juin 2020, un jeune enfant vaudais a été grièvement blessé par un motard. Si nous subissons ces désordres depuis plusieurs années, ils se sont accentués depuis les périodes de confinement liées à la crise sanitaire, entre le désœuvrement et les rues plus dégagées », rappelle la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy.

Ces deux dernières années, les interventions pour des faits de rodéos urbains ont augmenté de 15 % pour l’ensemble du territoire. La loi du 3 août 2018, qui fait du rodéo urbain un délit passible d’un an de prison ferme et de 15 000 euros d’amende (peine majorée s’il est commis en réunion ou pour les organisateurs), a donné une base légale aux forces de l’ordre et aux communes pour intervenir dans ce domaine. Et un projet de loi en cours de discussion durcit les mesures (lire ci-dessous).
 

Phénomène complexe

Lyon a ainsi initié, au printemps 2021, la mise en place d’une cellule anti-rodéo qui bénéficie aux communes environnantes, les contrevenants circulant sur un large territoire. Cette cellule prend la forme d’un groupe de coordination mettant en lien les municipalités, les centres de vidéosurveillance (CSU) ainsi que les polices nationale et municipale avec le préfet et le procureur. Les forces de police interpellent les auteurs au moment des faits, sauf en cas de risque de sur-accident, ou ils ouvrent une enquête en se basant sur les images de vidéosurveillance des CSU et aussi sur celles des réseaux sociaux, les pilotes aimant filmer et diffuser leurs actions. 

« Les rodéos urbains rassemblent des publics très différents », analyse la maire, «des trafiquants de drogue, qui s’élancent à moto entre deux livraisons, aux jeunes adolescents, encore non connus de la police. Le phénomène est ainsi complexe à appréhender et à maîtriser. Et, dans le cas des trafiquants de drogue, il demande de faire le lien avec des délits encore plus graves ». Pour lutter, à l’échelle de sa commune, contre les rodéos urbains, Hélène ­Geoffroy a développé la vidéosurveillance et a misé, en 2018, sur une brigade de police motorisée. «La brigade vise à la dispersion et se déplace selon les informations données par la vidéosurveillance. C’est une voie que les communes devraient développer davantage, du fait de son efficacité », estime-t-elle. 

En direction des plus jeunes auteurs de troubles, Vaulx-en-Velin a expérimenté l’été dernier, en partenariat avec des associations de quartier et la préfecture du Rhône, des séances de motocross gratuites ouvertes à des garçons et filles âgés de 14 à 18 ans avec l’objectif «de les éloigner des habitations, de leur apprendre à maîtriser la moto et le Code de la route ».

Sur une piste homologuée et située en zone rurale, les stagiaires ont pu se lancer des défis en étant encadrés par une association de sécurité routière et des professionnels affiliés à la Fédération française de motocyclisme. Leur apprentissage a même été diffusé sur les réseaux sociaux afin de rivaliser avec la communication autour des rodéos.

« Il faut absolument faire de la prévention auprès de ces adolescents qui agissent souvent par mimétisme. Nous ferons un bilan de l’opération “À Vaulx Cross” (budget de 40 000 euros), appelée à être à nouveau programmée, d’ici la fin de l’année. Mais d’ores et déjà, nous avons remarqué différents bénéfices, comme la possibilité pour l’adolescent de renouer avec un adulte, de se conformer à un cadre », poursuit l’élue.

Elle demande cependant une révision de la législation sur la vente de motos et, surtout, l’autorisation pour les forces de l’ordre d’utiliser des drones pour réprimer les rodéos, «un outil dont il est pour l’instant interdit de se servir et qui pourtant me semble indispensable pour augmenter le nombre d’interpellations ».  
 

Des mesures durcies
Le projet de loi «responsabilité pénale et sécurité intérieure », adopté le 19 octobre par les sénateurs, réprime plus durement les auteurs de rodéos urbains. Il double la peine encourue pour refus d’obtempérer, et durcit l’arsenal législatif en matière de saisie des véhicules incriminés. Le texte ­permet la confiscation systématique du véhicule qui a servi à commettre le délit, sauf s’il appartient à un autre propriétaire pouvant prouver sa bonne foi. Une expérimentation sur le recours aux drones pour réprimer ce délit, préconisée dans un rapport d’évaluation de la loi du 03/08/2018, pourrait être autorisée mais strictement encadrée. Une commission mixte paritaire devait se réunir mi-novembre.

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°395 - NOVEMBRE 2021
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