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Maires de France
Interco et territoires
07/03/2025 FEVRIER 2025 - n°431
Écoles, éducation, alimentation Intercommunalité Social

La Gironde crée une caisse pour mieux manger

Promouvoir une alimentation choisie, durable et accessible à tous : c'est l'objet d'une expérimentation qui concerne environ 200 foyers.

Par Caroline Megglé
Depuis avril 2024 et ce, pour un an, 400 personnes peuvent s'approvisionner en produits bios et locaux dans des commerces conventionnés.
© Charline Fournier
Depuis avril 2024 et ce, pour un an, 400 personnes peuvent s'approvisionner en produits bios et locaux dans des commerces conventionnés.
Chacun disposera-t-il un jour d’une «carte vitale du bien manger » permettant de s’approvisionner chaque mois auprès de producteurs et de distributeurs reconnus pour la qualité de leurs produits ? En Gironde, comme ailleurs en France, des citoyens expérimentent localement une sécurité sociale de l’alimentation (SSA) qui pourrait se généraliser (lire ci-dessous). «L’objectif de l’expérimentation est de regarder comment le droit à une alimentation saine pour tous peut s’exercer », explique Corinne Martinez, vice-­présidente du département de la Gironde qui porte le projet depuis plusieurs années avec la ville de Bordeaux et un collectif d’associations, devenu l’association Acclimat’Action (https://acclimataction.fr.

Le projet a démarré de façon opérationnelle en avril 2024 – et ce, pour une durée d’un an – à Bègles, Bordeaux (secteurs Nord et La Benauge), le Pays Foyen et le Sud-Gironde. Bénéficiant chacune à une centaine de personnes (400 personnes en tout, soit environ 200 foyers), quatre «caisses locales » ont été constituées par des habitants, sélectionnés à la fois sur la base du volontariat et dans le but d’assurer une certaine représentativité des revenus (avec une sur-représentation des foyers aux revenus modestes). «Ce sont les participants qui ont tout défini : les critères de conventionnement, les cotisations, le montant reçu », met en avant Amélie Cohen-Langlais, adjointe au maire de Bègles. une allocation de 150 euros par personne Sur la base d’une charte fixant des critères de qualité, de saisonnalité et de localité des produits, des producteurs et des lieux de distribution ont été «conventionnés ».

Chaque mois, les participants cotisent (un montant qu’ils ont eux-mêmes définis au démarrage, en fonction de leurs revenus et d’une grille de référence) sur la plateforme dédiée ou auprès de leur caisse locale. Ils reçoivent alors 150 crédits numériques «MonA » (1 MonA = 1 €) pour une personne seule (et 75 en plus par personne supplémentaire du foyer) qu’ils peuvent dépenser auprès des producteurs et commerçants conventionnés.

Après encaissement des Mona, le vendeur reçoit ensuite sur son compte le montant équivalent en euros. «Environ 40 lieux de distribution sont conventionnés, dont beaucoup de producteurs qui vendent en direct ou au marché, mais aussi des épiceries, des artisans boulangers, des bouchers, des fromagers », détaille ­Justine Bosredon, chargée de mission au département de la Gironde. Si le principe d’universalité est au cœur du projet de la SSA, l’expérimentation impliquant un nombre limité de personnes doit se contenter d’un volume modeste de cotisations, ces dernières représentant 25 % à 30 % des recettes contre une prévision initiale de 40 %.

Le projet (380 000 euros au total) repose donc sur une subvention, principalement du département (150 000 euros) et de la mairie de Bordeaux qui ont déjà fait savoir qu’ils ne prolongeraient pas au-delà d’un an, mais aussi de l’État (appel à projets «Mieux manger pour tous »), de fondations et de Bègles (10 000 euros). Quatre projets de recherche sont en cours pour analyser les divers impacts de l’expérimentation sur les changements d’habitudes alimentaires et sur la santé en particulier, mais aussi ses effets économiques. Pour les participants, «l’accès à des produits de saison et de qualité a transformé la façon de faire son choix et de cuisiner », explique Corinne Martinez. L’expérimentation garantit aussi un revenu à des agriculteurs et des commerces de proximité. «C’est quelque chose qui est maintenant inscrit dans le budget, notamment pour les personnes les plus précaires », observe Amélie Cohen-Langlais. Reste à savoir si l’expérimentation sera prolongée au printemps prochain.

 

Un collectif pour développer le projet
Montpellier (34), Bordeaux (33), Toulouse (31), Paris, Lyon (69), Clermont-Ferrand (63), Trièves (38), Dieulefit (26), des associations, des chercheurs forment le Collectif «Pour une sécurité sociale de l’alimentation » afin de promouvoir le dispositif et de mutualiser des outils. Déposée en octobre 2024 par le député d’Indre-et-Loire, Charles Fournier, une proposition de loi vise à donner davantage de moyens à l’expérimentation locale en vue d’instaurer une sécurité sociale de l’alimentation à l’échelle nationale. https://securite-sociale-alimentation.org

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Cet article a été publié dans l'édition :

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