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Maires de France


Pratique
27/10/2021
Environnement

Eau potable. Lutter contre les fuites

Près d'un milliard de mètres cubes d'eau fuitent chaque année dans les réseaux. Les collectivités optimisent leur surveillance.

Christophe Robert
Illustration
© AdobeStock
Avec plus de 875 000 km de réseau d’eau potable en France, l’Hexagone assure chaque année la desserte de quelque 26 millions d’abonnés, selon le dernier rapport de l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement (avril 2021). Par ailleurs, on évalue à près de 80 % le rendement moyen du réseau de distribution d’eau potable en France. Autrement dit, comme le souligne l’Observatoire français de la biodiversité (OFB), «pour 5 litres d’eau mis en distribution, 1 litre d’eau revient au milieu naturel sans passer par le consommateur ». Concrètement, les pertes par fuite représentent aujourd’hui près d’un milliard de mètres cubes par an. La question de la détection et la gestion des fuites sur nos réseaux constitue donc une préoccupation majeure. Et concerne aussi bien les communes, les EPCI et les syndicats exerçant cette gestion en régie que leurs délégataires.

Parmi les principales causes de fuites sur les réseaux publics, on recense la corrosion intérieure et extérieure des tuyaux, les problèmes de tassement et de déformation des terrains, l’usure des joints entre les canalisations ou encore la fragilité des points de piquage des branchements individuels sur les canalisations publiques. Difficile en ce domaine de ne pas évoquer la vétusté d’une bonne partie des réseaux. Car si 60 % du réseau global est aujourd’hui âgé de moins de 50 ans, plus d’un quart du réseau en service a été posé durant la décennie 1971-1980, et le reste avant. Majoritairement composés de fonte (41 %) ou de PVC, les tuyaux actuellement en service sont encore parfois réalisés en amiante-ciment ou en acier.

Des données qui masquent cependant d’importantes disparités sur le territoire national. à l’instar d’ailleurs des coûts moyens engendrés pour les opérations d’intervention et de remplacement. à titre d’exemple, selon l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, une opération de renouvellement ou de réparation revient, en moyenne, à un peu plus de 198 000 euros HT par projet. Sans grande surprise, le coût au mètre linéaire posé varie en fonction de la longueur de l’ouvrage : de 145 euros HT/ml pour moins de 750 mètres à 315 euros HT/ml pour moins de 250 mètres. De même, le coût au mètre linéaire des opérations s’avère près d’une fois et demie plus élevé en milieu urbain qu’en milieu rural.
 

Localiser les pertes d’eau

Une fois clairement établie, au regard des débits constatés, l’existence d’une fuite d’eau doit être précisément localisée. Cette localisation peut être établie selon différentes méthodes : acoustique (écoute électronique amplifiée directe du sol), par gaz traceur ou encore par pré-localisateurs.

La deuxième méthode – lorsque la simple méthode acoustique ne suffit pas – consiste à introduire dans le réseau un gaz constitué d’azote et d’hydrogène dont les résurgences seront ensuite localisées en surface à l’aide d’un détecteur spécifique. à signaler encore, la technologie de l’hydrophone mobile, qui permet de placer dans la canalisation un capteur émettant un signal pour localiser les fuites. Dans la même veine, certains délégataires utilisent depuis quelques années des drones, flottants ou volants, munis de capteurs pour réaliser l’inspection des réseaux d’assainissement par caméras.
 

Régime spécial pour les particuliers

À ces différents systèmes de détection viennent s’ajouter de nouveaux dispositifs de prévention, aujourd’hui devenus incontournables avec le développement de la télégestion et de la modélisation hydraulique.

Des logiciels (payants ou encore libres d’utilisation pour certains) permettent ainsi en pratique de visualiser en temps réel les caractéristiques d’un réseau en tout point : débits, vitesses d’écoulement, pression, etc. Une solution récemment mise en place par la régie Eau de Nevers agglomération (58). «Nous cherchons à être encore plus réactifs en nous appuyant sur une historisation et une analyse fine des données », expliquent Dominique Derangère, chef du service eau-assainissement, et Fabrice Paccamiccio, responsable de la régie. Selon eux, «en améliorant la mise en corrélation de la production et du réseau, nous pourrons gagner du temps. »

Si ces différents systèmes concernent en premier lieu les opérateurs en charge de la gestion de l’eau potable, il en va différemment des fuites chez les particuliers. L’occasion de rappeler que désormais, selon le Code général des collectivités territoriales (art. L.2224-12-4),« dès que le service d’eau potable constate une augmentation anormale du volume d’eau consommé par l’occupant d’un local d’habitation susceptible d’être causée par la fuite d’une canalisation, il en informe sans délai l’abonné ».

Par ailleurs, lorsqu’un abonné constate, au vu de la facture établie via son relevé de compteur, une consommation d’eau anormale imputable à une fuite de canalisation après son compteur, il est en droit de demander l’écrêtement de sa facture au fournisseur d’eau potable, à hauteur maximale du double de sa consommation habituelle. Dans cette hypothèse, il revient alors de faire réparer la fuite dans un délai d’un mois maximum et d’adresser au service concerné une attestation du réparateur mentionnant la date de réparation et la localisation de la fuite.

En savoir +
Eaufrance, le service public d’information sur l’eau, présente des documents pratiques pour mieux connaître la gestion du réseau d’eau potable. www.eaufrance.fr 

 

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Raccourci : mairesdefrance.com/976
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Cet article a été publié dans l'édition :

n°394 - OCTOBRE 2021
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