Le Pays de Thiérache (Aisne) lutte contre le gaspillage alimentaire

© PETR Pays de Thiérache

Les boulangers du Pays de Thiérache (02) testent le Crumbler, une machine qui broie le pain rassis invendu et permet d'utiliser la poudre obtenue pour fabriquer du pain, des viennoiseries.

Les collectivités peuvent s’engager dans la lutte contre ce gaspillage à travers les réseaux d’évitement du gaspillage alimentaire (Régal), qui ont pour objectif de mobiliser l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire.

Ces réseaux, qui rassemblent collectivités, associations et services de l’État, ainsi que l’Ademe, sont portés à l’échelle régionale ou territoriale, notamment dans le cadre des projets alimentaires territoriaux (PAT) dont l’un des objectifs concerne la lutte contre le gaspillage alimentaire.
 

Trois actions prioritaires

Le département de l’Aisne compte un Régal à l’échelle du Pays de Thiérache, un pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) regroupant quatre communautés de communes, 160 communes et 72 100 habitants. «Un territoire plutôt pauvre et vieillissant, mais dont la faible densité permet une grande proximité entre les acteurs », explique Alexia Barroche, cheffe de projet alimentation.

Le Régal a été développé dans le cadre du PAT, lancé en 2018. «Depuis 2025, nous nous consacrons entièrement sur le Régal », précise la cheffe de projet. Son financement (environ 70 000 € par an), qui a été pris en charge à 55 % via le FNADT (Fonds national d’aménagement et de développement du territoire), sera prochainement financé par le programme européen LEADER (Liaison entre Actions de Développement de l’Économie Rurale).

Le dispositif s’articule autour de trois actions : accompagnement de la restauration collective (établissements scolaires et médico-sociaux) avec la réalisation de «diagnostics alimentaires » et la mise en place de mesures de lutte contre le gaspillage ; sensibilisation du grand public à travers des opérations comme le défi «Famille zéro déchet, zéro gaspillage » ; actions aux côtés des entreprises et du secteur de la distribution (mise en place d’un frigo solidaire, facilitation du glanage solidaire auprès des agriculteurs…).

« Actuellement, nous expérimentons avec des boulangeries une machine appelée le “crumbler”, qui permet de recycler le pain invendu en nouvelle marchandise », détaille Alexia Barroche. Selon elle, la lutte contre le gaspillage se gagne «de petits gestes en petits gestes – tout simplement, savoir ranger son frigo pour ne pas oublier des articles –, et sur du temps long. » Bernadette Hédiart, vice-présidente du Pays de Thiérache chargée de la lutte contre le gaspillage alimentaire, partage cet avis : «nous sommes sur des changements d’habitudes et, pour certains foyers, un changement total de style de vie, en essayant de lier lutte contre le gaspillage et accès à une alimentation de qualité ».

Après plusieurs années d’activité, les acteurs du Régal aimeraient toucher les foyers les plus en difficulté : «on retrouve, dans le cadre de nos animations, les foyers les plus informés », déplore Bernadette Hédiart. «Nous avons remarqué qu’il y avait beaucoup de gaspillage lors des distributions alimentaires, relève Alexia Barroche. Pour sensibiliser ce public, nous nous appuyons sur les travailleurs sociaux qui ont développé une relation de confiance avec ce public. »

Le PETR n’ayant pas réalisé de diagnostic chiffré avant de se lancer dans le Régal, les acteurs s’en tiennent, pour évaluer son impact, aux résultats des pesées dans les établissements scolaires «qui montrent une vraie réduction des déchets permettant aux établissements de faire des économies et d’acheter des produits locaux », se félicite la cheffe de projet.
 

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