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26/06/2025 JUIN 2025 - n°435
Emploi Jeunesse Social

Le Port emploie des jeunes en service civique solidarité seniors

Avec 4 volontaires recrutés par an, la commune réunionnaise (33 000 habitants) lutte contre l'isolement des aînés, pour le maintien du lien intergénérationnel et l'insertion des jeunes.

Par Caroline Megglé
Que ce soit pour les aider à domicile ou bien partager un événement joyeux (ici, l'anniversaire d'une centenaire), les jeunes en service civique savent s'adapter à chaque situation.
© Ville de Le Port
Que ce soit pour les aider à domicile ou bien partager un événement joyeux (ici, l'anniversaire d'une centenaire), les jeunes en service civique savent s'adapter à chaque situation.
Historiquement jeune, la ville du Port, à La Réunion, connaît un vieillissement de sa population qui conduit la commune, ces dernières années, à intensifier son action en faveur des personnes âgées. La pauvreté, très présente, touche tous les âges, avec des jeunes qui peinent à s’insérer et des seniors qui se retrouvent parfois isolés.

« Au cinquième étage d’un HLM, beaucoup expliquent qu’ils ont du mal à sortir de chez eux et se sentent enfermés », explique le maire, Olivier Hoarau. En 2022, la ville s’est saisie d’une « opportunité » qui lui permet « d’intervenir à la fois en faveur des jeunes et des personnes âgées » : le service civique solidarité seniors (SC2S). 

Depuis, avec l’appui de l’Association nationale pour le déploiement du SC2S (AND-SC2S), le centre communal d’action sociale (CCAS) lance chaque année un appel à candidatures pour accueillir quatre jeunes désireux d’agir au service de leurs aînés. Intégrés en binôme dans l’équipe de la maison des seniors du CCAS, ils participent à l’animation d’activités collectives – sorties, yoga, jeux… – et se rendent au domicile de personnes âgées qui rencontrent des difficultés à se déplacer.

Les jeunes en service civique leur portent un repas, passent un moment auprès d’elles pour échanger, partager une activité, les aider à sortir prendre l’air, marcher un peu, en s’adaptant à chaque situation et sous le contrôle des professionnels du CCAS et de l’AND-SC2S, qui assurent une sorte de double tutorat. « Les jeunes ne sont pas lâchés dans la nature.

L’appui de l’association est un gage de sécurité pour les équipes et il y a entre nous une véritable coopération pour que tout se passe le mieux possible », souligne Bruno ­Hoarau, directeur du CCAS du Port. 
 

Expérience professionnelle

Le bénéfice principal pour les seniors, « c’est le contact humain », affirme le maire du Port. Parce qu’il contribue au « maintien du lien intergénérationnel », ce dispositif est « complémentaire et même nécessaire pour aller plus loin dans le bien vieillir », estime-t-il. Cerise sur le gâteau : l’investissement financier pour la commune est jugé faible au regard de « ce que nous apportons à ces personnes âgées ».

Le coût total pour la commune est estimé à 1 800 euros pour chaque jeune accueilli pendant huit mois – c’est la durée qui a été choisie par la commune, une mission de SC2S durant de six à douze mois. L’État prend en charge l’indemnité mensuelle et la couverture sociale des volontaires, l’AND-SC2S finance notamment une formation de six jours (lire ci-dessous).    

Selon le directeur du CCAS, les jeunes engagés, souvent des jeunes femmes, sont « en transition », pour beaucoup « sortis du système scolaire » et en quête de leur voie… qui sera ou pas dans le domaine de l’aide à la personne, de l’action sociale. « C’est surtout une première expérience professionnelle », met en avant le maire, qui souligne le fait que ces jeunes acquièrent un savoir-être et des compétences liées à la conception et à la mise en œuvre de projets sociaux.

C’est parfois difficile pour le jeune de « vaincre sa timidité », de « prendre des initiatives » et de persévérer. D’où la nécessité de recruter les plus motivés et de bien accompagner les jeunes volontaires lors de leur mission, indique Bruno Hoarau. L’enjeu pour ce dernier est de « profiter de ce temps-là pour les mettre à l’aise, les familiariser avec le monde du travail ».

Et, de son point de vue, « la plus-value du service civique, c’est l’engagement citoyen » : « nous disons aux jeunes : “vous vous impliquez pour les habitants de votre territoire et, quel que soit votre métier futur, cela va vous accompagner tout au long de votre carrière” ». 
 

150 experts en appui des communes 
Depuis 2021, 20 000 jeunes de 16 à 25 ans (jusqu’à 30 ans pour ceux en situation de handicap) ont réalisé un service civique solidarité senior (SC2S) auprès de 350 000 personnes. Soutenus financièrement par l’Agirc-Arrco, 150 professionnels accompagnent les structures d’accueil. «Ils peuvent recruter les jeunes et organiser la formation. Ils peuvent même assumer le portage juridique si besoin ou aider la structure à obtenir l’agrément », explique Marie Trellu-Kane, présidente de l’Association nationale pour le déploiement du SC2S (www.sc-solidariteseniors.fr) et fondatrice d’Unis-Cité, association spécialisée dans le déploiement du service civique (www.uniscite.fr). 

 

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