Prévenir la prise illégale d'intérêts
Le délit a été redéfini par le législateur, qui a également encadré le risque pénal s'agissant des élus représentant leur collectivité ou leur groupement au sein d'organismes extérieurs.
La loi du 22 décembre 2021 pour la confiance dans l’institution judiciaire a redéfini le délit. La loi « 3DS » du 21 février 2022 a précisé les mesures de prévention de ce risque.
1. Une nouvelle définition du délit
La loi n° 2021-1729 du 22 décembre 2021 (art. 15) évite dorénavant à un élu d’être condamné pour un « intérêt quelconque ». Selon la nouvelle écriture de l’article 432-12 du Code pénal, la prise illégale d’intérêt doit désormais être caractérisée par « le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public ou par une personne investie d’un mandat électif public, de prendre, recevoir ou conserver, directement ou indirectement, un intérêt de nature à compromettre son impartialité, son indépendance ou son objectivité dans une entreprise ou dans une opération dont elle a, au moment de l’acte, en tout ou partie, la charge d’assurer la surveillance, l’administration, la liquidation ou le paiement ». Ce délit est passible de 5 ans d’emprisonnement et d’une amende de 500 000 €.
2. Représentation au sein d’organismes extérieurs
La loi n° 2022-217 du 21 février 2022 relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale (dite « 3DS ») précise, dans son article 217, les règles applicables aux élus locaux qui représentent leur collectivité ou leur groupement au sein d’organismes extérieurs, en application de la loi (personne morale de droit public ou privé : le CCAS par exemple). Ces élus ne sont plus considérés, du seul fait de cette désignation, en application de la loi, comme ayant un intérêt « lorsque la collectivité ou le groupement délibère sur une affaire intéressant la personne morale concernée ou lorsque l’organe décisionnel de la personne morale concernée se prononce sur une affaire intéressant la collectivité territoriale ou le groupement représenté » (art. L. 1111-6 I du CGCT).
Ils peuvent participer aux débats du conseil portant sur les relations avec l’organisme extérieur où ils siègent, sans être considérés, de ce seul fait, comme étant intéressés à l’affaire ou se trouvant en situation de conflit d’intérêts ou de prise illégale d’intérêts. Le juge pénal devra donc apprécier, in concreto, l’influence que l’élu a pu avoir sur la décision.
Ces dispositions concernent aussi les élus locaux agissant comme mandataires des collectivités ou de leurs groupements au sein du conseil d’administration ou de surveillance des SEM locales et des SPL, et exerçant les fonctions de membres ou de présidents de conseil d’administration, de président-directeur général ou de membre ou de président du conseil de surveillance, lorsque la collectivité ou le groupement délibère sur ses relations avec la SEM locale.
Attention : cette limitation du risque pénal ne concerne pas les élus siégeant dans des associations loi 1901 en tant que représentants de la collectivité, ou au conseil d’administration d’une entreprise privée dont la collectivité est actionnaire, par exemple.
3. Les précautions à prendre
Les élus représentant leur collectivité ou leur groupement au sein d’organismes extérieurs doivent impérativement se déporter afin de ne pas participer aux délibérations attribuant un contrat de la commande publique à la personne morale de droit public ou privé concernée, ou une aide (garantie d’emprunt, subvention, bonification d’intérêts…). Ils ne peuvent pas participer aux commissions d’appel d’offres ou à la commission de délégation de service public lorsque la personne morale concernée est candidate. Ils ne doivent pas non plus participer aux délibérations portant sur leur désignation ou leur rémunération au sein de l’organisme extérieur.
Lire aussi notre article:
Cet article a été publié dans l'édition :
- Le maire et le sentier
- Télétravail : l'accord-cadre publié
- Les quartiers populaires ne veulent pas être les oubliés du prochain quinquennat
- Faut-il créer un service public de la petite enfance ?
- Bruxelles veut mieux protéger les indications géographiques
- Ruralité : Leader, un instrument pertinent
- Politique de cohésion : retard à l'allumage
- Accueil des Ukrainiens : financement des projets
- Pollution urbaine : doit mieux faire
- Europe : rendez-vous ruraux
- Observer les forêts pour mieux les protéger
- AMF 69 - Printemps des cimetières
- Andam - Congrès 2022
- AD 41 - Congrès
- AD 51 - Salon régional
- AD 69 - Congrès 2022
- Urbanisme. Le ZAN est un casse-tête pour les élus locaux
- Puy-de-Dôme. Un fleuron industriel revit
- Loi " 3DS ". Les dispositions en matière d'urbanisme
- « Quelles sont les modalités de mise en commun des agents de police municipale entre communes ? »
- L'intercommunalité en 2022 : le nombre d'EPCI stabilisé
- Loi 3DS : tout savoir sur le volet intercommunal
- Compensation de taxe d'habitation : l'État doit revoir sa copie
- ADGCF, Intercommunalités de France, AMF : les événements à retenir
- France Services. Des structures utiles à conforter
- Friches. Comment s'approprier ces gisements fonciers
- Se séparer à l'amiable d'un agent titulaire de la fonction publique
- Précarité menstruelle. Saint-Georges-de-Commiers brise les tabous
- Il héberge les victimes de violences conjugales
- Aveyron : tous soudés pour sauver une fonderie
- Maîtriser les dépenses d'énergie
- Référent handicap : une mise en place obligatoire
- La dématérialisation de la publicité des actes des collectivités
- Travailler avec... le réseau de l'AFPA
- Favoriser la pratique du vélo
- Patrimoine : un outil d'aide à la restauration
- Travaux à proximité des réseaux : limiter les risques
- Savoir rouler à vélo : tout un programme !
- Portez le Bleuet de France !
- Précarité à l'école : lever les freins
- Meublés de tourisme : y voir plus clair
- Le maire et les animaux
- Textes officiels - Réforme du régime de responsabilité financière des comptables publics
- Textes officiels - Généralisation de la médiation préalable obligatoire
- Textes officiels - Six mois pour demander le transfert d'une route nationale
- Textes officiels - Expérimentation sur la «réservation de repas » dans les cantines scolaires
- L'AMF vous répond - Comment les maires peuvent-ils bénéficier du dispositif " Maire Alerte " ?
- L'AMF vous répond - CDD : une collectivité peut-elle verser une indemnité de fin de contrat ?
- L'AMF vous répond - Comment la dotation élu local est-elle attribuée ?
- Trait de côte : l'ordonnance est parue
- Commande publique : adaptation des règles
- Hôtel de tourisme : nouveau classement
- Les terrasses chauffées désormais interdites
- La publicité des actes des communes de plus de 3 500 habitants sont à dématérialiser
- Machine à voter : règlementation
- Maires-procureurs : une relation à développer
- Prévenir la prise illégale d'intérêts
Maires de France est le magazine de référence des maires et élus locaux. Chaque mois, il vous permet de décrypter l'actualité, de partager vos solutions de gestion et vous accompagne dans l'exercice de votre mandat. Son site Internet, mairesdefrance.com, vous permet d’accéder à toute l'information dont vous avez besoin, où vous voulez, quand vous voulez et sur le support de votre choix (ordinateur, tablette, smartphone, ...).