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Maires de France
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21/03/2022
AMF Décentralisation Élections

Présidentielle 2022 : ce que les candidats proposent pour les collectivités et la décentralisation

Dix candidats sur douze sont venus exposer leur projet pour les collectivités, le 15 mars, dans le cadre de la Rencontre des libertés locales organisée à Montrouge (92) par Territoires Unis. Ils ont unanimement défendu la commune dont ils veulent conforter les responsabilités et les moyens.

Xavier Brivet, avec les rédactions de Maires de France et Maire-info
Illustration
© Victoria Viennet
Nous avons vécu un grand moment de démocratie, sans doute le plus puissant débat depuis le début de la campagne », s’est félicité le président de l’AMF, David Lisnard, le 15 mars, au terme de la Rencontre des libertés locales organisée à Montrouge (92) par Territoires Unis (AMF, Assemblée des départements de France et Régions de France). Certes, deux candidats sur les douze prétendants à l’Élysée s’étaient désistés (Emmanuel Macron et Éric Zemmour) à quelques semaines du scrutin présidentiel. L’absence du chef de l’État, en particulier, a choqué : André Laignel, premier vice-président délégué de l’AMF, a rappelé la façon dont Emmanuel Macron avait appelé les maires à la rescousse lors de la crise des Gilets jaunes, et a jugé «curieux et offensant que celui qui s’était alors tourné vers nous ne soit pas là aujourd’hui ». 

Mais les dix intervenants présents – dont certains ont loué la volonté de pluralisme de l’AMF – ont pu exposer leur vision de la décentralisation et leur projet pour les collectivités locales, en présence de plus de 500 élus venus de toute la France, au cours d’une journée retransmise en direct par LCP et Public Sénat. Les candidats «se sont prêtés à l’exercice d’une audition au format original et identique pour tous, avec un temps de parole égal, dans le respect du principe d’impartialité », a souligné David Lisnard. Après une intervention liminaire de dix minutes pour chacun d’entre eux, des élus représentatifs de la diversité géographique et politique (un maire, un élu départemental et un élu régional) ont pu les interpeller sur leurs propositions relatives aux collectivités territoriales.
 

Les élus locaux veulent une nouvelle étape de la décentralisation

Décentralisation, réforme de l’État, services publics, aménagement du territoire, transition écologique, santé, finances locales..., de nombreuses thématiques ont été abordées par les candidats qui ne partagent évidemment pas tous les mêmes idées en la matière. Territoires Unis avait préalablement posé des jalons en leur adressant, le 2 mars, sa « déclaration » pour «une République de la confiance ». Les trois présidents des associations de Territoires unis ont enfoncé le clou en ouverture de la rencontre. Ils ont pris la parole tour à tour pour dire, chacun à leur façon, leurs craintes et leurs attentes à la veille d’une nouvelle mandature. 
 
« Nous voulons une nouvelle étape de la décentralisation. Il ne s’agit pas d’une réforme technique, c’est une vision, un projet politique pour la France à rebours du mouvement de recentralisation auquel nous avons assisté ces dernières années », a notamment revendiqué David Lisnard au nom de l’AMF qui, la veille de l’audition des candidats, avait publié sa « contribution ». Dans ce document, intitulé «Libertés et responsabilités locales, faire le choix de l’action et de la confiance », l’Association constate un «recul » de la décentralisation et une «atteinte à l’autonomie financière et fiscale des collectivités ». Elle demande au futur chef de l’État de «donner un nouveau souffle à la décentralisation à travers une grande loi des libertés locales ». Devant les élus réunis à Montrouge, André Laignel a estimé que ce texte « devra privilégier l’intelligence des territoires, la responsabilité, la subsidiarité, l’autonomie financière et, un mot qui semble avoir disparu du dictionnaire de l’État, la confiance ». 
 

Candidats : défense unanime de la commune

Le décor ainsi planté, les candidats se sont succédé à la tribune, certains affichant un projet structuré en matière de décentralisation, d’autres davantage des considérations, selon leur expérience, leur maîtrise des sujets et l’importance qu’ils accordent aux collectivités. En dépit des propos relativement hétérogènes, que retenir de leurs interventions ? Tout d’abord, une défense quasi unanime de la commune et du maire, souvent au détriment des intercommunalités, jugées trop vastes, mais aussi des autres niveaux de collectivités. «Les communes sont méprisées, asphyxiées financièrement, par les préfets, dans les grandes intercommunalités formées aux forceps… », a jugé Fabien Roussel (PCF), qui a promis de «démétropoliser la France » qui concentre, selon lui, «trop de pouvoirs » – un constat partagé par Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste). «À la place de la théorie du ruissellement qui ne donne qu’aux gros et rien aux petits, je propose la théorie du “Roussellement” qui consiste à redonner les moyens aux petits et aux petites communes. Cela profitera à tout le monde », a-t-il indiqué. 

Jean Lassalle (Résistons !) a rendu un vibrant hommage aux maires avant de s’emporter contre certaines réformes territoriales : «tout est devenu loin aujourd’hui ! Les grandes régions sont inutiles, l’immensité technocratique ne peut changer quoi que ce soit », a-t-il déploré. «Je supprimerai les lois Maptam et NOTRe si je suis élu », a-t-il affirmé afin de «retrouver une intercommunalité à taille humaine ». Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) veut aussi abroger la loi NOTRe et «redonner du pouvoir aux maires, renforcer leur statut, leur donner de la liberté, supprimer les normes, et arrêter de les embêter au jour le jour dans tous les domaines ». Marine Le Pen (Rassemblement national) s’est présentée comme «la candidate du modèle localiste ». Elle a promis aux maires que «la clause de compétence générale sera réservée aux communes ». Au nom du principe de subsidiarité, Marine Le Pen veut que «l’eau et la sécurité restent à la commune ». De même, «les compétences d’urbanisme doivent être restituées aux maires ». Et «la commune ne doit pas déléguer à l’intercommunalité des compétences qu’elle exerce mieux qu’elle. La liberté doit être la règle », a-t-elle estimé. 

Anne Hidalgo (Parti socialiste) a affirmé qu’« un maire doit pouvoir être élu sur un projet et doit pouvoir le défendre ». Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) a insisté sur sa volonté de voir les choses organisées «d’en bas» au niveau des communes. Valérie Pécresse (Les Républicains) veut laisser les communes «définir elles-mêmes les compétences qu’elles veulent partager au sein des intercommunalités » et redonner aux maires la capacité d’adapter l’application des lois (notamment la loi SRU et le zéro artificialisation nette). Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) estime que la commune «est la réalité démocratique fondamentale de la Nation française » qu’il convient de préserver.
 

Avis divergents sur l’organisation territoriale

Comme Jean Lassalle, le leader de La France insoumise a fustigé, à l’opposé, les «grandes régions » qu’il juge «peu performantes », à l’instar de Nicolas Dupont-Aignan qui prône leur suppression, tandis que Fabien Roussel veut le «retour à des régions à taille humaine ».  Logiquement, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, a défendu cet échelon qu’elle entend doter d’un pouvoir réglementaire et de compétences renforcées, notamment en matière d’environnement, de mobilités et d’emploi. Anne Hidalgo estime aussi nécessaire de renforcer leur rôle en matière de formation, d’apprentissage et d’orientation des jeunes. Marine Le Pen n’a pas exclu de «supprimer un échelon du mille-feuille institutionnel » évoquant une «évolution du couple département-région » avec un «rapprochement via le conseiller territorial, ce qui supprimerait un scrutin ». 

Aucun candidat n’a en revanche remis en cause l’échelon départemental : Jean-Luc Mélenchon voit dans le département «l’organisateur des grands services publics » et Valérie Pécresse veut leur transférer de nouvelles compétences : «la totalité de la politique médico-sociale », la médecine scolaire, les services des caisses d’allocations familiales liés aux versements du RSA. «Heureusement que les départements sont là pour le social, le grand âge et la jeunesse », a souligné Anne Hidalgo.
 

Décentralisation : pas de «big bang »

Quarante après les premières lois de décentralisation, peu de candidats souhaitent engager un nouvel acte en la matière pourtant réclamé par Territoires Unis. Marine Le Pen a exclu «une énième loi de réforme des collectivités » mais affiché sa volonté de «créer un gouvernement d’union nationale qui associera les élus» pour «redresser le pays ». Pour Yannick Jadot, «un des enjeux du prochain quinquennat sera de repenser la décentralisation avec de véritables compétences et avec une autonomie qui ne soit pas une forme de déconcentration sous contrainte ou sous surveillance ». Fabien Roussel a promis «une vraie loi de décentralisation » et a proposé de «redonner la clause de compétence générale à toutes les collectivités territoriales (départements et régions) ». À l’inverse, Marine Le Pen veut réserver cette clause aux communes tandis que «les compétences des autres niveaux de collectivités seront limitativement énumérées par la loi ». Objectif de la députée du Pas-de-Calais : «mettre fin aux compétences partagées et aux financements croisés». 

Valérie Pécresse a dit vouloir porter «un projet de décentralisation le plus puissant de l’histoire de notre pays » à travers «un pacte de liberté et de confiance » entre l’État et les collectivités. Elle a assuré que son projet de «République des territoires » serait «l’une des priorités » du début de son quinquennat. Elle souhaite aussi lancer un «choc de simplification » administrative (à l’instar de Nicolas Dupont-Aignan), inscrire le droit à la différenciation dans la Constitution et que les collectivités puissent «adapter les règlements nationaux » aux réalités locales. 
 

Finances locales : préserver l’autonomie des collectivités

Au chapitre financier, la plupart des candidats ont déploré la baisse des moyens des collectivités, ces dernières années, et leur perte d’autonomie. Fabien Roussel a promis de «rendre en 15 ans les 15 milliards d’euros pris sous le quinquennat Hollande », avec une DGF «indexée sur l’inflation » et «adaptée à chaque collectivité ». Il mettra en place «un pacte financier » pour que les élus aient une certaine «lisibilité » sur toute la durée du quinquennat, et prône «une fiscalité plus redistributive » en rendant aux collectivités les «moyens de prélever les impôts ».

Marine le Pen propose d’instaurer «un partage de fiscalité entre l’État et les collectivités » et s’engage à compenser «à l’euro près » les transferts de charges aux collectivités. Anne Hidalgo a milité pour «l’autonomie fiscale des collectivités ». Valérie Pécresse a souligné que l’autonomie financière des collectivités devait «être garantie par la Constitution » et assuré qu’elle ne mettra pas en place de nouveaux contrats encadrant la dépense publique. En revanche, elle n’a pas mentionné devant les élus son projet de supprimer les impôts de production qui poserait sans doute la question de la compensation des pertes de recettes pour les collectivités. Nicolas Dupont-Aignan veut consolider les ressources des maires en renforçant la dotation d’équipement des territoires ruraux, en rétablissant la réserve parlementaire, mais aussi en créant un «fonds de sauvegarde du patrimoine rural » pour les petites communes et un «fonds d’investissement et de relocalisation ».
 

Relancer l’aménagement du territoire et préserver les services publics

L’aménagement du territoire et la préservation des services publics (notamment dans le domaine de la santé) ont été largement abordés par les candidats. Jugeant que «nous avons perdu toute vision nationale de l’aménagement du territoire », Yannick Jadot a fait une proposition iconoclaste : pour «bâtir un projet collectif des équilibres territoriaux » et mettre en place «les grandes transformations » (transition énergétique, transition agroalimentaire...), le candidat écologiste propose, tout en conservant les préfets, de créer des «commissaires de la République à la reconstruction » qui seraient «rattachés à un grand ministère des Territoires » et mettrait «les moyens de l’État au service des collectivités » et de leurs projets. Pour «reconstruire une politique territoriale », Jean Lassalle a promis de prélever «3 milliards d’euros par an sur la contribution de la France au budget européen. Cette somme ira aux communes ». 

Marine Le Pen souhaite appliquer «une politique de rééquilibrage des territoires ». Elle veut que l’État «redevienne l’aménageur du territoire ». Pour garantir un développement local équilibré, la réindustrialisation du territoire et la création d’infrastructures, elle propose de «recréer des incitations fiscales comme la prime à l’aménagement du territoire » et la mise en place d’un «fonds souverain qui mobilisera l’épargne des Français pour investir » dans la création d’infrastructures. Elle souhaite que l’État garantisse «un socle minimal de services publics partout en France ». Anne Hidalgo veut instaurer un «plan de réimplantation des services publics », un moratoire sur la fermeture des écoles en milieu rural et utiliser le plan de relance pour investir dans le développement des transports et le numérique.

Valérie Pécresse projette d’« aménager le territoire en milieu rural » et promet qu’« un euro dépensé pour la politique de la ville sera aussi un euro dépensé pour la ruralité ». Fabien Roussel prévoit «des services publics dans chaque commune » via un plan pluriannuel négocié par l’État avec les collectivités «pour faire vivre le service public dans les villes mais aussi dans les villages ». Philippe Poutou veut la création «d’un million de postes » dans les services publics. 
 

Les autres propositions en bref
Au gré de leur exposé, les candidats ont formulé des propositions sur certaines thématiques. Sur l’alimentation, Fabien Roussel compte créer «un fonds de 10 Mds€ pour aménager les cantines scolaires afin de produire dans les écoles la nourriture consommée » et lancer des filières d’approvisionnement local. «Toute la restauration scolaire doit manger français », a affirmé Marine Le Pen, en estimant que «garantir la sécurité alimentaire des Français doit être un enjeu collectif pour l’État et les collectivités ». Yannick Jadot ambitionne un retour à l’indépendance agricole et alimentaire de la France.
Dans le champ sécuritaire, Valérie Pécresse a promis que «lorsqu’un élu sera agressé, il y aura une condamnation à un an minimum de prison ferme ». Elle veut faire de la police municipale «la troisième force de sécurité du pays ». Parmi ses priorités d’action, Marine Le Pen a mentionné l’élaboration d’un statut de l’élu. Anne Hidalgo a mentionné «un plan massif pour l’achat de véhicules électriques et pour l’implantation des bornes de recharge ». Jean-Luc Mélenchon a annoncé «un plan de 200 Mds€ d’investissements écologiques ».
En clôture de la journée, le président de l’AMF a estimé que «forme et fond étaient là. Nous pesons sur le débat. Nous avons maintenant un devoir de veiller à ce que les engagements pris soient respectés. Notre travail commencera au lendemain des scrutins nationaux pour que la France soit forte de son territoire uni, de ses localités, de l’intelligence du local. » 

 

David Lisnard, président de l’AMF
« Une grande loi sur les libertés locales »
« Nous voulons une nouvelle étape de la décentralisation. Il ne s’agit pas d’une réforme technique, c’est une vision, un projet politique pour la France à rebours du mouvement de recentralisation auquel nous avons assisté ces dernières années. Il est urgent de redonner de la liberté aux collectivités car les défis (...) sont nombreux : accueillir et intégrer les réfugiés ukrainiens, lutter contre l’inflation, apporter des réponses à la crise sociale, réduire le réchauffement climatique. Il faut simplifier l’action publique, rompre avec la perte d’autonomie fiscale et financière des collectivités, avec la perte du droit de décision des maires. L’adoption d’une grande loi des libertés locales est nécessaire. Les relations entre l’État et les collectivités doivent reposer sur la confiance, la responsabilité et la subsidiarité. »

 

Carole Delga, présidente de Régions de France
« L’État doit s’appuyer sur nous »
« La République, pour être solide, doit avoir des fondations solides : ce sont les territoires, qui doivent être reconnus ! Les élus ne doivent pas être de petits soldats [de l’État]. Nous avons une maturité politique. L’État doit s’appuyer sur nous car la décentralisation permet d’apporter des réponses rapides aux nombreuses attentes des citoyens. Il faut privilégier la subsidiarité ascendante, c’est-à-dire partir du bas de la structure vers le haut. Les collectivités doivent avoir un pouvoir d’adaptation des lois et règlements aux spécificités de leur territoire, et bénéficier d’un droit à la différenciation. Régions de France propose au prochain chef de l’État d’organiser des États généraux des libertés locales en début de mandat car il faut agir vite. Prenons garde à l’abstention et au renoncement des Français. »

 

François Sauvadet, président
de l’Assemblée des départements
de France

« Nous voulons de la confiance ! »
« Les élus ont démontré qu’ils sont le ciment de la République pendant les dernières crises des Gilets jaunes et du Covid. L’État doit donc nous laisser agir en proximité ! Nous voulons de la liberté et non des contraintes, des moyens et pas l’asphyxie financière que l’on nous impose ! L’État doit cesser les injonctions contradictoires : nous demander d’investir et, dans le même temps, vouloir plafonner la dépense locale. On ne gagnera pas la bataille face à tous les défis qui sont devant nous sans retrouver le chemin de la confiance. L’État ne peut pas tout faire tout seul. Nous voulons coproduire l’action publique avec lui. Il y a urgence car la situation sociale est explosive. Et nous sommes responsables devant le peuple du mandat qu’il nous a confié. Il nous faut donc répondre aux attentes des Français ».

 

 Elles et Ils ont dit

Fabien Roussel (Parti communiste français)
« Nous ferons une vraie loi de décentralisation »
« La démocratie ne peut se faire sans les communes, qui en sont les chevilles ouvrières. Les communes sont méprisées, asphyxiées financièrement. Nous voulons leur redonner toute leur place en leur accordant l’autonomie fiscale et financière, en réformant profondément les lois Maptam et NOTRe. Nous ferons une vraie loi de décentralisation. Je propose de redonner la clause de compétence générale à toutes les collectivités territoriales. Nous l’inscrirons dans la Constitution. Nous ferons revenir les services publics dans chaque commune : trésoreries municipales, Sécurité sociale, caisses d’allocations familiales, bureaux de poste… Sur la DGF, je fais la proposition de rendre en quinze ans les 15 MdsE pris sous le quinquennat Hollande, avec une DGF indexée sur l’inflation, adaptée à chaque collectivité. »

 

Jean Lassalle (Résistons !)
« Je supprimerai les lois Maptam et NOTRe »
« Tout est devenu loin aujourd’hui ! Les grandes régions sont inutiles, l’immensité technocratique ne peut changer quoi que ce soit. Si je suis élu, je supprimerai les lois Maptam et NOTRe. Il faut prendre les décisions au plus près du terrain et des citoyens. Le maire et son conseil municipal doivent pouvoir s’organiser comme ils l’entendent. Je veux reconstruire un État fort qui sera en capacité de répondre à vos questions et aux enjeux que vous devez relever. Pour reconstruire une politique territoriale, je prélèverai 3 milliards d’euros par an sur la contribution de la France au budget européen. Cette somme ira aux communes. Il faut reconstruire un lien charnel entre l’homme et le territoire, qui repose sur les maires. Ils doivent retrouver leur capacité à agir. Vive les maires de France ! »

 

Marine Le Pen
(Rassemblement national)

« Un gouvernement d’union nationale qui associera les élus »
« Je créerai un gouvernement d’union nationale qui associera les élus. Je ne ferai pas voter une énième loi de réforme des collectivités. Mais il faudra revenir à deux grands principes : la spécialité et la subsidiarité. Je veux aussi démétropoliser le pays. La clause de compétence générale serait réservée aux communes. Les compétences des autres niveaux de collectivités seraient limitativement énumérées par la loi. Il faut mettre fin aux compétences partagées et aux financements croisés. L’eau et la sécurité restent à la commune [et] les compétences d’urbanisme doivent être restituées aux maires. Je propose un ­partage de la fiscalité entre l’État et les collectivités. L’État ­compensera à l’euro près les transferts de charges aux collectivités. Je veux que l’État redevienne l’aménageur du territoire [et] garantisse un socle minimal de services publics partout en France. »

 

Philippe Pouton (Nouveau Parti anticapitaliste)
« Pour une véritable démocratie à l’échelle locale »
« Nous sommes dans un monde très peu démocratique et, malheureusement, les structures territoriales et locales le sont peu aussi. Il y a une déconnexion entre le pouvoir et la réalité de la population. Le plus important est de mettre en place des services publics qui répondent aux besoins des populations les plus fragiles pour rééquilibrer la société et donner accès aux fondamentaux comme la santé, le transport, le logement, l’alimentation… Le pouvoir doit aussi revenir à la population pour une véritable démocratie à l’échelle locale en mettant en place des structures de démocratie directe. Il faudrait davantage faire confiance à la population et aux habitants et leur permettre d’échanger sur la vie municipale, sur la vie de quartier. »

 

Anne Hidalgo (Parti socialiste)
« Pour une République décentralisée »
« La place des élus locaux est déterminante. Notre pays n’aurait pas tenu lors des dernières crises s’il n’y avait pas eu les fantassins de la République. Nous sortons de cinq ans de centralisation tellement excessive que notre pays est entravé. Mon projet s’appuie sur la vision d’une République décentralisée. Les communes, les départements et les régions sont les points d’appui pour les actions économiques, sociales et écologiques essentielles à la démocratie. Pour que les maires puissent défendre les projets sur lesquels ils ont été élus, les communes ont besoin d’autonomie fiscale. Heureusement que les départements sont là pour le social, le grand âge et la jeunesse. Les régions sont “ les ministres de  l’Économie et de l’Industrie ” du pays et doivent amplifier leurs actions en matière de formation. »

 

Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière)
« Pour vous, ce sera la double peine »
« Combien de maires ont pu réaliser leur programme dans la tempête de l’épidémie, dans laquelle l’État vous a souvent laissés complètement seuls ? Combien peuvent aller au bout de leurs projets, maintenant qu’ils sont privés d’une part de plus en plus grande de leurs moyens financiers ? Et combien se demandent comment ils vont faire pour gérer leur commune dans ce contexte marqué par l’explosion des prix de l’énergie ? Plusieurs candidats envisagent de supprimer complètement les impôts économiques locaux. Le grand patronat prendra l’argent, ça ne fait aucun doute, mais il fermera quand même les entreprises et continuera de délocaliser. Pour vous, ce sera la double peine, parce que non seulement on vous aura privé de ressources essentielles, mais parce qu’en plus il vous faudra gérer les conséquences du chômage de masse. »

 

Valérie Pécresse (Les Républicains)
" Un choc de simplification "
« Je veux mettre en place le projet de décentralisation le plus puissant de l’histoire de notre pays. Je mise sur un choc de simplification avec un objectif simple : diviser par deux le temps de toutes les procédures administratives.
Je souhaite aussi inscrire le droit à la différenciation dans la Constitution [pour] que les collectivités puissent adapter les règlements nationaux selon les réalités locales. Je propose [ainsi] de sortir de la loi SRU [en la remplaçant par de] vrais contrats de mixité sociale et de mixité de logements qui seront conclus au niveau local et d'adapter le «zéro artificialisation nette » dans les communes rurales. Lorsqu’un élu sera agressé, il y aura une condamnation à un an minimum de prison ferme. Je propose de faire de la police municipale la troisième force de sécurité du pays. »

 

Yannick Jadot (Europe Écologie Les Verts)
« Des commissaires de la République à la reconstruction »
« Un des enjeux du prochain quinquennat sera de repenser la décentralisation avec de véritables compétences et avec une autonomie qui ne soit pas une forme de déconcentration sous contrainte ou sous surveillance. Ce n'est pas au préfet ou au sous-préfet de dire aux collectivités quel projet local doit se développer. Il faut inverser la dynamique. Je propose de mettre en place des commissaires de la République à la reconstruction qui seraient rattachés à un grand ministère des territoires sous [l’autorité du] Premier ministre. L’État doit se mettre au service de cette dynamique. Sur la question des déserts médicaux, je soutiens l’idée que, pour la dernière année d’étude et les deux premières années d’exercice, il y ait une obligation d’installation dans les zones sous-dotées. »

 

Nicolas Dupont-Aignand (Debout la France)
« Supprimer les régions actuelles »
« Il faut redonner du pouvoir aux maires, renforcer leur statut, leur donner de la liberté et arrêter de les embêter au jour le jour. Je propose ainsi d’abroger la loi NOTRe, de revenir à des intercommunalités plus réduites. Elles doivent correspondre à un vrai bassin de vie, ou avoir moins de compétences. Je supprimerai les régions actuelles. Je souhaite renforcer les ressources des maires avec la dotation d’équipement des territoires ruraux, rétablir la réserve parlementaire, mais aussi créer un fonds de sauvegarde du patrimoine rural et un fonds d’investissement et de relocalisation. Sur la santé, je veux dissoudre les agences régionales de santé, rouvrir 20 000 lits d’hôpital, notamment dans les zones désertifiées, et proposer une bourse pour les étudiants en médecine en échange d’un contrat d’installation de cinq ans dans ces zones. »

 

Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise)
« La commune est la réalité démocratique fondamentale »
« Je suis de tradition jacobine et je le reste. Malheureusement, le jacobinisme est souvent confondu avec le bonapartisme avec lequel il n’a rien à voir. Je ne participe pas de la mentalité qui oppose les échelons de gestion, les compare, ­imagine leur complémentarité. L’État unitaire existe-t-il encore ? La République française est une république fédératrice – je n’ai pas dit fédérative, mais fédératrice. Dans mon esprit, la commune est la réalité démocratique fondamentale de la Nation française.
La cité est devenue le cœur battant de l’identité nationale des Français, leur structure de base. On ne peut pas passer à côté d’un process millénaire : le droit de vote, le vote lui-même, les majorités et les minorités, tout cela est né dans la commune. C’est pourquoi le processus néo-libéral s’en prend d’abord à la commune. »

 

 

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°400 - AVRIL 2022
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