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Europe
01/01/1970 Juillet-août 2020 - n°381
Europe

Budget européen 2021-2027. Le temps presse mais pas pour tous

Les négociations budgétaires pour la période 2021-2027 sont entrées dans leur dernière ligne droite, avec un accord espéré en juillet. Si les « durs » se laissent convaincre.

Isabelle SMETS
Charles Michel, président du Conseil européen, tente de trouver un consensus sur le budget 2021-2027.
© Union européenne
Charles Michel, président du Conseil européen, tente de trouver un consensus sur le budget 2021-2027.
C’est la question à 1 850 milliard d’euros : les États parviendront-ils à s’entendre sur le futur budget (1 100 MdsE) et le plan de relance de l’UE (750 MdsE) d’ici la fin juillet ? Charles Michel, président du Conseil européen, a convoqué un nouveau Sommet, les 17 et 18 juillet, pour tenter de mettre tout le monde d’accord. Avec possibilité de prolongation. Y-a-t-il un risque de voir les vingt-sept États membres s’enferrer ? 
Une chose est sûre : le Sommet européen « virtuel » qui a rassemblé les chefs d’État, le 19 juin, n’a pas permis de progresser sur les questions qui fâchent. Est-ce grave ? Disons que c’était attendu. Déjà, le format « visio-conférence » de la rencontre, annoncé assez rapidement après que la Commission européenne ait mis ses propositions sur la table le 27 mai (lire Maires de France, n° 380, juin 2020, pp. 20-21), ne laissait planer aucun doute sur le fait que l’objectif n’était pas ici de faire tomber des barrières.

La résistance des «4 frugaux » 

Pour cela, il faut du « physique », des discussions en aparté, des salles où les experts s’isolent pour analyser et chiffrer les propositions et contre-propositions, il faut que la presse soit présente également, pour que chacun puisse montrer qu’il a bien défendu ses intérêts. 
Le succès sera-t-il cette fois au rendez-vous en juillet ? C’est l’objectif affiché et, disons-le franchement, tout le monde sait aussi que ce ne sera pas facile. Certes, il y a un sentiment d’urgence partagé. Mais à l’issue de la réunion du 19 juin, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, qui fait un peu office de « chef de file des pays qui bloquent », a refusé cette urgence – « ce ne sera pas un énorme échec si on n’y parvient pas mi-juillet ». Il fait partie des pays que l’on nomme « les frugaux ». Avec la Suède, le Danemark et l’Autriche, ils essaient de réduire l’enveloppe globale, demandent le maintien des « rabais » traditionnellement accordés pour réduire leur contribution. Ils estiment aussi que le futur plan de relance doit se baser sur des prêts et non des subventions. S’agissant de la politique de cohésion, ils n’aiment pas trop l’idée d’aides conséquentes pour les régions « en transition » dont font partie la majorité des territoires français. 
Diviser ces quatre-là, ne plus avoir à les affronter comme un «bloc », est devenu l’obsession du moment. Certains pensent percevoir des signes de fissure. Une des clés de la réussite sera la capacité à s’entendre sur des nouvelles ressources propres pour l’Union européenne, un sujet qui s’est toujours révélé très clivant jusqu’ici. Mais sans ces nouvelles rentrées d’argent, il faudra soit augmenter la contribution des États, notamment pour rembourser l’emprunt censé financer le plan de relance, soit couper dans les programmes de l’Union européenne. Avec alors, on le sait, un impact direct sur la politique de cohésion et la politique agricole commune (PAC).    

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