Pour cela, il faut du « physique », des discussions en aparté, des salles où les experts s’isolent pour analyser et chiffrer les propositions et contre-propositions, il faut que la presse soit présente également, pour que chacun puisse montrer qu’il a bien défendu ses intérêts.
Le succès sera-t-il cette fois au rendez-vous en juillet ? C’est l’objectif affiché et, disons-le franchement, tout le monde sait aussi que ce ne sera pas facile. Certes, il y a un sentiment d’urgence partagé. Mais à l’issue de la réunion du 19 juin, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, qui fait un peu office de « chef de file des pays qui bloquent », a refusé cette urgence – « ce ne sera pas un énorme échec si on n’y parvient pas mi-juillet ». Il fait partie des pays que l’on nomme « les frugaux ». Avec la Suède, le Danemark et l’Autriche, ils essaient de réduire l’enveloppe globale, demandent le maintien des « rabais » traditionnellement accordés pour réduire leur contribution. Ils estiment aussi que le futur plan de relance doit se baser sur des prêts et non des subventions. S’agissant de la politique de cohésion, ils n’aiment pas trop l’idée d’aides conséquentes pour les régions « en transition » dont font partie la majorité des territoires français.
Diviser ces quatre-là, ne plus avoir à les affronter comme un «bloc », est devenu l’obsession du moment. Certains pensent percevoir des signes de fissure. Une des clés de la réussite sera la capacité à s’entendre sur des nouvelles ressources propres pour l’Union européenne, un sujet qui s’est toujours révélé très clivant jusqu’ici. Mais sans ces nouvelles rentrées d’argent, il faudra soit augmenter la contribution des États, notamment pour rembourser l’emprunt censé financer le plan de relance, soit couper dans les programmes de l’Union européenne. Avec alors, on le sait, un impact direct sur la politique de cohésion et la politique agricole commune (PAC).