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01/01/1970 MARS 2021 - n°388

Service public : le contrat de présence postale amendé ?

L'épidémie affectant les résultats de La Poste, son PDG estime nécessaire de le faire évoluer pour préserver ses missions de solidarité territoriale. Par Xavier Brivet

La Poste propose aux maires de rapprocher davantage les bureaux de poste des maisons « France Service ».
© Pierre Rousseau
La Poste propose aux maires de rapprocher davantage les bureaux de poste des maisons « France Service ».
La crise sanitaire et économique n’épargne pas La Poste : son président, Philippe Wahl, a détaillé, le 3 février, devant le bureau de l’Association des maires de France et des présidents d'intercommunalité (AMF), l’ampleur des dégâts et proposé aux élus, comme à l’État, « un avenant au contrat que nous avons signé, sans attendre 2023, pour faire face ». Le PDG du groupe La Poste fait référence au contrat de présence postale territoriale 2020-2022, signé il y a tout juste un an avec l’État et l’AMF (www.amf.asso.fr, réf. BW39874). Ce contrat tripartite fixe notamment les règles qui permettent à La Poste d’assurer la mission d’aménagement et de développement du ­territoire qui lui a été confiée par la loi, et d’adapter son réseau de points de contact pour répondre aux besoins des populations desservies, en concertation avec les commissions départementales de présence postale territoriale (CDPPT) et l’Observatoire national de la présence postale. Devant les élus, Philippe Wahl a indiqué que « l’année 2020 a été catastrophique pour La Poste ». Si la crise sanitaire a contribué à l’augmentation significative du nombre de colis distribués (472 millions d’euros en 2020 contre 363 millions d’euros en 2019), les confinements ayant généré beaucoup d’achats en ligne, « La Poste a ­distribué, l’an dernier, 2 milliards de lettres en moins, ce qui génère une perte de 2 milliards d’euros », a-t-il précisé en soulignant que le Groupe tablait plutôt sur une baisse tendancielle de « 600 000 lettres » avant la crise. Selon lui, cette perte pourrait atteindre « 3 milliards d’euros en 2030 ». Philippe Wahl a précisé que «l e service universel postal est en déficit de 1,5 milliard d’euros en 2020 et sera déficitaire, dans les dix prochaines années, aux alentours d’un milliard d’euros par an pour les lettres et les colis. C’est insoutenable, en dépit des efforts que nous pourrions faire en terme d’organisation ».  

Définir de nouveaux services

Dans ce contexte, Philippe Wahl a été catégorique devant les élus : « La mission de solidarité territoriale de La Poste va en pâtir et, si nous ne faisons rien, il n’y aura plus de quoi nourrir un plan territorial avec un risque d’attrition des missions de service public. » Le PDG du Groupe La Poste, qui élabore le « plan stratégique 2030 » de l’entreprise, propose donc aux élus et à l’État d’amender le contrat de présence postale territoriale 2020-2022, « sans attendre la renégociation prévue en 2022 pour le prochain contrat ». Il a demandé au bureau de l’AMF « d’inclure dans l’avenant du contrat les conditions de distribution du courrier et des colis, ainsi que la définition de nouveaux services, avec des engagements réciproques », notamment « dans le domaine du numérique et de la lutte contre l’illectronisme ». Philippe Wahl propose également aux maires de « rapprocher davantage les bureaux de poste des maisons « France Service » pour mutualiser les forces ». « Nous voulons rester dans les territoires, être utiles aux habitants et répondre aux besoins », a-t-il assuré aux élus en indiquant la priorité donnée « au milieu rural, aux quartiers de la politique de la ville ainsi qu’aux départements d’Outre-mer ».

 Lancement d’une concertation
Philippe Wahl, qui a saisi le Premier ministre de la situation de La Poste, a indiqué aux élus que le Premier ministre, « Jean Castex, souhaite un accord sur le financement de toutes les ­missions de service public et va confier une réflexion sur le sujet à un chargé de mission ». Celui-ci organisera la concertation entre l’État, La Poste et les élus. François Baroin, président de l’AMF, lui a répondu, le 3 février, que « les maires sont tout à fait conscients des évolutions impactant La Poste et sont d’accord pour ­travailler avec elle ». Il a proposé au PDG de La Poste de « définir une méthode de travail et une approche conjointe des sujets », après « avoir entendu le représentant de l’État ». 

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