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Maires de France


L'actu
27/11/2024
106e Congrès de l'AMF 2024 Sécurité - sécurité civile

Les maires inquiets, mobilisés pour s'attaquer au narcotrafic

Le Congrès des Maires organisait pour la première fois, mercredi 20 novembre 2024, un forum intitulé « les maires face au trafic de stupéfiants », à l'initiative du Président de l'AMF, David Lisnard. Depuis des mois, l'AMF alerte sur la montée de ce trafic partout en France. Une situation préoccupante pour des maires en première ligne.

Estelle Chevassu
[De gauche à droite] Jean-Paul Vermot, maire de Morlaix (29), José Mirande, maire du Marin (972), Édouard Matt, maire d'Égly (91) lors du forum du 106e Congrès consacré au narcotrafic, 20 novembre 2024, Paris.
© Aurélien Faydi
[De gauche à droite] Jean-Paul Vermot, maire de Morlaix (29), José Mirande, maire du Marin (972), Édouard Matt, maire d'Égly (91) lors du forum du 106e Congrès consacré au narcotrafic, 20 novembre 2024, Paris.
C’est devant une salle archi-comble que David Lisnard a ouvert cette séquence inédite. Et pour cause, l’inquiétude des élus est grande face à un phénomène qui, comme l’a indiqué Othman Nasrou, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur, «frappe désormais l’ensemble du territoire », de métropole comme des outre-mer, jusqu’aux territoires ruraux.

Le président de l’AMF a d’ailleurs rappelé qu’il avait tiré la sonnette d’alarme il y a trois ans, «quand je suis allé dans des départements ruraux que j’avais bien connu étant jeune, où j’ai vu des points de deal dans des centres-bourgs, des zones parfois de production, des relais de distribution... ». C’est le maire de Cannes qui s’est ensuite exprimé pour témoigner de la transformation de sa ville sous l’effet du narcotrafic, évoquant notamment le rôle joué par certains commerces dans les opérations de blanchiment.
 

Violence accrue sur tous les territoires

Conséquence du narcotrafic, la montée des violences dont les maires sont les témoins directs. «On voit dans la rue une violence beaucoup plus accrue, notamment avec la consommation de cocaïne, et d’autres substances... », s’alarme Jean-Paul Vermot, maire de Morlaix dans le Finistère, territoire rural, relatant l’assassinat en 2021 d’un jeune de 18 ans dans une commune voisine. Autre territoire et même inquiétude pour José Mirande, maire du Marin en Martinique «située sur l’axe de la drogue », qui fait état de «23 meurtres l’an dernier et déjà 24 cette année avec des prises énormes, 27 tonnes de cocaïne l’an passé et 28 cette année ».

« Nous ne sommes pas encore dans un narco-Etat, une mexicanisation, mais on peut parler de pente glissante avec de la violence et un rajeunissement et puis deux phénomènes inquiétants, la corruption et la criminalité », a constaté le sénateur Jérôme Durain (Saône-et-Loire) aux côtés d’Étienne Blanc, sénateur du Rhône, respectivement rapporteur et président de la commission d’enquête «Un nécessaire sursaut : sortir du piège du narcotrafic » à l’origine d’une proposition de loi déposée en juillet dernier. Le second a d’ailleurs rappelé l’ampleur de ce narcotrafic dont «le chiffre d’affaires avoisinerait les 6 milliards d’euros, quand le budget du ministère de la justice est de 7,5 milliards d'euros ».
 

Les maires appellent à une réponse plus forte de l’État

Quel rôle et quelle place des maires dans cette lutte contre le narcotrafic ? Pour le premier édile d’Égly dans l’Essonne, Édouard Matt, un maître-mot «occuper le terrain ! ». «C’est ma mission première ». Les maires, mobilisés, agissent à l’instar de David Lisnard à Cannes, qui a pris un arrêté d’interdiction face à la montée du protoxyde d’azote. Soucieuses d’apporter des moyens supplémentaires, certaines communes ont développé leur police municipale quand elles le pouvaient.

Mais tous ont appelé à une réponse plus forte de l’État, «qu’il réaffirme sa compétence régalienne, c’est une absolue nécessité » a souligné Jean-Paul Vermot. Selon le président de l’AMF, «il est de la compétence et de la responsabilité de l'État que de faire intervenir les forces de l'ordre, police et gendarmerie, le ministère de l'Intérieur, de la Justice et celui de l’Économie et de revoir le Code pénal, pour qu'il soit adapté à la réalité de la délinquance des mineurs, que les peines soient proportionnées, mais rapides et effectives dans la privation de liberté ».
 

Démarche partenariale pour cibler la jeunesse

Pour lutter contre ce fléau, les maires et les représentants de la police et de la gendarmerie présents au débat, ont insisté sur l’importance de sensibiliser plus fortement la jeunesse, en lien avec l’Éducation nationale et en intervenant également auprès des parents.

Pour le colonel Quentin Petit, du Centre national des opérations (CNO), ancien chef du groupement de gendarmerie départementale (GGD) du Val-d’Oise (2021 à 2024), «cette lutte nécessite une approche globale et partenariale, suivant trois axes : prévenir, renseigner et réprimer ».

Le ministre Othman Nasrou a, quant à lui, affirmé la «nécessité d’une plus grande fermeté », face à un «sujet qui frappe les plus jeunes ». Et de poursuivre : «l’État ne peut pas se défausser sur les maires mais ne peut pas faire sans les maires. Ce sont eux qui connaissent les familles ».

 

Revoir la vidéo du forum " Les maires face au trafic de stupéfiants " : 

 

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