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février 2021
Écoles, éducation, alimentation Environnement

Lagraulet-du-Gers choisit le 100 % bio

En l'espace de deux ans, ce village a créé une régie agricole pour alimenter sa cantine en légumes bio. Par Emmanuel Guillemain d'Echon

Illustration
© Elsa/mairie de Lagraulet-du-Gers
La commune a créé une ferme municipale et embauché un jardinier pour s'occuper des récoltes.
Les communes qui s’efforcent, avec nombre de difficultés réelles, d’atteindre le quota fixé par la loi « Égalim » de 20 % de produits bio dans leurs cantines scolaires peuvent être jalouses. Le petit village de Lagraulet-du-Gers (585 habitants), en l’espace d’un an, a converti l’ensemble des menus au 100 % bio, très majoritairement local, dont les légumes sont tous produits dans sa ferme municipale en régie ! Dans la foulée et à l’occasion du premier confinement, la mairie a lancé un « drive » fermier et bio, livrant jusqu’à 80 paniers par semaine en avril et mai (lire ci-dessous).
La personnalité et surtout la profession du maire, Nicolas Méliet, agriculteur en bio depuis 1984, a joué pour beaucoup dans ce tour de force ; ainsi que, paradoxalement, la petite taille de la cantine – 40 convives par jour – qui limitait l’ampleur des investissements à réaliser. Le maire a commencé par embaucher, en 2018, une étudiante en alternance, chargée de recenser les agriculteurs bio du secteur. Tout s’est fait très vite : « En six mois, nous sommes arrivés à 98 % de produits bio – sauf le poisson de pêche, non certifiable – et 80 % de produits en circuit court », se félicite l’élu. Tous les producteurs sont situés dans un rayon de 20 km, sauf celui de viande de bœuf, situé à 50 km car plus difficile à trouver.

80 % des produits bio servis à la cantine
sont issus d’un circuit court.

L’approvisionnement régulier en petites quantités de légumes était complexe : il suffit, pour 40 enfants, de 7 à 8 kilos de légumes par jour, soit 1,2 tonne par an. C’est pourquoi, la commune ayant adhéré au réseau « Un Plus bio » et s’inspirant de l’exemple de la régie agricole de Mouans-Sartoux (06) a décidé de les produire elle-même. « D’abord, nous avons planté sur un terrain municipal à bâtir, puis nous avons loué une serre et, enfin, nous avons racheté, fin 2019, une ferme de 10 hectares » à la sortie du village, explique l’élu. Un employé municipal a été recruté pour s’occuper des récoltes. 

Inciter les localités voisines à agir

Pour l’instant, il ne cultive que 1 500 m² en plein champ et sous une serre non chauffée de 400 m², qui devrait être agrandie. 20 000 e ont été investis dans l’achat d’une chambre de surgélation, pour répartir dans l’année le surplus de production estival. Selon Nicolas Méliet, également vice-président de la communauté de communes Ténarèze Condom, délégué à l’alimentation, « avec un hectare, on peut nourrir 600 enfants ». 
Le maire souhaite entraîner les communes voisines pour mutualiser la construction d’une légumerie et d’autres outils de transformation. « C’est une question de volonté politique. Si les collectivités locales faisaient un effort, on pourrait accompagner d’autres agriculteurs vers la conversion au bio et améliorer leurs revenus », estime-t-il.
Le plus compliqué pour l’élu a été de recruter la bonne personne pour la cuisine. « Nous sommes exigeants car il ne s’agit pas seulement de préparer des plats mais aussi de faire de l’éducation au goût. Les écoliers font régulièrement des ateliers potagers à la ferme. » Et ils adorent : « Certains parents qui ne mettaient pas leurs enfants à la cantine nous ont dit que ceux-ci réclamaient d’y aller, car ils étaient tristes de ne pas goûter les légumes qu’ils produisaient ! »
L’installation de la régie va permettre de faire baisser le coût-denrée des repas, de 3 euros actuellement à bientôt 2,50 euros. Le gain est aussi visible dans l’attractivité de la commune, clairement identifiée dans la région comme une « terre bio ». « Nous avons doublé la population en quinze ans et, depuis 2017, on voit des gens qui s’installent parce que nous avons cette orientation bio », affirme Nicolas Méliet. Prochaine étape : la réhabilitation d’un centre de vacances, dont le projet sera construit avec les habitants. 

Un drive bio et fermier en plein confinement
Des marchés et restaurants fermés, une population confinée : le drive était la solution évidente. Mais un drive bio et local, regroupant un panel de 15 producteurs, étoffé via un grossiste par des produits d’épicerie. La semaine, les clients passaient commande ; le vendredi soir, ils venaient en voiture dans la cour de la ferme municipale où les élus, qui avaient préparé leur panier, le chargeaient directement dans le coffre pour limiter les risques ­sanitaires. En mai, ils étaient 80 clients par semaine et, pendant le deuxième confinement, la moyenne tournait autour de 20. Mais le drive va perdurer, avec un paiement en ligne sur un site spécialisé.

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°387 - FEVRIER 2021
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