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Maires de France
Solutions locales
juillet 2020
Santé

Prendre en charge les troubles mentaux

Près de 30 % de la population a pu, a ou aura à connaître des affections spécifiques. Ce qui a motivé six communes du Nord à créer un conseil local de santé mentale.

Emmanuelle STROESSER
Illustration
Névrose, stress, dépression..., les Ateliers Mieux-être organisés par le CLSM permettent à tous de s'exprimer, de questionner et de trouver des réponses pour avancer.
Le confinement a perturbé encore davantage les personnes souffrant de troubles psychiques. Sur le secteur psychiatrique 21 qui couvre six communes de la métropole européenne de Lille (Hellemmes, Faches-Thumesnil, Lesquin, Lezennes, Mons-en-Barœul, Ronchin), ces personnes ont fait l’objet, pendant et après le confinement, d’une attention quotidienne des professionnels de santé qui se rendent auprès d’elles. Cette pratique psychiatrique, dite « hors les murs », lancée dans les années 1970 sous l’égide du chef du pôle de santé mentale, Jean-Luc Roland, est au cœur de la philosophie du contrat local de santé mentale (CLSM), qui existe ici depuis 2010. « Le CLSM nous a permis de formaliser nos partenariats », explique Raghnia Chabane, adjointe au maire de Mons-en-Barœul en charge de la politique de la ville, de la sécurité et de la citoyenneté, par ailleurs présidente de l’Association intercommunale de santé, santé mentale et citoyenneté qui porte le CLSM. Les bases de la coopération sont solides, entre psychiatres, élus et usagers de ces six communes. « Notre objectif reste depuis le début le même : faire travailler ensemble professionnels de santé, élus, bailleurs, travailleurs sociaux… et coordonner les actions avec les contingences, les limites et les financements de chacun », explique-t-elle.
L’autre force du CLSM repose sur une coordinatrice à temps plein, en CDI. Au quotidien, Emmanuelle Provost anime le travail organisé autour de 4 pôles : habitat, culture, information, finances. Chaque pôle associe un élu, un psychiatre et un usager. 

Le logement, la première sécurité

« Sans logement, tous les troubles s’accentuent et il est illusoire de croire qu’une personne va se stabiliser ou se rétablir », assure l’élue. Le CLSM coopère étroitement avec trois bailleurs sociaux. Il gère 23 logements associatifs sous-loués à des usagers qui font l’objet d’un suivi psychiatrique. « Le personnel soignant se rend chez eux tous les jours. S’ils ont besoin de s’y rendre plusieurs fois par jour, ils y vont autant de fois que nécessaire. » Cela n’empêche pas les hospitalisations, quand celles-ci deviennent inévitables. Mais au quotidien, des situations a priori compliquées se vivent ainsi presque normalement. 
Une « cellule ressource » se réunit pour les cas complexes : un bailleur qui aurait des difficultés avec un locataire, une pétition de riverain demandant l’expulsion d’un autre… « On réunit tout le monde  avec la personne concernée, et on cherche une solution », explique Raghnia Chabane. Il y a des situations « où on n’y arrive pas, où il nous a fallu expulser une personne car elle se mettait en danger ou ses propriétaires », mais « dans la grande majorité des cas, ça marche ».
Plus original encore, le CLSM administre un fonds d’art contemporain, agrémenté aujourd’hui de 600 œuvres d’artistes et d’usagers. « La pratique artistique permet aux personnes en souffrance de s’exprimer, et l’art sert à faire changer la représentation que le grand public a de la santé mentale », précise l’élue. Ce fonds est hébergé par la galerie d’art « Frontière$ » (1), créée par l’hôpital psychiatrique de secteur, à Hellemmes, qui organise des expositions et anime une artothèque. 
Le pôle information du CLSM joue un rôle de prévention et de sensibilisation auprès de la population des six communes. Ses actions concernent globalement la promotion du bien-être, à l’exemple des Ateliers mieux-être, « ouverts à tous et gratuits ».
(1)    www.art-frontieres.fr

 

Budget
Le conseil local de santé mentale (CLSM) est rattaché à l’établissement public de santé mentale de Lille-Métropole (EPSM), situé à Armentières, qui a pour mission la prise en charge des patients de la métropole lilloise souffrant de troubles de santé mentale 
(9 secteurs de psychiatrie pour adultes, 1 secteur enfants-adolescents). Le budget du CLSM est de 215 000 e, financé à moitié par des subventions (35 000 e provenant des 6 communes, 26 000 e de l’agence régionale de santé, 23 000 e de la Fondation de France, et 18 500 e de l’EPSM. L’autre moitié sont des recettes liées à des prestations de services, pour l’essentiel liées à la sous-location des logements.

 

En savoir +    
• Le Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé pour la recherche et la formation en santé mentale a initié, en 2007, un programme d’appui au développement et au renforcement des conseils locaux de santé mentale. Il a édité une plaquette de sensibilisation des élus : https://bit.ly/
2AAXOLC
• EPSM Lille- Métropole.
Tél. 03 20 61 75 57.

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