Transformer des friches littorales en terres bio
Moëlan-sur-Mer (Finistère, 6 875 hab.) s'est appuyée sur un article du Code rural pour contraindre les propriétaires de friches à les remettre en culture ou à les louer.

Il aura fallu sept ans d’entêtement à Marcel Le Pennec pour rendre ces terres au monde agricole et créer une économie en circuit court. Pour cela, la population a été consultée. « Une grande majorité de personnes étaient d’accord à condition que ce soit de l’agriculture biologique. Ce n’était pas encore dans l’air du temps à l’époque. » Cette condition a déclenché la colère des agriculteurs conventionnels. « Ils ont tous été vent debout contre ce projet, pensant à tort qu’ils pourraient récupérer ces terres gratuitement et étendre leur zone de culture. » Ce qui a valu à Marcel Le Pennec de recevoir des menaces. Le maire a dû aussi convaincre les associations de protection de la nature que cette conversion – même si elle allait un peu bouleverser la biodiversité – serait bénéfique.
Un bail rural
Il fallait surtout décrocher l’aval des propriétaires et indivisaires de ces lopins de terre. Pour cela, l’équipe municipale s’est appuyée sur les articles L 125-1 à L 125-15 du Code rural et de la pêche. Ceux-ci précisent que lorsque des terres sont en friche depuis trois ans, les préfets peuvent exiger du ou des propriétaires de les remettre en culture ou de les louer.
Une fois l’aval du préfet en poche, la commune a demandé l’autorisation au conseil départemental pour mener une expérimentation qui représente 23 lots, 1 250 parcelles et 468 propriétaires dont « seule une dizaine est opposée ». L’étape suivante a consisté à définir quelles parcelles allaient être remises en culture. Les membres de la commission communale d’associations foncières se sont rendus sur le terrain pour identifier quelles parcelles pourraient être reconverties. « Cela nous a pris un an. » À l’issue de ce travail, un appel à projets a été lancé. Pour cela, la commune a confié une mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage à l’association Terres de lien Bretagne et au Groupement des agriculteurs biologiques du Finistère. Leur mission : mettre en relation les porteurs de projets sélectionnés et les propriétaires. « Cela n’a pas été une mince affaire car les 468 propriétaires étaient éparpillés dans le monde. Certains n’étaient même pas au courant qu’ils possédaient un terrain ! »
Ce travail accompli, il a été demandé au préfet d’autoriser l’installation des porteurs de projets. « Ce qui équivaut à un bail rural de 3, 6, 9 ans. » En février 2019, un maraîcher a débuté ses cultures sur 3 ha. Quatre mois plus tard, l’association d’insertion sociale Optim-Ism a reçu un avis favorable de la commission départementale d’orientation agricole pour cultiver du blé noir et des pommes de terre sur 20 ha. D’autres projets (élevage de chèvres, activité d’un céréalier/boulanger…) sont en attente du feu vert de la préfecture. Aujourd’hui, la reconquête des friches littorales est regardée à la loupe par d’autres collectivités. « Le préfet du Finistère souhaite dupliquer cette expérimentation à Crozon sur 1 000 ha car notre exemple est méritant », affirme Marcel Le Pennec.
Contact
Mairie de Moëlan-sur-Mer.
Tél. 02 98 39 60 10.
e-mail : [email protected]
Le projet municipal répond aussi à l’enjeu des circuits courts. Moëlan-sur-Mer avait prévu de racheter un bâtiment de 3 000 m² afin de le transformer en un village d’artisans et de commerces. Il était prévu également de créer une plate-forme logistique de conditionnement destinée aux producteurs/éleveurs locaux. « L’idée est d’approvisionner avec leurs produits les écoles, EHPAD, hôpitaux et restaurants collectifs de notre territoire », indique le maire. « Néanmoins, la compétence économique ayant été transférée à Quimperlé communauté, c’est l’agglomération qui a pris le relai de ce projet », explique le maire.
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Cet article a été publié dans l'édition :
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