Les secrétaires généraux de mairie à l'honneur !
Le sujet des secrétaires généraux de mairie a été plusieurs fois évoqué lors du 106 Congrès des maires. Signe que les difficultés de recrutement ne s'amenuisent pas. [Vidéos en bas de l'article]
Déjà l’année dernière, un rendez-vous du congrès leur avait été consacré ; il s’agissait d’une première. Cette année encore un point info leur était dédié. Il a fait plus que salle comble ! Ce que n’a pas manqué de relever la sénatrice des Alpes-Maritimes, Alexandra Borchio-Fontimp : «J’espère que l’an prochain David Lisnard, maire de mon département, consacrera une salle un peu plus grande. D’abord pour exprimer symboliquement tout l’intérêt qu’il exprime pour nos fabuleux secrétaires généraux de mairie, et puis pour que vous soyez dans des conditions encore plus agréables ».
Métier toujours en tension
Le sujet continue de faire recette car toujours dans l’actualité. «Le métier reste en tension », a constaté la secrétaire générale de l’AMF, Murielle Fabre, l’une des principales protagonistes de la revalorisation de ce métier. «Ce métier n’existe que dans la fonction publique territoriale. Si on n’en parle pas, il ne se passe rien. On doit continuer à renforcer la visibilité des secrétaires généraux de mairie », a-t-elle martelé.
La pénurie perdure malgré un certain nombre d’avancées positives : constitution de services de remplacement par les centres de gestion (CDG) (80% d’entre eux en auraient mis un en place), pool volant de secrétaires généraux de mairie pour assurer des formations, création de formations (BTS, formations universitaires, formations avec France Travail).
Pyramide des âges
La pyramide des âges de ces agents publics n’est pas favorable aux communes puisque 60% de ceux qui sont en poste ont plus de 50 ans. «Si on ne fait rien, en 2030, c’est 40% des communes qui se retrouveront sans secrétaires de mairie » a averti le sénateur Cédric Vial (Savoie), autre acteur important, cette fois au Parlement, pour faire évoluer les conditions d’exercice des secrétaires de mairie. «L’autre enjeu est celui de la formation car ce métier a évolué et est confronté à de plus en plus de contraintes. Nous avons donc besoin d’agents mieux formés et de sécuriser les actes juridiques des maires. »
Le sénateur souligne un autre problème. La loi du 30 décembre 2023 sur la revalorisation des secrétaires de mairie laisse sur le bord du chemin beaucoup d’agents (de catégories A et B, adjoints administratifs recrutés depuis le vote de la loi…). «Nous avons créé une trappe. Il va falloir y réfléchir », a indiqué le sénateur de Savoie, qui a annoncé qu’il déposerait une nouvelle proposition de loi pour pallier les manques et les irritants de la loi de 2023.
Communication
« C’est un premier pas », acquiesce Jannick Nicole, présidente de l’Association des secrétaires généraux de mairie d’Ille-et-Vilaine, et secrétaire générale de mairie exerçant des missions de remplacements temporaires dans le cadre du service mis en place par le CDG35. En attendant, les échéances arrivent : «en vue de préparer les élections municipales 2026 et l’arrivée des élus, le centre de gestion et l’association des maires d’Ille-et-Vilaine (AMF35) travaillent ensemble sur une charte, sur la communication et sur la mutualisation de ressources via une plateforme collaborative sur le site de l’AMF35, a révélé Jannick Nicole. Nous participerons également au salon de l’AMF35 sur lequel nous aurons un stand. Nous voulons accompagner davantage de jeunes et qu’ils découvrent l’intérêt de ce métier passion ».
Diplôme universitaire national
Dans les Alpes-Maritimes, la sénatrice Alexandra Borchio-Fontimp a impulsé et poussé à la création d’un nouveau diplôme secrétaire général de mairie par l’université Côte d’Azur «Cette formation se suit en présentiel et en distanciel, est ouverte aux étudiants, aux chercheurs d’emploi, au personnel de mairie, a-t-elle expliqué. Nous avons travaillé avec l’association départementale des maires (ADM06), le CDG, le CNFPT. La première édition a démarré en janvier 2024. Cette première session était prévue pour 8 personnes. Sur 163 communes des Alpes-Maritimes, nous avons eu 45 inscriptions…
Cela a un coût pour les communes [dont les agents suivent la formation]. Un accord a été trouvé avec le conseil départemental qui a financé. Une seconde session a débuté en octobre. Une troisième est prévue en février 2025. Ce diplôme est reconnu nationalement ». Pour l’avenir, le financement de la formation reste un problème. La sénatrice souhaite la création d’un fonds d’amorçage et a indiqué avoir déposé un amendement en ce sens au projet de loi de finances 2025. Mais l’issue des débats parlementaires est tellement incertaine qu’Alexandra Borchio-Fontimp ne pouvait promettre que de se battre pour instaurer un tel fonds.
Besoin de solutions concrètes
Christophe Iacobbi, maire d’Allons (04), déplore ne pas avoir les mêmes moyens pour créer un tel diplôme dans son département des Alpes de Haute-Provence : «Aujourd’hui, nous avons besoin d’arriver à solutions concrètes. Chez nous, France Travail refuse de financer les formations pour les demandeurs d’emploi. J’aimerais que nous puissions avoir une réponse nationale de France Travail », pour pouvoir avancer.
Sans oublier que le «concours [dans la fonction publique] reste une voie à privilégier », estime Emmanuel Dutay, directeur général des services de la commune de Bléré (37), qui a débuté sa carrière comme secrétaire de mairie, et par ailleurs premier adjoint de la commune de Mettray (37). «Les secrétaires de mairie savent tout faire. Elles sont adaptables. Ce métier est hyper-formateur. Le concours, c’est aussi une reconnaissance de l’expérience qui n’existe pas ailleurs ».
Revoir la rencontre : «Secrétaires généraux de mairie : encore des maux ou le mot de la fin ?»
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Cet article a été publié dans l'édition :
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