Les centres de santé au cœur de la crise épidémique
Ces structures, gérées en majorité par des collectivités locales, ont montré leur force pendant la crise sanitaire. Elles ont aussi subi une baisse d'activité liée au confinement.
Dans leurs pratiques, les centres de santé ont développé les déplacements à domicile. Certains ayant même choisi de faire du porte-à-porte pour «aller au-devant » de leur patientèle la plus isolée ou, par exemple, dans des foyers de travailleurs migrants. Beaucoup ont développé la téléconsultation pour l’envoi d’ordonnance, réaliser des consultations (en visio ou téléphoniques), notamment dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (lire ci-contre). «Cela a permis d’éviter à certaines personnes de se déplacer comme à d’autres de ne pas interrompre un suivi médical», explique le Dr Hélène Colombani, présidente de la Fédération nationale des centres de santé (FNCS) (1).
Cette pratique a été facilitée par la mise à disposition gracieuse d’outils par des fournisseurs comme Doctolib. La FNCS a, elle, obtenu que les consultations téléphoniques soient rémunérées par l’assurance maladie (CNAMTS) au même titre qu’une consultation en face-à-face, jusqu’à fin mai. Avec le déconfinement, les consultations en présentiel redeviennent en effet la norme.
Or, les centres de santé commencent aussi à faire leurs comptes.
Comme les autres professionnels de la médecine de ville, ils observent une chute d’activité, souvent très élevée. Surtout dans les centres de santé comprenant des spécialistes ayant quasiment dû arrêter leurs interventions pour raisons sanitaires, comme les dentistes et les radiologues, restreints aux urgences. Tandis que d’autres professionnels de santé (psychologues, gynécologues, kinésithérapeutes…) ont dû aussi réduire leurs consultations. Les baisses d’activité s’échelonnent de 30 à 60 %, voire 100 % pour des centres dentaires (un tiers des 2 000 centres de santé).
Perte de recettes
C’est l’une des conséquences économiques auxquelles les communes sont confrontées. À Vierzon (18), la perte est «considérable », près de 75%, chiffre le maire Nicolas Sansu qui évalue la perte de recettes à 70000 euros. Le coût sera mutualisé car la commune ne porte pas seule le centre de santé. Elle est associée avec l’hôpital, l’intercommunalité et des associations, au sein d’un GIP. Ce qui risque de ne pas être le cas partout… D’autant qu’à la perte d’activités s’ajoutent les surcoûts liés aux équipements de protection individuels, aux heures supplémentaires pour pallier des absences de personnels, etc. Tout cela reste à mesurer, mais la FNCS a obtenu que l’État compense cette chute d’activité des centres de santé, au même titre que les professions libérales, en se basant sur les chiffres d’affaires de 2019. Une plateforme de déclaration en ligne devait être lancée fin mai. Cette compensation pourrait être prolongée au-delà de la fin mai, pour accompagner la reprise d’activité progressive, puisque les protocoles sanitaires obligent à restreindre le nombre de patients accueillis.
Emmanuelle STROESSER
(1) www.fncs.org/
Cet article a été publié dans l'édition :
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