Mondeville repousse l'implantation d'Amazon
La commune (Calvados, 9 900 hab.) est parvenue, fin 2019, à annuler la création d'un entrepôt de la société américaine. Avec le soutien de la communauté urbaine. Par Bruno Leprat

Ouvrir le débat sur les plateformes logistiques
Trois jours plus tard, elle revoit le président de CU et ils partagent leur défiance. Sa décision est forgée : Amazon ne s’installera pas à Mondeville. Elle en informe la direction de Bosch. Le lendemain, elle poste son opposition sur Facebook, et les journalistes normands sont alertés par un communiqué de la mairie intitulé «Amazon à Mondeville, c’est non ! » Le 27 et 28 novembre, en séance du conseil municipal et du conseil communautaire, les élus de Mondeville et de la CU s’expriment contre l’installation. C’est un coup de tonnerre. «C’est David contre Goliath, dit Hélène Burgat. Soudain, tous les médias nationaux, de LCI au Parisien, de France Inter à BFM, ont voulu m’interroger. » Amazon, de son côté, se retire, sans mot dire. Il n’aura, à aucun moment, fait de déclaration. «Nous avons joué la bataille de l’opinion, explique la maire. Je suis devenue symbole d’une forme de résistance. » Dans les interviews qu’elle accorde, l’élue tance les «méthodes de cow-boy » de l’entreprise, l’impact de son activité sur les petits commerces et donc l’emploi, et, plus largement, «l’optimisation fiscale, les conditions de travail et l’impact environnemental » de l’entreprise. Mi-décembre 2019, le cyclone médiatique est passé, et la maire reprend son souffle. Depuis, elle est approchée par des maires en butte aux intentions de l’entreprise américaine. Le terrain de Bosch est vacant. «Certes, je les ai privés d’un acheteur, mais je reste en contact avec eux. Il n’est pas question que leur terrain devienne une friche », affirme-t-elle. Encore «étonnée » par l’emballement suscité par son refus, Hélène Burgat ajoute : «Cela a correspondu à un moment, je suis maintenant passée à autre chose. Mais j’ai posé la question du modèle économique d’Amazon, qui reste à encadrer. »
Hélène Burgat, maire de Mondeville
« Nous avons choisi la bataille de l’opinion »

Oui. L’entrepôt aurait détruit plus d’emplois que ceux promis par l’entreprise, et le modèle d’entreprise d’Amazon est discutable. Pour des emplois, on ne vend pas son âme, il y a des limites au libéralisme. Et je ne parle pas de la manière d’approcher notre commune. En démocratie, on n’avance pas avec un faux nez. J’ai accompagné nombre d’implantations, je n’ai jamais vu ça.
• Sur le papier, Amazon aurait pu faire le forcing…
Oui, la mairie ne pouvait lui interdire d’acheter un terrain privé, et je n’avais rien à dire sur l’aménagement qui était du ressort intercommunal. Notre chance a été que les élus communautaires nous appuient sans faille et que les médias me donnent la parole. Un maire est un gardien des équilibres. Je pense avoir rempli ma mission.
• Pourquoi avez-vous choisi de médiatiser votre opposition ?
Nous aurions pu contrer Amazon au tribunal, avec le risque de perdre et de dépenser de l’argent. Nous avons choisi la bataille de l’opinion. Amazon pensait qu’avant les élections municipales, nous ne bougerions pas. Il s’est trompé et a cédé : encore maintenant, je ne sais pas pourquoi, quand on connaît leurs moyens.
• Vous souhaitez un meilleur encadrement des projets logistiques. Que proposez-vous ?
Ces entrepôts devraient faire l’objet d’un passage en commission départementale d’aménagement commercial (CDAC). Là, ils seraient autorisés ou non, mais en toute connaissance de cause et de façon concertée. Ces sites logistiques sont des outils de vente, même si les gens ne viennent pas y chercher de marchandise. Avec ce changement de réglementation, on gagnerait en contrôle sur le développement de son territoire car en CDAC, il est rare qu’un projet soit autorisé quand le maire de la commune d’installation s’y oppose.
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