À Cliousclat, l'activité de poterie renaît
La commune (Drôme, 650 habitants) a réussi son pari de relancer un atelier de production avec l'aide de toute la population et la création d'une société coopérative (Scic).

100 000 euros c’était le chiffre
d’affaires atteint dès le premier semestre 2018, soit déjà
le prévisionnel pour l’année entière.
La commune ne met pas longtemps à réagir. En 2014, elle rachète le bâtiment pour 380 000 euros et reprend le fonds de commerce. Au printemps de cette même année, elle rouvre le magasin de la fabrique « de manière à ce que les visiteurs trouvent encore un lieu vivant », explique Isabelle Picchi.
Reste la question essentielle : comment relancer l’activité et redonner vie à un passé glorieux ? Un groupe de travail participatif associant élus, potiers, commerçants locaux, architecte des Bâtiments de France, représentants de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et de la maison de la céramique du Pays de Dieulefit s’empare de la question : « La constitution d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) nous est apparue la meilleure solution, assure Isabelle Picchi, tant pour assurer la maîtrise du fonctionnement de la fabrique que pour intégrer des collectivités locales au projet. » Ces dernières se sont engagées financièrement, par le biais de la communauté de communes du Val de Drôme dont Cliousclat fait partie, ou à titre individuel comme la commune voisine de Mirmande. Les habitants de Cliousclat et des environs mettent aussi la main à la poche.
Première étape dans la composition de la trésorerie, le lancement de souscriptions sous la forme de parts sociales de 100 euros chacune, de titres participatifs ou de dons. Au total, 50 000 euros sont récoltés, la commune ayant pour sa part attribué 12 000 euros. À cette somme s’ajoute un prêt de 20 000 euros. Les conditions sont réunies pour une relance de l’activité de production.
De futurs ateliers-relais
Quatre tranches de travaux sont programmées pour un total de 2,2 millions d’euros.
La première, réalisée en 2017 et essentielle dans le redémarrage, permet la rénovation et la mise aux normes de l’atelier et du four. Propriétaire des murs, la commune loue alors à la Scic l’atelier de fabrication et l’espace magasin contre la somme de 600 euros par mois. En septembre 2017, la fabrique renaît. Et le succès est au rendez-vous au-delà même des espérances : « Dès le premier semestre 2018, le chiffre d’affaires atteignait 100 000 euros, soit déjà le prévisionnel pour l’année entière ! », se souvient Georges Berrebi, gérant de la Scic. Malgré une fin d’année un peu plus compliquée (lire ci-dessus), les clignotants sont au vert avec pour objectif de doubler le chiffre d’affaires en 2019.
Ces performances ont permis de conforter les cinq emplois créés (2 CDI à temps plein, 2 à temps partiel et une apprentie). Le site, qui occupe 1 300 m2, offre d’autres perspectives. D’ici à la fin de l’été prochain, une salle d’exposition ouvrira ses portes ainsi que deux ateliers-relais accueillant de jeunes potiers céramistes en liaison avec la maison de la céramique du Pays de Dieulefit. Un bureau à l’étage sera dédié à un espace de co-working.
Dans le futur, « le magasin sera refait de fond en comble, précise Isabelle Picchi. Un endroit sera également consacré à l’exposition de pièces ancestrales et emblématiques fabriquées à Cliousclat. Nous réfléchissons aussi à ouvrir un atelier d’artisans qui ne serait pas forcément dédié à la poterie. »
Email : [email protected]
www.lafabriquedecliou.com
La région de Cliousclat abonde de résidences secondaires. Noël est, logiquement, une période où elles se remplissent. Or, cette année, le mouvement des gilets jaunes, en perturbant la circulation sur la RN7 et l’A7, n’a pas incité les familles à se déplacer : «Durant les fêtes, il est fréquent que ces personnes offrent une poterie de la fabrique (assiettes, bols, plats... finement décorés) à leurs proches. Nous avions constitué des stocks dans cette perspective. Ils n’ont pas pu être écoulés et cela a eu évidemment un impact sur notre trésorerie », confie Georges Berrebi, gérant de la Scic.
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Cet article a été publié dans l'édition :
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