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avril 2019
Social

Jeunes migrants : Rezé se mobilise pour leur accueil

La commune (Loire-Atlantique, 40 000 hab.) a voté fin 2018 un plan d'action pour héberger et intégrer des mineurs non accompagnés (MNA), en soutien aux associations locales.

Thierry BUTZBACH 
Illustration
© Thierry Butzbach
Des jeunes migrants isolés ont été initiés au mixage lors d'un concert de soutien, organisé en janvier par les associations locales avec l'aide de la mairie. Objectif : récolter des fonds pour leur scolarité.
L’humanisme et la solidarité sont des valeurs qui comptent à Rezé, dans l’agglomération nantaise (44). Le 20 décembre 2018, le conseil municipal de cette ville des bords de Loire a adopté, à l’unanimité, un plan d’action pour l’accueil, l’hébergement et l’inclusion des mineurs non accompagnés (MNA), jeunes exilés isolés en attente de régularisation, en concertation avec des associations locales. Le dispositif crée une vingtaine de places pour les jeunes migrants au titre de l’aide sociale d’urgence, la moitié dans des logements appartenant à la ville et l’autre moitié via un bail précaire de deux ans signé avec un promoteur immobilier. 
Rezé a décidé de dépasser les limites du cadre réglementaire pour favoriser l’insertion sociale de ces jeunes non reconnus comme mineurs en leur ouvrant l’accès aux pratiques sportives et culturelles, à la scolarité, à l’aide sociale et aux soins de santé. Leur minorité n’étant pas reconnue ou étant contestée par les autorités, ces jeunes ne disposent pas de la tutelle du département et ne bénéficient donc d’aucune aide du département. Pour les aider, la commune leur permet, par exemple, d’obtenir une licence pour s’inscrire à un club sportif ou une carte de bibliothèque pour emprunter des livres… 
Le plan d’action de Rezé soutient également l’engagement des bénévoles de collectifs et d’associations – conventionnés pour l’occasion – avec le versement de deux fois 2 000 € de subventions aux associations SMIR (Soutien aux mineurs isolés), via une aide alimentaire, des dons de vêtements, l’aide à l’achat de titres de transport, l’hébergement à domicile…, et Diyne Latigé, un collectif d’artistes. Un soutien indirect qui ne met pas la municipalité dans l’illégalité. Pour le maire, Gérard Allard, ancien éducateur spécialisé au service des plus fragiles dans les quartiers nord de Nantes, «l’objectif de ce dispositif est de construire un vrai projet d’intégration, qui passe nécessairement par de l’accompagnement ». 

Associations et collectifs 
Il y a deux ans, Rezé s’était déjà distinguée dans l’accueil et l’intégration des Roms. Face au nombre croissant de migrants dans l’agglomération nantaise depuis 2017, provoquant une saturation des dispositifs d’accueil, et après l’expulsion des centaines de personnes du square Daviais de Nantes, l’été dernier, le maire de Rezé avait prévenu qu’il prendrait sa part de responsabilité. 
La mairie a renoncé à expulser les sept jeunes venus occuper une maison de la ville et choisi d’héberger une vingtaine d’autres mineurs isolés, en plus des 82 logements déjà conventionnés avec les associations reconnues pour l’accueil des exilés. Concernant les mineurs isolés, Rezé a encore une fois choisi de se rapprocher de la société civile, fortement mobilisée autour d’actions de solidarité (hébergement à domicile, aide alimentaire, achat de titres de transport…), tout en faisant pression sur les institutions (rectorat, éducateurs spécialisés)pour favoriser leur inclusion sociale et le suivi de leurs démarches de régularisation. À la mairie, un interlocuteur unique – Loïc Chusseau, adjoint au maire chargé des politiques de solidarité et de la lutte contre la pauvreté (lire ci-contre) – a été nommé pour relayer les demandes spécifiques des associations auprès des différents services. 

Les raisons d’un engagement
À l’occasion du conseil municipal du 20 décembre 2018 entérinant le plan d’aide aux mineurs isolés, Loïc Chusseau, adjoint au maire chargé des politiques de solidarité et de la lutte contre la pauvreté à Rezé, a résumé l’enjeu de l’engagement de la commune. 
« Aujourd’hui, ces jeunes qui ne sont pas encore reconnus dans la demande de droit d’asile se trouvent dans un no man’s land juridique (…), avec des situations potentielles de mineurs qui se retrouvent à la rue. C’est pour ça qu’on a travaillé notamment avec des associations et des hébergeurs solidaires sur Rezé, pour pourvoir prendre en charge ces publics fragiles. » La ville « les accompagne au maximum avec une structure professionnelle pour qu’ils entrent dans le droit commun (…), afin de créer les conditions pratiquement à 100 % pour qu’ils obtiennent cette régularisation qui relèvera évidemment de l’État, mais au moins donner la légitimité de l’action de la ville derrière ces démarches-là ».

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°367 - Avril 2019
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