L'offre médico-sociale reste très inégale selon les territoires
Présenté le 8 décembre, le premier baromètre santé-social AMF-Mutualité française cerne les principales questions et attentes des Français. Par Emmanuelle Stroesser
" En 2018, 7,4 millions de personnes (11,1 % de la population) résident dans une commune où l’accès à un médecin généraliste est potentiellement limité », soit 1,7 million de plus qu’en 2016. Tel est l’un des principaux constats du premier baromètre santé-social présenté, le 8 décembre, par l’AMF et la Mutualité française (www.amf.asso.fr, réf. BW40441). En moyenne, le ratio est de 151 généralistes pour 100 000 habitants, en 2019. Cela oscille de 94 (dans l’Eure) à 248 (dans les Hautes-Alpes). Les déserts médicaux s’étendent aussi bien en zone rurale qu’en ville, et généralement en banlieue, souligne le baromètre. Le vieillissement de la population (et par là-même la consommation de soins) et l’augmentation de l’âge moyen des praticiens (un généraliste sur trois a plus de 60 ans) sont des facteurs qui augmentent la pression. Les difficultés d’accès aux soins peuvent encore s’accentuer en raison des tarifs pratiqués. Dans certains départements, la part de médecins spécialisés pratiquant des tarifs maîtrisés (secteur 1 ou dispositif tarif maîtrisé) est minoritaire. Les urgences restent, elles, accessibles en moins de 30 minutes à l’immense majorité de la population (98,5 %). Mais d’autres indicateurs sont négatifs : on peut y attendre de 2 à 8 heures suivant son âge et sa région. Entre autres réponses, le baromètre met en avant les centres de santé, comme celui de Nevers (58), ou le service médical de proximité de Laval (53) qui répond au problème des patients sans médecin traitant.
L’impact de l’environnement sur la santé
Le baromètre donne, en outre, des éléments sur les attentes des Français autour de la santé environnementale. La lutte contre la pollution atmosphérique est une priorité. Chaque année, les seuils de polluants les plus nocifs sont dépassés dans plusieurs agglomérations. La France a d’ailleurs été condamnée par la Cour de justice européenne pour cela. À titre de comparaison, la pollution de l’air (48 000 décès prématurés par an) tue plus que l’alcool (41 000 décès). La qualité de l’air intérieure – qui repose notamment sur une bonne aération des locaux – est aussi déterminante pour la bonne santé car les polluants (radon, monoxyde de carbone, fumée de tabac, etc.) sont nocifs. Les collectivités peuvent utilement relayer des messages de prévention sur ce sujet auprès de la population. Dans le domaine de l’action sociale, l’accueil de la petite enfance, le handicap ou l’autonomie sont des domaines où les communes investissent. Le baromètre montre que les territoires ruraux sont d’ailleurs les mieux couverts en établissements d’accueil pour personnes âgées. Un constat identique pour les établissements pour personnes en situation de handicap. Mais des disparités territoriales persistent là aussi, une fois n’est pas coutume, à l’avantage des territoires ruraux. Les inégalités sont toujours aussi fortes sur l’offre de places d’accueil des enfants de moins de 3 ans. C’est en Seine-Saint-Denis que la densité est la plus faible. L’un des départements pourtant les plus jeunes de France.
Lors de la présentation du baromètre, le président de l’AMF a souligné que «l’État a sa mission régalienne mais les territoires doivent devenir les acteurs en rang 1 ou 1,5 des politiques de santé de proximité ». Selon François Baroin, le président de région devrait être le co-président des agences régionales de santé «pour avoir un pilotage territorialisé », «tout le médico-social (Ehpad) » devrait «venir sous l’autorité des départements » et les maires, qui n’ont pas de compétence santé, devraient avoir la possibilité de définir et d’écrire leur projet d’établissement hospitalier. «Il faut plus d’autonomie sur les territoires », confirme Thierry Beaudet, président de la Mutualité française.
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