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Maires de France

Interco et territoires
01/01/1970 Janvier 2019 - n°364
Environnement

Les élus de la montagne se mobilisent contre les loups

Les mesures du plan loup 2018-2023 sont insuffisantes et dangereuses pour la population, estiment-ils.

Monique CASTRO
Le plan national fixe un plafond
d'abattage de 10 à 12 % de canidés
à partir de 2019.
© MEISTERFOTO/AdobeStock
Le plan national fixe un plafond d'abattage de 10 à 12 % de canidés à partir de 2019.
Depuis son retour en France il y a 25 ans, le loup gagne un département par an environ. On compte 360 loups aujourd’hui en France, strictement protégés sur le territoire français et européen. Tous les massifs montagneux sont concernés. La surface vitale pour une meute (6 à 15 membres) se situe entre 20 et 30 km2. On considère qu’une meute est installée quand elle survit l’hiver dans un même endroit. 10 000 bêtes en moyenne succombent chaque année en France d’attaques imputées à des loups. 
« Les élus de la montagne sont tous d’accord pour dire que les grands prédateurs et le pastoralisme ne peuvent pas cohabiter », affirme Pierre Bretel, délégué général de l’Association nationale des élus de la montagne (Anem). Les terres laissées à l’abandon, suite à des attaques de loups ou simplement pour les éviter, représentent un risque accru d’incendie l’été. L’hiver, l’herbe, qui n’a pas été tondue par les bêtes, se couche sous le poids de la neige et favorise les avalanches. « S’il n’y a plus de pastoralisme, n’est-ce pas une atteinte à la biodiversité ? Quel est le gain environnemental de la présence du loup ?, interroge Pierre Bretel. Les paysages dégagés, entretenus par les bêtes sont, eux, un gage de la biodiversité », estime-t-il. « Le loup, ce n’est pas l’écologie, confirme Pierre-Yves Bonnivard, maire de Saint-Colomban-des-Villards (73). Au contraire, on perd de la biodiversité quand les éleveurs arrêtent, que la forêt gagne, il y a moins d’écosystèmes. » 
« On sentait les éleveurs en détresse, explique le maire qui préside l’Union pour la sauvegarde des activités pastorales et rurales (USAPR), une association inter-massifs créée pour réagir aux attaques de loups. On a contacté les élus d’autres départements et la situation était la même. » Car la présence du loup pose aussi un sérieux problème de sécurité. «Or, nous, élus, sommes responsables d’une sécurité sur laquelle nous n’avons pas de prise », s’inquiète Pierre-Yves Bonnivard. À la sécurité des troupeaux que le maire ne peut garantir même sur des pâturages communaux, s’ajoute aujourd’hui la sécurité des habitants et des randonneurs, à cause de la dangerosité des chiens protégeant les troupeaux. 

Inverser la logique

En effet, le nouveau plan loup 2018-2023 (lire ci-contre) préconise le confinement des bêtes la nuit, la pose de clôtures et la surveillance des troupeaux par des chiens. Pour pouvoir être remboursés des pertes de leurs bêtes en cas ­d’attaques, les éleveurs doivent appliquer au moins deux de ces mesures. Or, ces chiens qui gardent les troupeaux, des Patous ou des bergers d’Anatolie, représentent une réelle menace pour les randonneurs. Si le Patou ne s’éloigne pas beaucoup du troupeau, le berger d’Anatolie peut chasser le loup sur des kilomètres. « Quand il revient de ses traques, raconte Nicolas ­Jaubert, maire de Châteaufort (04), le berger d’Anatolie traverse des ­villages, attaque des chiens et peut mordre des hommes. » Dans ce cas, s’agit-il toujours d’un chien de troupeau ou d’un chien divaguant ? « Jusqu’où va notre responsabilité juridique ? », s’interroge ­Jacqueline Dupenloup, maire de Saint-Alban-des-Villards (73). 
Le plan loup est donc très critiqué par les élus. « La gestion des prédateurs fait l’objet d’une gestion “hors sol” par des gens dans des bureaux qui ne connaissent rien au terrain, déplore Pierre-Yves Bonnivard. Ce que nous rencontrons dans les campagnes ne fait que préfigurer ce qui se passera dans les villes quand les loups s’en approcheront. » Le 6 octobre dernier, l’UNAPR a lancé « l’appel de Buis » pour mobiliser contre ce plan (1) jugé inefficace pour stopper les pertes. « Aujourd’hui et d’urgence, il faut revoir le statut de l’espèce Canis lupus : son seuil de viabilité, fixée à 500 loups en France, est atteint ou en passe de l’être, écrivent les élus. En 2018, en France et en Europe, le loup n’est plus une espèce menacée. Nous en appelons à ce que toutes les conséquences en soient tirées. » 

(1) www.leseleveursfaceauloup.fr/usapr-appel-de-buis/ 


Le plan loups 2018-2023
Le plan national d’action sur le loup, annoncé en février 2018, au terme d’une concertation menée en 2017 avec des représentants des éleveurs, des ONG et des élus locaux, vise à assurer la viabilité de l’espèce dans l’Hexagone, et concerne une population de 500 loups d’ici 2023. Il autorise néanmoins des loups à être 
« détruits » pour «prévenir des dommages importants aux troupeaux s’il n’existe pas d’autres solutions ». Un plafond a été fixé pour ces « tirs de prélèvement » à 40 animaux du 1er janvier au 31 décembre 2018. À partir de 2019, il est porté de 10  à 12 % de la population de loups par an. Quelques tirs peuvent être auto­risés par le préfet « au-delà des ­plafonds en cas de situation exceptionnelle ».

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°364 - Janvier 2019
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