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Maires de France

Pratique
01/01/1970 Janvier 2019 - n°364
Numérique, réseaux sociaux

Comment créer un réseau WiFi territorial

En complétant la couverture mobile 4G, les réseaux WiFi territoriaux répondent au besoin de connectivité des usagers partout et en tous lieux.

Olivier DEVILLERS
Le trafic mobile représente plus de 50 % du trafic internet, devant l’internet fixe. Les réseaux WiFi territoriaux gratuits viennent compléter le réseau mobile et tendent à devenir un service public à part entière. Leur mise en œuvre passe par une méthode «projet » qui tient compte des besoins, des contraintes techniques et du cadre juridique.

Déterminer les cibles du réseau WiFi territorial. Les touristes et visiteurs sont les cibles «historiques » des réseaux WiFi. Depuis juin 2017 cependant, les habitants de l’Union européenne n’ont plus à s’acquitter de frais d’itinérance quand ils se déplacent en Europe. Les accès WiFi gratuits restent néanmoins appréciés, la facturation mobile étant fondée sur le volume de données consommées. Pour cette même raison, le service intéressera aussi les habitants et, en particulier, les jeunes qui ont souvent de « petits forfaits » mobiles. Le WiFi peut enfin être assimilé à une composante d’un service existant – transports publics, salle de spectacle, musée, bibliothèque… – pour accéder notamment au volet numérique du service (billettique, catalogue, visite virtuelle…). Enfin, le WiFi est un levier de développement des «smart territoires » pour remonter des données de capteurs ou faire fonctionner des objets connectés.

Ajuster la technique aux besoins.
Pour offrir une connexion de qualité – attention à l’effet déceptif si ce n’est pas le cas ! –,  le réseau et les bornes WiFi doivent être correctement dimensionnées. Sur un site touristique isolé, une borne solaire réceptionnant internet par la 4G suffira pour accueillir une dizaine de connexions simultanées. Dans un lieu public conçu pour plusieurs centaines de personnes, un accès très haut débit et des bornes WiFi professionnels seront indispensables. Le signal Wifi a par ailleurs une portée limitée à quelques dizaines de mètres et est sensible aux obstacles. Certains lieux, comme un musée situé dans un bâtiment ancien aux murs épais, nécessiteront une étude préalable pour évaluer le nombre et l’emplacement des bornes. En extérieur, les bornes devront pouvoir résister aux intempéries en s’intégrant, par exemple, au mobilier urbain. 

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C’est le nombre de bornes déployées par Tours Métropole sur 104 sites pour son réseau WITM. 
Un investissement de 210 000 euros sur trois ans.

Recourir à une expertise. La création d’un réseau WiFi territorial ne s’improvise pas. Pour les études préalables, le déploiement, l’exploitation et la maintenance des bornes, les collectivités peuvent déléguer tout ou partie de leur réseau WiFi territorial, notamment à des opérateurs WiFi spécialisés. 
On en compte une centaine en France – opérateur local ou national, société de services informatiques, afficheurs… – dont les profils sont aussi variés que le périmètre des prestations. Le choix du prestataire dépendra des objectifs de couverture de la collectivité et de la préexistence, ou non, d’un réseau de collecte sur lequel connecter les bornes WiFi. À cet égard, on recommandera aux communes de se rapprocher du réseau d’initiative publique (RIP) local en amont du projet afin de déterminer les synergies possibles entre la collecte du RIP et la desserte WiFi.

Respecter le cadre réglementaire. La création d’un réseau WiFi public s’inscrit dans le cadre de la législation sur les communications électroniques (art. L. 1425-1 du CGCT). Le service doit répondre à une carence de l’initiative privée (ou se limiter à la desserte de lieux publics) et être cohérent par rapport au schéma directeur territorial d’aménagement numérique (SDTAN). Si la collectivité décide de gérer le réseau, et non de le déléguer, elle doit assumer l’ensemble des responsabilités associées : déclaration auprès de l’Arcep, suivi des normes sur les émissions d’ondes électromagnétiques et respect des règles d’utilisation des fréquences afin notamment d’éviter le brouillage (lire ci-contre), collecte et conservation des données de connexion, respect de la vie privée, transmission à l’Hadopi des coordonnées des contrevenants aux droits d’auteur… Dans tous les cas, l’usage public du réseau WiFi sera conditionné à la validation d’une charte rappelant les droits et devoirs de l’utilisateur.

Évaluer les coûts du réseau. Le coût d’un réseau WiFi dépend du service attendu, du périmètre délégué au prestataire et du modèle économique. Selon le guide du WiFi territorial de la Banque des territoires, une borne « indoor » coûte jusqu’à 600 euros et son équivalent « outdoor » jusqu’à 1 500 euros. Un matériel auquel il faut ajouter éventuellement du génie civil pour amener une fibre (de 1 000 à 4 000 euros). L’installation est facturée de 500 à 1 000 euros, et l’exploitation de 400 à 500 euros par an. Un réseau WiFi territorial peut bénéficier de subventions, notamment de l’Europe via le programme WiFi4EU. Lancé début 2018, WiFi4EU cible les collectivités mal couvertes en réseaux et les communes sélectionnées peuvent bénéficier d’une subvention plafonnée à 15 000 euros pour la création du réseau WiFi.

Réguler l’accès au réseau. Faire payer l’accès au réseau WiFi s’avère à la fois compliqué (encaissement, parcours client…) mais surtout antinomique avec la finalité du projet : permettre au plus grand nombre de bénéficier d’une facilité de plus en plus perçue comme partie intégrante du service public. Les collectivités doivent aussi se méfier des prestataires proposant la création d’un réseau WiFi «gratuit ». Ces offres comportent souvent des coûts cachés (accès au mobilier urbain, à des liaisons très haut débit) et reviennent à faire financer le projet par les commerçants locaux via la publicité. Concilier gratuité et qualité de service impose cependant une régulation. Le réseau WiFi étant partagé entre plusieurs utilisateurs, il convient de limiter certains usages (téléchargement de données, vidéo…), en particulier pour les bornes qui ne sont pas desservies par de la fibre. 


Avis d’expert 
Catherine Gabay,   

directrice adjointe du contrôle du spectre à l’Agence nationale des fréquences (ANFR)
« La bande de fréquence à 5GHz est ouverte aux réseaux locaux sans fil (RLAN) sous réserve qu’ils respectent certaines obligations. Un équipement RLAN mal configuré ou non conforme peut brouiller les radars météo déclenchant une investigation de l’ANFR pour déterminer l’origine de la perturbation. Le détenteur du réseau RLAN (1) incriminé est responsable, même s’il fait exploiter son réseau par un tiers. En plus de devoir interrompre ses transferts de données ou son service d’accès à Internet pour réparer ou changer d’équipements, il s’expose à une taxe pour frais d’intervention de 450 euros et à des sanctions pénales de six mois de prison et 30 000 euros. Être conforme à la réglementation suppose de respecter les puissances maximales autorisées pour les équipements RLAN et de scanner en continu la bande de fréquences pour éviter celles utilisées par des radars météo grâce au système dynamique de sélection de fréquences (DFS). La principale conséquence de ces obligations est de limiter la puissance des bornes WiFi, et donc les distances couvertes par ces liaisons sans fil. L’autre point à considérer est l’absence de garantie de protection contre les brouillages. Il convient de noter que les collectivités disposent de solutions complémentaires pour développer leur connectivité numérique : réseaux mobiles professionnels, faisceaux hertziens… dont la particularité est d’utiliser des fréquences soumises à redevance mais protégées contre les brouillages. »
(1) Ce réseau utilise des technologies radio (dont le WiFi) pour couvrir des bâtiments ou espaces extérieurs.

Simplifier l’authentification
L’accès au réseau WiFi doit être aussi fluide que ­possible. Le réseau gagnera ainsi à être porté par un échelon intercommunal ou départemental, une seule authentification autorisant la connexion à n’importe quelle borne du territoire. Des bornes qui peuvent elles-mêmes émettre un message pour proposer aux passants de se connecter gratuitement. La procédure d’authentification doit enfin être simplifiée, un formulaire trop long freinant les usages. À Tours (Indre-et-Loire), la métropole a ainsi opté pour la simple acceptation des conditions d’utilisation du réseau WITM, sans échange de mail ni mot de passe.
 

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