Éducation prioritaire : quelle réforme ?
Des rapports récents (1) suggèrent une gestion plus locale des moyens et/ou un périmètre élargi des territoires concernés. Le gouvernement annonce une expérimentation, dès la rentrée 2021, mettant fin au zonage des réseaux d'éducation prioritaire (REP). Propos recueillis par Emmanuelle Stroesser
ophie Celton, adjointe au maire de Septèmes-les-Vallons (11 000 hab., Bouches-du-Rhône)
" Faire un bilan partagé et conforter les moyens. "
" Toute réforme doit avant tout revenir sur les fondamentaux de la mise en place de l'éducation prioritaire au tout début des années 1980. à savoir l'égalité pour tous, en s'en donnant les moyens. La réflexion doit également s'appuyer sur la convention des droits de l'enfant. Mais elle doit aussi, et surtout, commencer par un bilan partagé avec l'ensemble des acteurs, ce qui comprend les parents, les associations actives sur l'accompagnement scolaire, les centres sociaux, etc. Sinon, cela ne marchera pas. Cela avait été amorcé avec la concertation lancée par Jean-Louis Borloo, en 2018, mais cela a été balayé d'un revers de main. Une autre condition porte sur la reconnaissance des équipes qui interviennent dans les écoles. C'est essentiel si l'on veut des équipes plus stables. Cela profite à tout le monde. Jusqu'à présent, nous avons eu cette chance chez nous d'avoir de telles équipes. Celles-ci doivent être aussi soutenues dans leurs projets. Le lire et le compter sont importants, mais ils ne suffisent pas. Les enfants ont besoin de projets autour de l'environnement, découvrir le cinéma, car cela les aide aussi à se construire. Globalement, il ne faudrait pas qu'une réforme bouscule tout. On sait également que l'on doit disposer de moyens. C'est pourquoi il me semble important de conserver un zonage, à l'échelle nationale, si on veut éviter des inégalités selon les territoires. »
Catherine Arenou, maire de Chanteloup-les-Vignes (10 374 hab., Yvelines)
" Réformer la géographie de l'éducation prioritaire. "
" Le minimum nécessaire serait la réforme de la géographie de l'éducation prioritaire. Car la dernière en date n'a pas permis de faire correspondre son périmètre à celui des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Résultat, les écoles de certains territoires sont dépourvues de moyens supplémentaires alors qu'elles devraient en avoir plus et inversement. Il faudrait donc a minima statuer sur ces territoires, où il existe une inéquité de moyens. Certains méritent d'entrer dans le dispositif, d'autres de sortir de l'éducation prioritaire. Ce réajustement à la marge aurait le mérite de rééquilibrer les moyens, sans bouleverser l'équilibre de l'éducation prioritaire. Les écarts restent malgré tout toujours importants en matière de réussite scolaire. S'agissant des quartiers politique de la ville, cela tient aussi à une politique équilibrée de peuplement qui fait toujours défaut. Les écoliers continuent à être majoritairement des enfants habitant ces quartiers. Or, cette population y est de plus en plus précaire. Néanmoins, certaines choses bougent. Manifestement, le dédoublement des classes a un impact important sur les apprentissages. Dans des classes de 10 à 15 élèves, l'apprentissage devient quasi individuel. Or, c'est de cela dont les enfants ont besoin. L'expérience des cités éducatives donne aussi de belles perspectives, à commencer par le fait qu'elle stabilise les équipes pédagogiques. »
(1) Celui rendu au ministre de l'éducation nationale par Ariane Azema et Pierre Mathiot en novembre 2019, celui des sénateurs Laurent Lafon et Jean-Yves Roux en octobre 2019, et celui de la Cour des comptes en octobre 2018.
Cet article a été publié dans l'édition :
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