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juin 2021
Environnement Santé

Lutter contre le moustique tigre

La communauté d'Agglomération Var-Estérel-Méditerranée est engagée, depuis 2011, dans une lutte sans merci contre cet insecte, vecteur de maladies. Par Frédéric Ville

Illustration
© CAVEM
Le service de lutte contre les nuisibles éradique les gîtes larvaires avec un produit à rémanence limitée à 10 jours.

 « Le moustique tigre a reculé sur le territoire. Sauf foyers d’infestation localisés, il est désormais actif seulement en soirée, sans être trop abondant », assure Fabien Walicki, responsable du service de lutte contre les nuisibles de la communauté d’agglomération Var-Estérel-Méditerranée (CAVEM, 113 022 hab., Var). Le territoire revient de loin : « Le moustique tigre est arrivé en 2006-2007, explique-t-il. Il s’est répandu dans tous les quartiers, affectionnant, contrairement au moustique ordinaire, les moindres petites eaux stagnantes » où il pond ses œufs (gîtes larvaires). Élus et habitants étaient inquiets du risque épidémique, le moustique tigre étant le vecteur potentiel de graves maladies (dingue, chikungunya, zika). Une personne peut contracter l’une de ces maladies s’il se fait piquer par un moustique infecté. En 2011, la CAVEM crée un service dédié qui, depuis 2014, s’étend à ses cinq communes (Les Adrets de l’Esterel, Fréjus, Puget-sur-Argens, Roquebrune-sur-Argens et Saint-Raphaël). Pour être efficace, le service de lutte contre les nuisibles agit sur les espaces publics et privés. Il a d’abord recensé et cartographié 2 500 zones potentiellement exposées : avaloirs d’eaux de pluie, coffrets techniques, bassins de rétention, fossés, caniveaux, etc. Il a ensuite adopté dans les espaces publics et les parties communes du domaine privé un traitement biologique préventif des gîtes larvaires, avec un produit à rémanence limitée (10 jours). « Depuis 2013, on utilise des granules à dispersion aqueuse et à rémanence de 6 à 8 semaines limitant les tournées », explique Fabien Walicki. Pour quels effets sur la biodiversité ? « Le bacille, qui ne crée quasiment pas de résistance, est assez sélectif et on n’intervient que dans les zones naturelles très productives proches d’habitations », précise le responsable du service. Dans les secteurs très infestés, un traitement curatif est privilégié, par pulvérisation de pyréthrinoïdes (et non ­brumisation pas assez précise), en complément des actions contre les larves. Ces traitements adulticides sont préconisés par les agences régionales de santé et réalisés par des opérateurs privés ou publics (souvent des Ententes interdépartementales, lire ci-dessous) dans les endroits où un patient suspect, signalé par un médecin, s’est déplacé (et dans un rayon de 150 m). Pour ­Grégory ­L’Ambert, expert du moustique tigre à l’Entente interdépartementale de démoustication (EID) Méditerranée, « les pyréthrinoïdes risquant de provoquer des résistances, il faut les réserver à ces cas de maladies ». Les bornes anti-moustiques, attirant puis aspirant les moustiques, ne sont en revanche pas utilisées par la CAVEM. « Ce n’est pas efficace dans les espaces publics, l’être humain attirant plus le moustique », précise Grégory L’Ambert.
 

Jardins privés

Pour traiter les jardins des particuliers, où le moustique tigre est très présent, la CAVEM envoie aux habitants, à chaque début de printemps, un courrier indiquant une date de visite par quartier. « Au total, notre service a visité 25 000 propriétés depuis dix ans, assure Fabien Walicki. Chaque agent fait le tour du jardin avec les propriétaires : on retourne les arrosoirs, les coupelles, on pose des voiles de moustiquaires, par exemple sur les cuves de récupération d’eaux de pluie, etc. » Pour Grégory L’Ambert, la mobilisation des habitants est préférable au traitement larvicide : « Vider l’arrosoir, supprimer les coupelles est efficace à 100 %, le traitement, lui, ne l’est qu’à 80-85 %. » Plus efficace que dans les espaces publics, le piège à moustiques peut être utilisé en complément dans les jardins. Pendant la saison, la CAVEM met à disposition son numéro vert (0 800 10 40 11) : les habitants peuvent signaler une nuisance anormale (forte concentration de moustiques toute la journée). Un agent se déplace et traite le problème chez le demandeur ou dans un rayon de 100 mètres autour. Toutes ces actions ont fait reculer le moustique tigre.
 

L’EID Méditerranée  
L’Entente interdépartementale de démoustication (EID) Méditerranée, opérateur public de l’ARS, contrôle chaque année la nuisance causée par les espèces de moustiques ciblées, issues des zones humides littorales et rétro-littorales. Elle procède aux traitements insecticides dans le cadre de la lutte antivectorielle. L’EID apporte aussi son expertise aux collectivités dans plusieurs domaines : diagnostics de sites, préconisations d’aménagement et de gestion, suivis côtiers, projets de gestion dunaire. Il forme également les agents territoriaux. https://eid-med.org/ 
Contact

Cavem : https://bit. ly/3b97qMG

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°391 - JUIN 2021
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