Les communautés de communes se saisissent des mobilités
Une communauté sur deux a pris la compétence AOM qui sera effective au 1er juillet. Les EPCI doivent maintenant élaborer leur stratégie. Par Martine Kis
Lors de sa commission transports, mobilités, voirie du 28 avril, l’AMF a pointé une stratégie régionale « parfois dissuasive envers la prise de compétence par les CC », les régions ne souhaitant pas la partager ou s’en défaire. « Des régions ont mis la pression sur les CC en leur expliquant que la prise de compétence incluait la gestion des transports scolaires, ce qui est faux », a souligné Frédéric Cuillerier, co-président de la commission de l’AMF. D’autres ont indiqué qu’elles réduiraient leur soutien financier aux CC en matière de mobilité. Début mars, l’AMF avait rappelé à l’ensemble des présidents de CC les règles et les objectifs de la LOM qui exclut notamment toute réduction des engagements financiers des régions et l’obligation pour les CC devenues AOM de gérer les transports scolaires. Et précisé que la région restera responsable de l’organisation du service de transport scolaire dans son ensemble, si la CC ne demande pas le transfert de ce service. Dans ce contexte, la CC du Grand Pic Saint-Loup (34) fait partie de celles qui ont renoncé. « La région Occitanie a expliqué, dans un courrier, être contre cette prise de compétence au motif que celle-ci sera trop morcelée et posera des problèmes de tarification multimodale », dit Nathalie Mas-Raval, directrice générale des services (DGS). « Nous avons l’espoir d’une collaboration intelligente », commente Hussam Almallak, vice-président à l’aménagement du territoire, qui précise que l’EPCI ne voulait pas hériter du «dossier épineux du transport scolaire ». Car lorsque la CC n’est pas AOM, c’est la région, devenue AOM locale « par substitution », qui est la seule compétente pour organiser des services publics de transport/mobilité sur le ressort de la CC (lire ci-dessous).
Les enjeux liés à la prise de compétence ont pu aussi tempérer l’engagement des CC. Il s’agit d’une compétence « mobilité » et non « transport », ce qui n’est pas neutre : les mobilités recouvrent les transports doux, l’autopartage… et non plus essentiellement les transports lourds. À charge pour les élus d’adapter l’offre aux besoins de territoires souvent peu denses. « Les maires ont été unanimes pour prendre la compétence, se réjouit Julien Poupon, vice-président chargé des mobilités à Landerneau-Daoulas (29). La CC disposait déjà d’un plan de mobilité mais pas de la compétence pour le mettre en place. »
Louise Larcher,
conseillère technique de l’AMF
« Le maire reste un acteur central »
Travailler à l’échelle des bassins de mobilité
La plupart des communautés ne sont pas si avancées. En dépit des alertes de l’AMF auprès du gouvernement sur la nécessité de décaler l’échéance pour la prise de compétence, en raison notamment de la Covid, le calendrier imposé par la loi d’organisation des mobilités (LOM) du 24 décembre 2019 a obligé nombre de CC à, d’abord, prendre la compétence, puis à élaborer leur stratégie avant de se lancer enfin. D’autant plus que la réflexion sur l’offre en matière de mobilité du quotidien doit se mener à l’échelle des bassins de mobilité et se traduire par des contrats de mobilité entre la région et les AOM. La coopération s’impose aussi avec le département et avec les métropoles voisines pour relier urbain et périurbain, mais aussi avec les représentants des employeurs, les associations d’usagers ou d’habitants et tout acteur que l’AOM estime en mesure de pouvoir l’aider à évaluer les besoins de mobilité et les réponses à déployer. Le retour sur expérience montre la nécessité d’un travail à long terme et progressif. « Le Bassin de Pompey a été avant-gardiste », s’enthousiasme Valentin Dethou, vice-président délégué aux mobilités et intermodalités de la CC du Bassin de Pompey (54), qui a pris la compétence transport dès 1997. En 2001, la communauté ajoute la mobilisation de sa flotte en renfort du transport scolaire départemental. Disposant d’un plan de déplacement urbain dès 2008, elle lance un plan de déplacement interentreprises en 2011. En 2021, elle intègre ses différentes démarches dans un plan local d’urbanisme intercommunal habitat et déplacements. « Être AOM permet d’être un accélérateur des changements de pratiques. » La CC, entièrement couverte par les transports publics, développe désormais le transport à la demande, a lancé un plan vélo participatif, se pose la question de la location de vélo, réfléchit aux trajets vers l’école… versement mobilité Ces politiques demandent des moyens financiers. L’AOM peut lever le versement mobilité (VM), si elle met en place un service régulier de transport public de personnes. Ce qui demande souvent du doigté. Ainsi, la commune de Landerneau perçoit déjà le versement mobilité, ce qui n’est pas le cas de la CC. Un travail de diagnostic et de réflexion y est mené avec les entreprises pour identifier leurs besoins et problématiques. Ce n’est qu’après concertation, que le versement mobilité serait perçu à l’échelle communautaire. Decazeville Communauté (12), qui exerce la compétence depuis 2015, a, elle, du mal à percevoir le VM. « Deux grandes entreprises, en redressement judiciaire, ne le versent pas. Il n’est pas non plus versé en cas de chômage partiel et nous avons des entreprises de moins de 11 salariés exonérées de VM », décrit Michèle Couderc, vice-présidente en charge des transports. «L’année prochaine, équilibrer financièrement notre offre se fera au détriment d’autres projets. »
Cet article a été publié dans l'édition :
- Élections régionales et départementales : tout savoir sur l'organisation des scrutins
- Décentralisation : le texte du gouvernement déçoit les élus locaux
- Vacances apprenantes et quartiers d'été : édition 2021
- Politique de la ville : les élus s'impatientent
- « Le répertoire des lobbies devrait être étendu aux collectivités en 2022 »
- Conseillers numériques : pourquoi le dispositif « peine à démarrer »
- Climat : l'AMF réservée sur le projet de loi
- Covid-19 : employeurs publics et agents ont assuré
- Laïcité : former les agents publics
- Conférence sur l'avenir de l'Europe : la parole aux citoyens
- Relance : bientôt des crédits européens
- Culture : devenir Capitale européenne en 2028
- Règles électorales : évolution
- Aides européennes : le guide
- Leader : ça va mieux !
- Reconnaissance faciale : exceptions
- Les communautés de communes se saisissent des mobilités
- La Dordogne reprend de la vitesse
- Solidarité communautaire : les fonds de concours
- Quels sont les modes de répartition du FPIC ?
- Soutien aux commerces de proximité
- Développement des communes nouvelles
- Tout savoir sur la gestion des ressources humaines
- Enquête de l'AMF sur les pactes de gouvernance
- Gouvernance. Les intercommunalités resserrent les liens avec les maires
- Renforcer la proximité des élus avec la justice
- Lutter contre le moustique tigre
- Créer un groupe local de traitement de la délinquance
- Une épicerie en libre-service à Paulmy
- Villegailhenc confrontée au chaos après les inondations
- Il dote sa commune d'une maison France Services
- Commande publique. L'essentiel de la réforme des CCAG
- Plan de relance : les financements pour les projets numériques
- Environnement : atteindre le « zéro artificialisation nette »
- Travailler avec... La Mutualité sociale agricole
- Drones. Quels nouveaux usages ?
- Analyse - Accès aux soins : le cadre d'action des collectivités
- Textes officiels - Schémas directeurs de développement des infrastructures de recharge électrique
- Textes officiels - Règles des nouveaux comités sociaux territoriaux
- Textes officiels - Risques naturels : évolution de la gestion du Fonds Barnier
- Textes officiels - Aides à l'électrification rurale : nouveau mode d'emploi
- Brève - Fin de la trêve hivernale : les expulsions locatives se feront a minima
- Brève - Une nouvelle ordonnance centrée sur l'accueil du jeune enfant
- Brève - Tourisme : tout savoir sur les meublés
- Brève - Régies d'avances et de recettes : les nouvelles règles de gestion des espèces
- Brève - Contre le vol, le marquage des vélos devient obligatoire en 2021
- Brève - Le classement des hébergements touristiques est prolongé jusqu'au 31 décembre 2021
- Brève - Dématérialisation des autorisations d'urbanisme : une aide financière pour les collectivités qui anticipent
- L'AMF vous répond
- L'AMF vous répond
- L'AMF vous répond
- Maire et secrétaire de mairie. Un tandem au quotidien
- La prise en charge des accidents subis par les élus
- Le maire et la classe retrouvée
Maires de France est le magazine de référence des maires et élus locaux. Chaque mois, il vous permet de décrypter l'actualité, de partager vos solutions de gestion et vous accompagne dans l'exercice de votre mandat. Son site Internet, mairesdefrance.com, vous permet d’accéder à toute l'information dont vous avez besoin, où vous voulez, quand vous voulez et sur le support de votre choix (ordinateur, tablette, smartphone, ...).