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Maires de France
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janvier 2020
Environnement

Piolenc crée une centrale photovoltaïque flottante

Avec la mise en service de la plus importante centrale solaire flottante d'Europe, la commune (Vaucluse, 5 200 habitants) devient une collectivité à énergie positive.

Thierry GUERRAZ
Illustration
© Akuo Energy
Piolenc crée une centrale photovoltaïque flottante
Le contraste est saisissant : la centrale nucléaire de Marcoule (30) fait quasiment face à la toute nouvelle centrale photovoltaïque flottante de Piolenc (84) inaugurée mi-octobre dernier. Un joli pied de nez comme le dit Louis Driey, maire de Piolenc quand il présente ce qui constitue la plus grosse réalisation européenne de ce type. Avec ses 47 000 capteurs, cette centrale solaire baptisée « O’MEGA1 » est installée sur 17 ha d’un lac artificiel appartenant à la commune. Elle produit 17 mégawatts d’électricité par an, soit l’équivalent de la consommation d’environ 4 700 foyers (plus de 10 000 hab.). À ce titre, Piolenc peut se targuer d’être une des premières communes à « énergie positive » (elle produit plus qu’elle ne consomme). Elle le sera d’autant plus que la centrale passera à 22 mégawatts à partir du début 2020 grâce à une extension de 5 ha.
Cette technique révolutionnaire, utilisée jusqu’alors en France à très petite échelle, a pour principal avantage de ne pas empiéter sur le foncier et donc d’éviter les conflits d’usage avec l’agriculture, et ce, d’autant plus que ce projet voit le jour sur un milieu artificialisé. C’est aussi l’aboutissement d’un combat de dix ans. En 2008, le maire de Piolenc permet des essais de flotteurs sur le lac qui s’avèrent concluants : « Services de l’État, financeurs potentiels, élus de tous bords, tout le monde était dubitatif à l’époque », se souvient Louis Driey. Avec la mise en place d’un prototype, une première mondiale, par la PME Ciel et Terre et l’entrée en jeu de la société Akuo Energy, producteur indépendant français d’énergie renouvelable, le projet prend forme. 
Au total, 17 ME seront mis sur la table. De l’argent privé (banque Natixis et Akuo) mais pas seulement, comme le précise Louis Driey : « Très vite, nous avons désiré associer la population au projet pour qu’elle se l’approprie. D’où le lancement cette année d’une plateforme de financement participatif, Akuocopp, qui permet aux Piolençois et aux habitants des communes voisines d’investir dans la centrale à partir de 50 E. Avec un franc succès, les 500 000 E escomptés ayant déjà été atteints et dépassés en 40 jours ! » La commune a, pour sa part, acquis environ 9 % des actions de la société de projet O’MEGA1, filiale d’Akuo Energy, et réalisé une avance en compte courant d’associés de 200 000 E, «une première en France pour un tel montant depuis l’adoption de la loi sur la transition énergétique et la croissante verte du 17 août 2015 », se félicite Louis Driey. 

Un rendement amélioré

En contrepartie, la commune percevra de Akuo Energy, producteur et gestionnaire de la centrale, 25 000 E par an pendant 52 ans pour la location des 17 ha du lac artificiel. De plus, la commune négocie avec la société Plum, fournisseur d’électricité 100 % renouvelable, pour que les particuliers puissent bénéficier d’un tarif préférentiel sur cette énergie verte. L’électricité produite sera aussi revendue à d’autres communes limitrophes. 
Enfin, la ville a souhaité accompagner ce projet par le biais d’autres initiatives : installation de deux agriculteurs bio sur 2 ha près de la centrale dont la production alimentera en produits maraîchers les cantines scolaires de la ville et de la communauté de communes Aygues Ouvèze, volet pédagogique (ateliers sur la transition écologique et agricole, sur les énergies renouvelables…) auprès d’enfants du centre de loisirs sous la direction d’intervenantes d’Akuo.
« La réussite du projet est d’autant plus scrutée par les pouvoirs publics que l’installation de centrales solaires de ce type sur l’ensemble des plans d’eau et des retenues artificielles de l’hexagone permettrait, sans empiéter sur les zones agricoles, de produire 22 gigawatts d’électricité par an sur la période diurne compatible au solaire, soit l’équivalent de 22 réacteurs nucléaires », soutient Louis Driey. De quoi en effet creuser la question et libérer les énergies… créatrices.     

Les autres actions de développement durable
Piolenc s’est déjà engagée dans un projet global de développement durable depuis près de quinze ans. À son actif, l’implantation de trois éoliennes alimentant trois entreprises situées sur le site, l’installation de trois bornes de rechargement pour véhicules électriques ou le raccordement d’un tiers des 90 bornes incendie de la commune sur un réseau d’irrigation d’eau du Rhône sous pression afin d’économiser la ressource en eau potable. Et en projet, la construction d’un lotissement de 80 logements en autoconsommation photovoltaïque et l’installation d’apiculteurs.

 

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°375 - janvier 2020
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