"Le renouvellement urbain redémarre"
L'Agence nationale pour la rénovation urbaine a validé plus de 150 projets en 2018. Le financement de l'ANRU est a priori stabilisé selon son président, Olivier Klein.
2011 Maire de Clichy-sous-Bois
2015-2018 Vice-président du Conseil national des villes
Depuis novembre 2017 Président de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). www.anru.fr
Vous promettiez une accélération du programme de renouvellement urbain en 2018. Quels en sont les signes tangibles ?
Sur les 220 projets nationaux à l’étude, plus de 150 sont passés en comité d’engagement. J’espère que tous les projets seront validés d’ici à la fin 2019. On aura alors atteint les 10 milliards d’euros de travaux.
Et du côté des projets régionaux ?
Nous avons validé la quasi-totalité des projets régionaux et déconcentré leur financement au niveau des préfets. Quand un projet est inférieur à 7 millions d’euros, le préfet peut le valider seul.
Les maires se plaignaient de lourdeurs administratives.
Avez-vous allégé les procédures ?
Peut-être que l’on validait plus vite dans l’ANRU 1 mais on ajoutait ensuite beaucoup de phases d’étude. Là, on espère qu’une fois les projets validés, la mise en œuvre soit plus rapide. Nous avons introduit des processus plus clairs et un calendrier. Nous avons supprimé la réunion technique paritaire qui rendait mal à l’aise les élus car le préfet y présentait leur projet sans eux. Nous avons mis en place un groupe de travail avec des élus qui ne sont pas membres du conseil d’administration. Je tiens à les voir régulièrement pour adapter notre fonctionnement aux besoins.
D’autres changements sont-ils en préparation ?
Nous donnons des autorisations de démarrage anticipé, car le renouvellement urbain s’étale sur un temps long. Or, les habitants ont besoin d’avoir des changements dans leur quotidien. Montrer que la ville va changer est de nature à les rassurer.
Vous vouliez mettre l’accent sur les écoles. Qu’en est-il ?
L’école a souvent l’âge de ces quartiers. Elle peut être fatiguée. Je plaide pour que les projets prennent en compte cette dimension scolaire. L’ANRU a décidé de mieux financer les projets au sein desquels l’école joue un rôle central.
Constatez-vous des changements de fond sur les projets eux-mêmes ?
Ils sont toujours ambitieux. Ce sont des projets très intégrés avec des équipements publics comme les écoles. Il y aura peut-être un peu plus de rénovation que de démolition mais cela reste à vérifier une fois tous les projets validés. Le principe d’une démolition = une reconstruction n’est plus un dogme absolu. Cela reste un objectif mais à l’échelle de l’agglomération, pour aider à la mixité.
L’objectif de mixité sociale n’a pas été atteint dans l’Anru 1. Pourquoi ?
Cela est lié essentiellement à l’absence d’attractivité de ces quartiers. On a réhabilité des logements sans avoir pu y ramener toutes les fonctions nécessaires de la ville que sont les transports, la tranquillité, l’école autour de l’habitat. Des fonctions essentielles pour réussir un programme de renouvellement urbain. Cependant, nous n’avons pas à rougir de tout ce qui a été fait. Car l’ANRU a aussi permis que des habitants n’envisagent plus de partir.
Les moyens financiers de l’ANRU sont-ils stabilisés ?
Le budget de l’agence pour le nouveau programme est passé de 5 à 10 milliards d’euros avec un effort plus important d’Action Logement (7 milliards d’euros) et le retour de l’État (avec 1 milliard d’euros). Je ne vois pas l’État ni l’Union sociale pour l’habitat (USH) ni l’Action Logement revenir sur leurs engagements. J’aurais juste aimé que l’État aille plus loin dans les lois de finances pour ne pas prêter le flanc aux doutes.
La crainte des bailleurs est-elle totalement levée ?
Il reste des inquiétudes. Car les efforts de réduction sociale des loyers (en compensation de la baisse des aides personnalisées au logement – APL) ont des effets sur leurs fonds propres. Mais ce n’est pas l’ANRU qui peut régler ce problème. En revanche, nous avons prévu la possibilité de les soutenir jusqu’à 100 % sur les coûts de démolition.
La création de l’Agence nationale de la cohésion des territoires vous inquiète-t-elle ?
Pas du tout. À ce stade, je comprends que l’ANRU va garder son indépendance à l’intérieur de cette agence au sein de laquelle différentes entités vont pouvoir travailler ensemble. Ce que nous faisons déjà avec l’Agence nationale de l’habitat (ANAH), notamment sur les copropriétés. Il est sain et utile que nous soyons tous sous une égide commune.
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Cet article a été publié dans l'édition :
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