Budget européen : le Parlement européen va-t-il changer la donne ?
Les eurodéputés ne digèrent pas certains pans de l'accord conclu entre les Vingt-sept, en juillet. Ils menacent de bloquer le processus. Et en ont le pouvoir.
La PAC et la cohésion relativement épargnées
Dans le viseur du Parlement figure une série de coupes budgétaires sur lesquelles les dirigeants européens se sont entendus pour satisfaire ceux que l’on appelle « les frugaux » (Pays-Bas, Suède, Autriche, Danemark). « Le Parlement ne cautionnera pas un fait accompli et est prêt à refuser de donner son approbation [au budget pluriannuel] jusqu’à ce qu’un accord satisfaisant soit trouvé », ont prévenu les députés dans une résolution largement adoptée en juillet. Ceux-ci demandent notamment de revoir à la hausse les enveloppes prévues pour un fonds d’aide aux départements qui seront les plus touchés par la transition énergétique et climatique (le Fonds pour une transition juste, lire ci-contre), pour Erasmus, pour le programme de soutien à la culture Europe créative (qui soutient, par exemple, les Journées européennes du patrimoine et le Label du patrimoine européen) ou encore pour un nouveau programme de santé proposé en pleine crise du covid-19 et qui sort complètement déshabillé du Sommet européen. Pour obtenir le feu vert de l’Assemblée, pas le choix : la présidence allemande du Conseil doit négocier. Sachant que ses marges sont très étroites, tant l’équilibre de l’accord est fragile.
Le Sommet européen a prévu de consacrer plus de 330 Mdse à la cohésion économique, sociale et territoriale en 2021-2027 (auxquels s’ajouteront 47,5 Mdse du plan de relance destinés à la politique de cohésion, sous le label «React-EU ») avec, bonne nouvelle pour la France, près de 48 Mdsepour les régions dites « en transition », un budget en hausse par rapport aux propositions initiales. Au regard des critères de classement retenus, la plupart des régions métropolitaines françaises, sauf l’Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes, relèveront de cette catégorie. Des allocations complémentaires ont aussi été dégagées pour les régions ultrapériphériques – 6 des 9 RUP européennes sont françaises. Le tout, avec des taux de cofinancement à charge de l’Europe globalement plus élevés que ce que proposait la Commission européenne – et c’est aussi une bonne nouvelle puisque cela signifie une moindre contrepartie nationale et régionale. «La politique de cohésion n’a pas été considérée comme la variable d’ajustement. On est globalement satisfait », opine-t-on du côté de Régions de France.
La PAC ne s’en sort pas trop mal, même si son budget est un peu en baisse par rapport à 2014-2020. Une PAC qui devra être «verdie » car l’accord prévoit que 40 % de ce budget devra être consacré à des actions pour le climat. Mais le Feader (développement rural) a perdu des plumes. Alors que le plan de relance devait le créditer de 15 Mdse supplémentaires, ce bonus a été diminué de moitié. Reste donc 7,5 Mdse, à ajouter au budget « classique » de 77,8 Mdseconvenu pour le Feader sur 2021-2027. On est en dessous de l’enveloppe (plus de 96 Mdse) de 2014-2020. Reste à préciser ce que cela signifiera pour l’enveloppe nationale. La France a en tout cas réussi à arracher une rallonge de 1,6 Mde à son montant Feader, ce qui fait qu’elle ne sera pas forcément perdante.
Plan de relance : 40 MdsE pour la France
Du plan de relance de 750 Mdse, Bruno Le Maire a estimé qu’il devrait revenir environ 40 Mdse de subventions à la France, dont la grosse partie devra être distribuée en 2021 et 2022, le solde en 2023. Cela inclut la part française de « React-EU » que les régions vont devoir flécher vers des projets de relance post-covid (soutien au système des soins de santé, aides aux indépendants, aux PME…). Les chiffres définitifs sur ce qui reviendra à la France ne seront cependant pas connus avant octobre. Si ce sont bien les régions qui seront à la manœuvre pour distribuer les fonds React-EU, ces dernières espèrent aussi être associées à la confection des priorités que le gouvernement doit présenter à Bruxelles pour dépenser le reste de l’enveloppe de relance – sa plus grosse partie dans les faits. « L’État doit associer les régions pour mettre tout cela en musique. On parle ici d’investissements dans le haut débit, le tourisme, les filières aéronautiques et automobile... Ce sont aussi nos compétences », revendique Régions de France.
Le Parlement voudrait conclure les négociations avec le Conseil d’ici fin octobre, pour ne pas compromettre le démarrage des nouveaux programmes au 1er janvier 2021. Quid si pas d’accord ? Il est alors prévu de prolonger temporairement le budget correspondant à la dernière année de la période 2014-2020, c’est-à-dire des plafonds 2020.
Une solution « Pleinement compatible », dit le Parlement, avec l’adoption des nouveaux programmes. Pour la PAC, une transition de deux ans a été convenue par le Parlement et le Conseil entre la période actuelle et la nouvelle période, qui ne débuterait donc qu’en 2023. Mais cet accord doit encore être formellement approuvé.
Cet article a été publié dans l'édition :
- Transition verte : ce que prévoit le plan européen
- Préparer la transition énergétique du territoire
- Flotte automobile : gérer la transition vers l'électrique
- Déchets : les compétences de la commune et de l'EPCI
- Les professionnels cherchent à valoriser les textiles
- Le numérique au service des élus et des habitants
- Urbanisme : les ordonnances sur le Scot et les normes décryptées
- Logement social
- Numérique : les élus au centre du déploiement de la 5G
- Les collectivités agissent en faveur des mobilités actives
- Mobilité durable
- Le livre comme outil de développement culturel
- Crise sanitaire : les centres de santé se réorganisent
- La gestion des assurances communales
- Rappels sur les fonctions du maire en matière de lutte contre la délinquance, ses qualités d'OPJ et d'OEC
- La mutualisation des agents de police municipale
- Redynamiser le commerce en centre-ville
- Covid-19 : les élus face aux conséquences sociales
- Financement des contrats d'apprentissage dans la fonction publique territoriale
- Budget européen : le Parlement européen va-t-il changer la donne ?
- Europe : les grands dossiers d'actualité de la rentrée
Maires de France est le magazine de référence des maires et élus locaux. Chaque mois, il vous permet de décrypter l'actualité, de partager vos solutions de gestion et vous accompagne dans l'exercice de votre mandat. Son site Internet, mairesdefrance.com, vous permet d’accéder à toute l'information dont vous avez besoin, où vous voulez, quand vous voulez et sur le support de votre choix (ordinateur, tablette, smartphone, ...).