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Maires de France
Solutions locales
mars 2019
Écoles, éducation, alimentation

Une cantine-bistrot sauve l'école

Faute de cantine scolaire, l'école était en danger. Beaumont-du-Ventoux (292 hab., Vaucluse) a trouvé la parade : faire déjeuner les enfants dans un bistrot de pays.

Thierry GUERRAZ
Illustration
© Thierry Guerraz
En plus des produits frais et équilibrés qu'ils savourent chaque jour, les enfants profitent aussi d'un confort. Avant 2015, ils devaient se rendre à la cantine de Malaucène, située à 4 km de Beaumontdu-Ventoux. Ce qui leur laissait peu de répit pour être de retour à l'heure sur les bancs de l'école l'après-midi.
Sereins, calmes, détendus… L’attitude de la dizaine d’enfants attablés au bistrot de pays contraste singulièrement avec l’agitation rencontrée traditionnellement dans une cantine scolaire. Et pourtant, ces enfants de la classe unique de l’école de Beaumont-du-Ventoux sont bel et bien à la cantine… Petit retour en arrière. En 2001, l’un des objectifs prioritaires du maire, Bernard Charrasse, est de redonner vie au village. Les commerces ont déserté, le lien social se délite : « Les habitants ne se voyaient plus qu’à l’occasion des enterrements », résume l’élu. Pour y remédier, la nouvelle équipe municipale se met en quête d’un établissement. Elle s’oriente vers la solution du bistrot de pays mais avec l’idée qu’il puisse servir aussi de cantine scolaire. Car les enfants de l’école doivent se rendre à Malaucène, à 4 km de là, pour se restaurer : «Le minibus de 9 places n’était pas assez grand pour prendre les 12 à 13 élèves de l’école, et devait effectuer deux allers et retours. Les derniers élèves transportés avaient à peine 30 minutes pour manger », se souvient Bernard Charrasse. Plus inquiétant, les parents s’orientaient de plus en plus vers la scolarisation de leurs enfants à Malaucène. «Il fallait réagir. C’était une question de survie de l’école », reconnaît le maire.

50 repas quotidiens sont servis au  bistrot de pays « La Fourchette du Ventoux »

La municipalité cherche le terrain idoine, près de l’école. En 2012, c’est sur une ancienne bergerie que se construit le bistrot avec notamment une cuisine intégrée dans laquelle la commune investit 80 000 e. Sur les 600 000 e nécessaires pour acheter le terrain, construire et aménager l’intérieur, 50 % sont financés par l’État, la région Sud, le Vaucluse, la communauté d’agglomération Ventoux Comtat Venaissin et la réserve parlementaire. 

2,90 euros par repas 

Cependant, il reste à trouver le bon gérant. Les réponses à l’appel d’offres et aux annonces locales ne correspondent pas aux vœux de la commune. Une publication dans un magazine professionnel de la restauration débloque la situation. Sur les 33 candidats, 6 sont retenus. Au final, le choix de la municipalité se porte sur un couple avec leur fils, et la commune signe avec eux le marché public de restauration scolaire : « Dans notre cahier des charges, il y avait obligation d’être ouvert la majeure partie de l’année et pendant tout le temps scolaire. Nous avons signé un bail de trois ans avec une location de 200 e par mois, qui a augmenté progressivement pour aboutir à un bail commercial en 2017. » Car le bistrot, « La Fourchette du Ventoux », ouvert en avril 2015, a su peu à peu trouver sa clientèle. Aujourd’hui, il sert environ 50 repas par jour : «des gens du village, des touristes ou des ouvriers opérant sur des chantiers dans la région », note le maire. Pour l’anecdote : un couple de seniors de Vaison-la-Romaine, située à 12 km, y vient pour simplement être en contact avec les enfants. Ces derniers, accompagnés par une employée de la mairie, peuvent se restaurer au même tarif qu’à la cantine de Malaucène, soit 2,90 e par repas. Cerise sur le gâteau, avec des produits frais et équilibrés. Le maire pointe les bienfaits de cette alimentation : « Il y a une éducation au goût. Ils ont accès à des plats différents, à des saveurs auxquelles ils n’étaient pas habitués. Ils apprécient. » Ainsi que la municipalité qui se félicite de cette opération qui a offert un nouvel élan au village.    

• Fédération nationale des bistrots de pays. Tél. 04 92 77 68 86.
• La Fourchette du Ventoux. Tél. 04 90 28 97 86.

Un label exigeant créé en 1993
Créé en 1993 par Bernard Reynal, agent de développement territorial dans les Alpes-de-Haute-Provence, le label 
« Bistrot de Pays » (1), géré par une fédération nationale depuis 2003, répond à un cahier des charges précis. Le bistrot ne peut s’implanter que dans des ­villages de moins de 2 000 hab. et doit constituer le dernier ou l’un des derniers commerces du village. Il doit être ouvert toute l’année, donner une place prépondérante aux produits du terroir, proposer des services de base (dépôt de pain, de journaux, petite épicerie...), ou bien encore organiser des animations festives et culturelles au moins trois fois par an. Aujourd’hui, 200 bistrots de pays sont recensés dans 23 départements. Ils représentent 700 emplois directs sans compter les emplois saisonniers. 
(1) www.bistrotdepays.com

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°366 - Mars 2019
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