Center Parcs à Roybon : le bras de fer gagné par les opposants
Face à la mobilisation de zadistes, le groupe Pierre et Vacances a fini par céder. Au grand dam de la commune (1 179 hab., Isère) qui a dû faire le deuil de retombées économiques importantes. Par Thierry Guerraz

Le soutien des collectivités aura été vain
Sur le plan juridique, la situation devient de plus en plus inextricable. Tribunal administratif, cour d’appel, Conseil d’État se prononcent, dans une alternance de revers et de victoires pour le projet de Center Parcs. La préservation de zones humides est notamment au centre des procédures judiciaires, véritable pierre d’achoppement entre les associations de défense de l’environnement et Pierre et Vacances. Le 8 juillet 2020, de guerre lasse, Pierre et Vacances jette l’éponge. Le soutien des collectivités (commune, communauté de communes Bièvre Chambaran, département, région), dont certaines participaient au financement du projet sous forme de subventions, aura été vain : « Nous devions, pour notre part, débloquer 4 millions d'euros pour la construction d’un contournement routier du village », précise Serge Perraud. Pour Pierre et Vacances, l’autorisation de défrichement étant devenu caduque et l’accès du site étant bloqué par les «zadistes », l’opération est devenue impossible. La décision de l’opérateur de renoncer au projet n’a pas surpris Serge Perraud : « Depuis l’adoption de la loi du 24 juillet 2019 qui a redéfinit les zones humides, impactant les projets d’aménagement, les dés étaient jetés selon moi. ». Au final, 250 gendarmes se chargent de l’évacuation du site, le 13 octobre 2020, sans incident majeur. Restait à faire place nette : « L’État et Pierre et Vacances, à qui revenait la prise en charge de l’opération de nettoyage du site, sont toujours mobilisés, souligne Serge Perraud. Ils ont évacué environ 40 épaves de voitures et ont eu recours à 50 bennes pour libérer cet espace de déchets divers et variés. » Jusqu’au bout, la commune aura eu à subir des désagréments. Dans la nuit du 2 au 3 décembre 2020, des voitures sont brûlées, les portes de la mairie et de commerces sont fracassées. L’enquête, en cours, n’a pas encore pu déterminer les auteurs de ces dégradations.

Serge Perraud, maire de Roybon (38)
« Après le temps du dépit
vient celui de l’action ! »
• Quels sentiments vous animent aujourd’hui ?
De l’amertume, une grande déception et un sentiment de gâchis. Roybon a été le théâtre d’enjeux politiques et j’ai l’impression que tout a été instrumentalisé. Je regrette le manque d’intervention de l’État qui n’a pas fait respecter le droit par ceux qui ont envahi illégalement le bois de Chambaran. J’ai dû me battre à la fois pour défendre le projet de Center Parcs et pour rééquilibrer les comptes de la commune. En héritant d’une dette de 5,2 millions d’euros, je me devais de remettre à flots les finances de la commune. C’est désormais pratiquement fait.
• Les retombées économiques escomptées étaient énormes.
Comment se projeter dans l’avenir ? Après le temps du dépit vient celui de l’action ! Il n’est pas question de nous apitoyer sur notre sort. Il y a tant à faire : la rénovation de la traversée du village et de notre patrimoine, l’entretien des chemins, la construction d’une station d’épuration, etc. J’espère aussi qu’avant la fin du mandat, une base de loisirs, au bord de notre lac, émergera pour accroître l’attractivité du village. Je me bats aussi pour le maintien de nos services publics. À l’instar de la gendarmerie, dont la préservation était conditionnée à l’ouverture du Center Parcs et qui, finalement, ne semble plus menacée.
• Le 14 juillet 2020, vous avez adressé une lettre à Emmanuel Macron. Qu’attendez-vous du chef de l’État ?
Après cette lettre, j’ai pu obtenir un rendez-vous à l’Élysée avec son «conseiller territoires ». Ma demande porte principalement sur une aide spéciale dérogatoire de l’État car j’estime que la commune de Roybon a subi un préjudice. J’ai bon espoir que des fonds se débloquent pour aider notre commune à se revitaliser.
Suivez Maires de France sur Twitter: @Maires_deFrance
Cet article a été publié dans l'édition :
- Tempête Alex : la lente reconstruction des communes dévastées
- Santé : l'état veut décentraliser le choix et le financement des projets
- Covid-19 : employeurs et agents ont répondu présents
- Protection sociale : les élus paieront en partie
- « Les collectivités pourront-elles investir autant qu'auparavant ? »
- Justice : une mission pour améliorer les relations avec les élus locaux
- Projet de loi « 4D ». Une décentralisation a minima
- Sécurité globale : le Sénat amende le texte
- Expérimentation : le Parlement adopte la réforme
- Éducation : plusieurs dossiers « chauds » pour les élus locaux
- « L'épidémie de Covid-19 a suscité des recours fondés sur ses effets, réels ou supposés »
- Les eurodéputés restent à l'écoute des attentes des acteurs locaux
- Les principaux dossiers portés par la France
- CRTE : des périmètres « stabilisés » mais des questions
- Le Vigan ouvre un « campus connecté »
- Relations financières communes-EPCI. La dotation de solidarité communautaire
- La police des dépôts sauvages est-elle distincte de la police de la collecte des déchets ménagers ?
- Les maires face à la complexité des fonds européens
- Contrôler l'instruction à domicile : comment les communes s'organisent
- Carrières-sous-Poissy renforce la sécurité routière
- Oise : traiter les violences contre les personnes
- Strasbourg sensibilise ses agents à la radicalisation
- Center Parcs à Roybon : le bras de fer gagné par les opposants
- Hautmont se dote d'une police municipale
- Comment élaborer les lignes directrices de gestion
- Air intérieur : la règlementation pour une bonne aération des locaux
- Service civique : recruter des jeunes volontaires
- Comment cartographier les applications de la collectivité
- Travailler avec... Le réseau « Bienvenue à la ferme »
- Cybermalveillance : des outils pour agir
- Carte nationale d'identité électronique : un déploiement progressif
- Meublés de tourisme : règlementation
- Déchets D3E : à vos conventions !
- Analyse - Logements sociaux : le rôle des acteurs locaux
- Textes officiels - La participation des employeurs publics à la protection sociale complémentaire bientôt obligatoire
- Textes officiels - Favoriser un dialogue social de qualité et de proximité
- Textes officiels - Organisation des élections départementales et régionales
- Textes officiels - Plafonnement des frais pédagogiques au titre du droit individuel à la formation des élus locaux
- Brève - Drones : les maires sous surveillance
- Brève - Élections : le permis de conduire « rose » est recevable
- Brève - Covid-19 et fonction publique territoriale : tout savoir
- Brève - Frais spécifiques des élus locaux
- Brève - Réfugiés : développer des logements
- Brève - Le dispositif d'étalement des dépenses Covid-19
- Brève - La règlementation environnementale 2020 reportée à 2022
- L'AMF vous répond
- L'AMF vous répond
- L'AMF vous répond
- Relations maires et adjoints. Entre confiance et responsabilité
- Les déclarations d'intérêts et de patrimoine
- Le maire et le château d'eau
Maires de France est le magazine de référence des maires et élus locaux. Chaque mois, il vous permet de décrypter l'actualité, de partager vos solutions de gestion et vous accompagne dans l'exercice de votre mandat. Son site Internet, mairesdefrance.com, vous permet d’accéder à toute l'information dont vous avez besoin, où vous voulez, quand vous voulez et sur le support de votre choix (ordinateur, tablette, smartphone, ...).