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décembre 2021
Sport

Périgueux dans le bain du plan aisance aquatique

La commune (30 000 habitants, Dordogne) entend lutter contre les noyades en sensibilisant les plus jeunes.

Sophie Le Gall
Illustration
© Ville de Périgueux
Des stages gratuits permettent à des enfants non-nageurs d'appréhender l'entrée dans l'eau, l'immersion et la flottaison.
Fin juillet 2021, Santé publique France s’est alarmée d’un nombre élevé de noyades survenues entre les seuls mois de juin et de juillet : 300 dont 79 décès. Le bilan a pu être aggravé, toujours selon l’agence nationale, par le relâchement post-confinement (mauvaise condition physique, prise de poids…). Au terme de la saison estivale, 250 personnes ont perdu la vie dans l’eau pendant les grandes vacances. Soit une légère baisse par rapport à la précédente enquête de 2018, probablement en raison de la météo, mais le bilan reste élevé. Le nombre de noyades accidentelles se concentre chez les enfants âgés de moins de 6 ans (26 %) et les personnes âgées de 65 ans et plus (20 %).

À Périgueux, le constat est concordant : «nous comptons chaque année en Dordogne beaucoup trop de noyades d’enfants, en particulier dans le cadre privé des piscines familiales », explique Paul Maso, adjoint aux sports et conseiller départemental. Pour tenter d’inverser la tendance, la commune s’est engagée, en 2021, dans le plan interministériel «Aisance Aquatique » (Éducation nationale, Jeunesse et Sports, Intérieur et Santé), lancé en 2019 et ouvert aux enfants dès l’âge de 4 ans.

L’aisance aquatique, qui s’acquiert en piscine, s’adresse aux non-nageurs et se distingue de l’apprentissage des nages codifiées. Elle vise une expérience positive de l’eau et une adaptation au milieu aquatique : l’entrée et la sortie de l’eau, l’immersion, la découverte de la flottaison ou encore la capacité à pouvoir rejoindre le bord du bassin. Le programme, gratuit pour les familles, est dispensé sous la forme de «classes bleues » sur le temps scolaire ou de «stages bleus » sur le temps extrascolaire.


Public défavorisé

Fin septembre 2021, près de 180 fédérations sportives et collectivités s’étaient engagées, représentant un public de 50 000 enfants, indique le ministère des Sports, qui précise que son ambition est de délivrer 400 000 attestations d’ici 2024. Le 29 octobre 2021, à la veille des vacances de la Toussaint, le ministère a d’ailleurs communiqué sur les «nombreux stages organisés pendant les vacances scolaires ».

« Pour commencer, nous avons ciblé, avec l’aide de nos travailleurs sociaux, des enfants de familles très modestes. Notre invitation a été très bien accueillie, les parents étant soulagés que nous leur proposions cet apprentissage. Ils pourront ainsi envoyer leurs enfants en vacances ou les inscrire en colonie de vacances au bord de la mer sans crainte. Et avec le bouche-à-oreille, la demande est vite montée en flèche », explique Paul Maso.

Pour le premier stage bleu de Périgueux, 24 enfants ont été formés avec, en fin de stage, 4 d’entre eux complètement autonomes et 16 en bonne voie. «Nous avions mis en place un système de transport en bus traversant différents quartiers afin de lever le frein à la mobilité. Les cours se sont déroulés dans l’équipement aquatique intercommunal, qui s’est engagé à accueillir les enfants qui souhaiteraient aller plus loin dans leur apprentissage, avec des professionnels spécifiquement formés à la notion d’aisance aquatique », précise l’élu, qui ajoute : «Avec cette expérience, les maîtres-nageurs doivent s’éloigner de l’enseignement classique de la nage pour ouvrir un dialogue avec de jeunes enfants qui ont parfois eu de mauvaises expériences avec l’eau. »

La commune a obtenu une subvention de l’Agence nationale du sport couvrant 50 % des coûts. «La charge de cette expérience est tout à fait supportable au regard de l’enjeu », estime l’élu.

En plus de cette aide, les communes volontaires peuvent prétendre à des subventions territorialisées pour l’adaptation des équipements et la formation des professionnels. «Nous allons programmer de nouveaux stages pendant les vacances scolaires à venir et comptons généraliser le plan aisance aquatique au maximum d’enfants. Trop peu d’entre eux apprennent à nager à l’école, les enseignants ne priorisant pas assez cet apprentissage, sans compter, pour certains établissements, le coût du transport vers les équipements », ajoute Paul Maso.
 

Un bassin mobile à l’Île d’Yeu
Pendant l’été 2021, un bassin mobile a été installé à proximité du complexe sportif communal de l’Île d’Yeu
(5 000 hab., Vendée) afin de dispenser des stages d’aisance aquatique aux enfants qui, tout en habitant sur une île, ne savent pas nager. Pour les communes choisissant la formule du bassin mobile, la subvention de l’État peut atteindre jusqu’à 80 % du coût de l’installation.

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°396 - DECEMBRE 2021
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