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Maires de France
Solutions locales
décembre 2021
Sécurité - sécurité civile

Harcèlement de rue : des zones refuge pour les femmes

À Nîmes (151 875 hab., Gard), des commerçants volontaires ont été formés pour mettre à l'abri des femmes victimes de violences.

Thierry Guerraz
Illustration
© Mairie de Nïmes
Un flyer « #OUESTANGELA » est remis à chaque commerçant, accompagné d'un mémo sur la conduite à suivre.
Le 2 août 2020, une jeune femme de 19 ans se promène dans la rue, à Nîmes, avant d’être prise à partie, insultée puis violemment agressée par trois hommes. La raison ? Ne pas avoir répondu à leurs avances. Cet événement douloureux fait le tour des réseaux sociaux et provoque une onde de choc dans la ville : «Ce fut un élément déclencheur. Trop, c’était trop, d’autant que les cas signalés de harcèlement de rue par la police nationale révélaient une progression inquiétante », souligne Mylène Mouton, déléguée municipale aux droits des femmes et à l’aide aux victimes.

En début d’année 2021, la ville s’empare du dispositif «Angela » lancé par la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. Le principe : offrir une zone-refuge, un commerce en l’occurrence, à toute femme se sentant importunée ou harcelée sur la voie publique. Dès lors que le prénom «Angela » est prononcé, la victime est mise en sécurité dans une zone de repli d’urgence, à l’abri des regards (réserves, bureaux). «En 24 heures, 90 commerçants nîmois ont répondu favorablement à notre emailing de sollicitation », se félicite Mylène ­Mouton.

Aujourd’hui, ils sont 150 à arborer sur leur devanture l’autocollant «#OUESTANGELA ». Tous ont été formés au préalable par le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDDF) du Gard. C’est le cas de Stéphanie Cournier. Elle tient un magasin de vêtements et se montre enthousiaste vis-à-vis à du dispositif : «Nous sommes là pour rassurer, mettre en confiance la femme importunée et avons pour recommandation de ne pas dialoguer avec l’agresseur ». Aux commerçants, en fonction des circonstances et de la gravité des faits, de prendre éventuellement contact par la suite avec un membre de la famille, un taxi, les pompiers ou les forces de police... À cet effet, un flyer résumant la bonne conduite à suivre leur est remis.
 

Dispositif étendu aux établissements publics

Une application ad hoc créée par la ville de Nîmes permet à chacune des femmes victimes de disposer d’une géo-localisation des commerçants-partenaires car «face à une situation de stress, il fallait pouvoir activer un outil extrêmement réactif », précise Mylène Mouton.
Pour mener à bien cette opération, Nîmes a obtenu le soutien de l’État (2 000 euros) pour financer la formation du CIDDF. La commune a débloqué, pour sa part, 25 000 euros pour la partie communication (flyers, stickers...).

Du reste, la Déléguée aux droits des femmes a souhaité élargir le dispositif avec la même exigence de formation aux établissements publics de la ville de Nîmes (centre communal d’action sociale, office de tourisme, maison des associations…).
Par ailleurs, une campagne d’information a été menée dans les bus où, là aussi, des agents ont été formés.

Pour autant, après six mois de fonctionnement, le dispositif «Angela » tarde à trouver son public. Peu de femmes y ont recours. Ce qui n’inquiète pas Mylène Mouton : «Nous ne sommes pas dans une démarche quantitative mais préventive. Le plus important, c’est que les femmes sachent qu’à Nîmes elles ne sont plus livrées à elles-mêmes. » Dans la rue ou chez elles. Ce n’est pas tout à fait un hasard si la ville, lors du deuxième confinement, a lancé un appel solennel pour tenter d’endiguer les violences intrafamiliales en popularisant, via une nouvelle campagne d’information, les coordonnées des acteurs d’aide aux victimes, locaux ou nationaux. Ni qu’elle pose sa candidature en tant que circonscription test pour la dotation de bracelets anti-rapprochement…
 

Malgré la loi, un constat toujours accablant
La loi du 3 août 2018 punit l’outrage sexiste d’une amende oscillant de 90 à 750 € et pouvant aller jusqu’à 3 000 euros en cas de récidive. Et dans le cadre de violences en réunion, les prévenus encourent jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.
Est-ce dissuasif ? La question mérite d’être posée quand on sait que 55 % des femmes disent en 2020 avoir été victimes d’injures dans la rue ou les transports en commun et 20 % d’injures sexistes. Le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures.

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Cet article a été publié dans l'édition :

n°396 - DECEMBRE 2021
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