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28/11/2022
104e Congrès de l'AMF 2022 AMF Transports, mobilité, voirie

Déplacements durables : comment agir pour répondre aux enjeux environnementaux et sociaux ?

Le développement des mobilités durables est essentiel pour répondre à l'enjeu de la décarbonation des transports. Les collectivités doivent s'emparer de tous les outils à leur disposition pendant que l'État doit pérenniser ses financements.

Par Martine Kis
L'action des maires et des présidents d'intercommunalité est confrontée à un certain nombre de difficultés parmi lesquelles la superposition de la compétence mobilité entre différents niveaux de collectivités.
© Victoria Viennet
L'action des maires et des présidents d'intercommunalité est confrontée à un certain nombre de difficultés parmi lesquelles la superposition de la compétence mobilité entre différents niveaux de collectivités.
Les crises sanitaire, climatique, économique et énergétique impactent les déplacements au quotidien, alors que les inégalités d’accès à la mobilité sont toujours importantes. Dans ce contexte, «comment agir pour répondre aux enjeux environnementaux et sociaux », se demandait le forum consacré aux déplacements durables, le 22 novembre, dans le cadre du 104e Congrès de l’AMF.

Les élus doivent relever un défi de taille : face au temps court des transports au quotidien, les investissements sont à long terme, comme le soulignait d’emblée Frédéric Cuillerier, maire de Saint-Ay (3300 hab., Loiret), coprésident de la commission transports, mobilité, voirie de l’AMF. «Il est essentiel que l’État et les collectivités locales travaillent ensemble de façon concertée », a-t-il insisté, tout comme la plupart des intervenants au cours du débat.
 

  • Retrouvez l'interview de Sylvain Laval, maire de Saint-Martin-le-Vinoux (38), co-président de la commission transports de l’AMF en vidéo ci-dessous :


Un appel entendu par Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports, qui a souligné la disponibilité des services déconcentrés de l’État et réaffirmé la «priorité du transport ferroviaire, colonne vertébrale de la mobilité verte ».  Avec quelques bons principes : «arrêter de capter la ressources pour le transport à grande vitesse », répondre aux besoins du quotidien en améliorant les TER mais aussi les petites lignes, investir dans le réseau ferré, «trop vieux »,  développer l’intermodalité.

Le ministre a annoncé que d’ici trois semaines, un plan national sur le covoiturage sera présenté. Et, d’ici deux-trois ans, la mise en place d’un billet unique pour les transports. «Une révolution énorme ».
 

  • Retrouvez la première table ronde du forum en vidéo ci-dessous, avec la participation du ministre délégué chargé des Transports, Clément Beaune :


Les initiatives engagées par les petites communes

Pour les petites communes rurales, il n’est pas simple de répondre à l’enjeu environnemental et social des mobilités durables. Justine Guyot, maire de Décize (5 600 hab., Nièvre), confrontée aux déficiences des liaisons ferroviaires, propose des navettes gratuites mais se questionne sur la pérennité d’un dispositif qui revient à 200 000 € par an.

Jean Girardon, maire de Mont-Saint-Vincent (350 hab., Saône-et-Loire) en appelle à l’inventivité, au-delà du chemin de fer, alors que les besoins de déplacement d’une population vieillissante augmentent. Laurent Favreau, maire de Venansault (4 700 hab., Vendée), décrit le maillage progressif du territoire avec des stations proposant trois énergies pour les véhicules : électricité verte, biogaz de méthaniseur et hydrogène vert. Une offre mise en place par le syndicat départemental d’énergie de la Vendée.
 

Coopération entre différents niveaux

La deuxième partie du forum a permis de souligner l’intérêt de la coopération entre différents niveaux de compétence. Jean-Yves Brenier, maire de Leyrieu (880 hab., Isère), a rappelé l’intérêt pour une communauté de communes de s’emparer de la compétence autorité organisatrice de la mobilité (AOM), ce que la sienne, les Balcons du Dauphiné, a fait malgré le peu d’incitation de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

« L’intercommunalité est la mieux placée pour organiser la mobilité », pense-t-il. Si seulement 47 % des communautés de communes sont aujourd’hui AOM, cela tient aussi à la date butoir fixée par le législateur au 31 mars 2021, trop proche par rapport à la promulgation de la loi d’orientation des mobilités (LOM), fin décembre 2019. C’est pourquoi l’AMF, comme Intercommunalités de France, demandent avec insistance «la possibilité de rouvrir une fenêtre permettant aux intercommunalités de devenir AOM ».

Jean-Luc Gibelin, vice-président «mobilité pour tous » de la région Occitanie, reconnaît l’importance de «travailler ensemble » mais appelle surtout l’État à financer ce qui relève de sa compétence. «Le financement de la mobilité dans les contrats de plan État-région doit être au rendez-vous », a-t-il insisté.

Thierry Coquil, nouveau directeur général des infrastructures, des transports et des mobilités du ministère de la Transition écologique, a regretté le trop grand nombre de zones blanches sans offre de mobilité et appelé les collectivités à s’emparer de tous les outils mis à leur disposition par la LOM : bassin de mobilité, contrat opérationnel de mobilité, comité de partenaires, plan de mobilité, syndicat mixte.
 

  • Retrouvez la deuxième table ronde du forum sur " Quelle gouvernance pour organiser les mobilités durables sur les différents types de territoires " en vidéo ci-dessous :


Développement des mobilités douces

Du côté des usages, troisième partie du forum, si la montée en puissance de la voiture électrique a été rappelée par Olivier Dehaese, maire d’Acigné (6 500 hab., Ille-et-Vilaine), décrivant le réseau de bornes d’alimentation mis en place sur le département, c’est surtout l’« explosion » de l’usage du vélo et du vélo à assistance électrique qui a été débattue.

L’occasion pour les élus de déplorer les obstacles au déploiement de pistes cyclables : meilleur partage de la voirie, acquisition foncière en milieu rural, problème du zéro artificialisation nette qui considère les pistes cyclables comme terre artificialisée. Nicolas Mercat, maire du Bourget-du-Lac (4 500 hab., Savoie), a détaillé les besoins de financement.

Pour arriver à l’objectif de 100 000 km d’infrastructures cyclables en France (52 000 aujourd’hui), il faudrait y consacrer 30 €/an/habitant, contre 15 € aujourd’hui, essentiellement versés par les collectivités locales. Les 250 millions d’euros du plan vélo ne correspondent qu’à 4 €/hab./an. «Il faut avoir des financements pérennes, ne pas découvrir que l’enveloppe d’un appel à projet est épuisée », a demandé Françoise Rossignol, maire de Dainville (5 700 hab., Pas-de-Calais), approuvée par Sylvain Laval, maire de Saint-Martin-le-Vinoux (5 800 han., Isère), coprésident de la commission transports, mobilité, voirie de l’AMF, qui appelle à relever le défi du vélo «partout et pas seulement dans les villes ».
 

  • Retrouvez la troisième table ronde du forum sur " Les outils et moyens d'action pour contribuer au développement des mobilités durables " en vidéo ci-dessous :

 

Vingt-cinq propositions de l’AMF
La commission transports, mobilités, voirie de l’AMF a présenté, en octobre, 25 propositions «Pour une transition adaptée aux déplacements du quotidien ». Elles couvrent pratiquement tout le champ des déplacements vu du côté des collectivités locales : la compétence mobilité, le ferroviaire et les plateformes multimodales, les mobilités douces, les mobilités électriques, les zones à faibles émissions, la sécurité routière.

L’objectif, rappelé par l’AMF, est de sortir de la dépendance aux énergies fossiles et d’accélérer l’indépendance énergétique du pays. Pour ce faire il est indispensable d’investir dans la diversification des modes de transport et des énergies renouvelables. Les propositions sont «un prérequis indispensable à l’atteinte des objectifs fixés par le gouvernement pour la décarbonation des transports ».

 

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