Un appel entendu par Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports, qui a souligné la disponibilité des services déconcentrés de l’État et réaffirmé la «priorité du transport ferroviaire, colonne vertébrale de la mobilité verte ». Avec quelques bons principes : «arrêter de capter la ressources pour le transport à grande vitesse », répondre aux besoins du quotidien en améliorant les TER mais aussi les petites lignes, investir dans le réseau ferré, «trop vieux », développer l’intermodalité.
Le ministre a annoncé que d’ici trois semaines, un plan national sur le covoiturage sera présenté. Et, d’ici deux-trois ans, la mise en place d’un billet unique pour les transports. «Une révolution énorme ».
Pour les petites communes rurales, il n’est pas simple de répondre à l’enjeu environnemental et social des mobilités durables. Justine Guyot, maire de Décize (5 600 hab., Nièvre), confrontée aux déficiences des liaisons ferroviaires, propose des navettes gratuites mais se questionne sur la pérennité d’un dispositif qui revient à 200 000 € par an.
Jean Girardon, maire de Mont-Saint-Vincent (350 hab., Saône-et-Loire) en appelle à l’inventivité, au-delà du chemin de fer, alors que les besoins de déplacement d’une population vieillissante augmentent. Laurent Favreau, maire de Venansault (4 700 hab., Vendée), décrit le maillage progressif du territoire avec des stations proposant trois énergies pour les véhicules : électricité verte, biogaz de méthaniseur et hydrogène vert. Une offre mise en place par le syndicat départemental d’énergie de la Vendée.
La deuxième partie du forum a permis de souligner l’intérêt de la coopération entre différents niveaux de compétence. Jean-Yves Brenier, maire de Leyrieu (880 hab., Isère), a rappelé l’intérêt pour une communauté de communes de s’emparer de la compétence autorité organisatrice de la mobilité (AOM), ce que la sienne, les Balcons du Dauphiné, a fait malgré le peu d’incitation de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
« L’intercommunalité est la mieux placée pour organiser la mobilité », pense-t-il. Si seulement 47 % des communautés de communes sont aujourd’hui AOM, cela tient aussi à la date butoir fixée par le législateur au 31 mars 2021, trop proche par rapport à la promulgation de la loi d’orientation des mobilités (LOM), fin décembre 2019. C’est pourquoi l’AMF, comme Intercommunalités de France, demandent avec insistance «la possibilité de rouvrir une fenêtre permettant aux intercommunalités de devenir AOM ».
Jean-Luc Gibelin, vice-président «mobilité pour tous » de la région Occitanie, reconnaît l’importance de «travailler ensemble » mais appelle surtout l’État à financer ce qui relève de sa compétence. «Le financement de la mobilité dans les contrats de plan État-région doit être au rendez-vous », a-t-il insisté.
Thierry Coquil, nouveau directeur général des infrastructures, des transports et des mobilités du ministère de la Transition écologique, a regretté le trop grand nombre de zones blanches sans offre de mobilité et appelé les collectivités à s’emparer de tous les outils mis à leur disposition par la LOM : bassin de mobilité, contrat opérationnel de mobilité, comité de partenaires, plan de mobilité, syndicat mixte.
Du côté des usages, troisième partie du forum, si la montée en puissance de la voiture électrique a été rappelée par Olivier Dehaese, maire d’Acigné (6 500 hab., Ille-et-Vilaine), décrivant le réseau de bornes d’alimentation mis en place sur le département, c’est surtout l’« explosion » de l’usage du vélo et du vélo à assistance électrique qui a été débattue.
L’occasion pour les élus de déplorer les obstacles au déploiement de pistes cyclables : meilleur partage de la voirie, acquisition foncière en milieu rural, problème du zéro artificialisation nette qui considère les pistes cyclables comme terre artificialisée. Nicolas Mercat, maire du Bourget-du-Lac (4 500 hab., Savoie), a détaillé les besoins de financement.
Pour arriver à l’objectif de 100 000 km d’infrastructures cyclables en France (52 000 aujourd’hui), il faudrait y consacrer 30 €/an/habitant, contre 15 € aujourd’hui, essentiellement versés par les collectivités locales. Les 250 millions d’euros du plan vélo ne correspondent qu’à 4 €/hab./an. «Il faut avoir des financements pérennes, ne pas découvrir que l’enveloppe d’un appel à projet est épuisée », a demandé Françoise Rossignol, maire de Dainville (5 700 hab., Pas-de-Calais), approuvée par Sylvain Laval, maire de Saint-Martin-le-Vinoux (5 800 han., Isère), coprésident de la commission transports, mobilité, voirie de l’AMF, qui appelle à relever le défi du vélo «partout et pas seulement dans les villes ».