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01/12/2022
104e Congrès de l'AMF 2022 Santé

Accès aux soins médicaux : les maires pistent les solutions locales

La question de l'obligation d'installation des médecins reste un débat clivant. Difficile d'écarter le sujet dans un débat sur l'accès aux soins. Mais cela n'a pas été le seul « levier » évoqué lors du forum du 104 e Congrès des maires, consacré aux solutions locales pour lutter contre les déserts médicaux, mercredi 23 novembre.

Emmanuelle Stroesser
Forum sur l'accès aux soins du 104 Congrès des maires et des présidents d'intercommunalité, 23 novembre 2022
© Aurélien Faidy
Forum sur l'accès aux soins du 104 Congrès des maires et des présidents d'intercommunalité, 23 novembre 2022
Faut-il obliger les médecins à s’installer sur les territoires moins bien dotés ? Le sujet est inévitable dans un débat sur l’accès aux soins. D’autant plus quand «six millions de Français sont sans médecin traitant, dont 650 000 pourtant en affection longue durée (ALD) » a rappelé le maire de Douai (59) et co-président de la commission Santé de l’AMF, Frédéric Chéreau, en ouverture du forum consacré à la sante, lors du 104e Congrès des maires et des présidents d’intercommunalité.

Le ministre dit non 

Les échanges sur ce sujet sont toujours vifs. Ils l’ont été particulièrement avec les jeunes - et futurs - médecins. Cela a commencé avec l’apostrophe du maire d’Eauze (32), Michel Gabas, rebaptisé le «magicien d’Eauze » par le député du Cher Nicolas Sansu, co-signataire d’une prochaine proposition de loi «transpartisane » sur l’obligation d’installation. Michel Gabas propose des «licences d’exercice » en contrepartie des études de médecine «payées par l’État ». Les applaudissements font bondir des représentants d’internes. Le ministre de la Santé et de la prévention François Braun, calme le ban, en réfutant toute «solution radicale ».

« La coercition n’est pas une solution mais en plus le traitement sera pire que le mal », prévient-il. Réfutant dans la foulée la notion de «zones sous denses et sur denses : je ne sais pas ce que c’est, les agences régionales de santé ne le savent pas non plus ». Ce qui provoque un léger brouhaha dans le public. 

Les solutions «simples » du terrain qui fonctionnent

Les communes continuent de s’engager dans une compétence qui n’est pas la leur, et qu’elles ne veulent surtout pas voler à l’État. Avec l’expérience du Covid-19, les territoires estiment avoir toutefois gagné le droit que «l’État leur fasse confiance » et la légitimité d’être «co-acteurs » selon l’expression de Claire Peigné, maire de Morancé (69), co-présidente de la commission Santé de l’AMF.
 
Les communes - et leurs intercommunalités - continuent à créer des maisons de santé pluridisciplinaires, des centres de santé, des «cabinets médicaux éphémères », des «centres de soins immédiat », etc. D’autres, «chouchoutent » les internes en pariant sur le fait que cela influencera leur choix d’installation. Les jeunes internes approuvent et insistent : le logement est un problème majeur, qui peut suffire à choisir une ville plutôt qu’une autre pour un stage.

Raphaël Daubet, le maire de Martel (46) a, lui, choisi d’agir encore plus en amont, en cherchant «à susciter la vocation médicale auprès des gamins » de son territoire. Une démarche là encore saluée par les internes.

Autre levier évoqué, les contrats locaux de santé (CLS) ou de santé mentale (CLSM), importants pour «faire remonter des constats » ou que «les acteurs se parlent » enfin.

Au delà de l’urgence, c’est aussi un système de soins qu’il faut reprendre, en misant vraiment sur la prévention défend le maire de Reims et président de la Fédération hospitalière de France, Arnaud Robinet. Citant l’expérimentation menée dans cinq territoires sous le nom barbare de «responsabilité populationnelle ». L’enjeu : identifier les pathologies à risque et mener une politique de dépistage et prévention avec tous les acteurs, de la ville à l’hôpital. «Et cela donne des résultats ! » assure l’élu.

Des propositions à confirmer

Les professionnels de santé s’organisent aussi collectivement. Avec les communautés professionnelles territoriales de santé (les CPTS), pour mieux coordonner médecine de ville et hôpital. Les sept ordres de santé (infirmiers, médecins, pharmaciens, kinés, sages-femmes, dentistes, pédicures) se sont mis d’accord pour développer le partage des soins entre médecins et professionnels de santé et ainsi «dégager du temps médical ». Des propositions aujourd’hui dans les mains du gouvernement.
 
Le temps presse pour les communes. «Comment fournir en médecins un deuxième hôpital attendu » sur l’île, interpelle un élu de Mayotte. Au ministre qui vante «les solutions locales », des maires s’inquiètent que certaines habillent Pierre en déshabillant Paul, et que cela alimente la «course au plus offrant ».

Claire Peigné et Frédéric Chéreau, les deux co-présidents de la commission santé de l’AMF, le répètent aux ministres : «nous avons besoin de réponses rapides, concrètes et à court terme dans nos communes ! ». Les travaux du volet Santé du Conseil national de la refondation donnent désormais le cadre pour y travailler.

Les autres déterminants de la santé
« La présence des médecins est sans doute indispensable mais parmi les vrais autres grands déterminants de la santé, c’est la pratique du sport ». Le géographe Emmanuel Vigneron, docteur en histoire et géographie, spécialiste des cartes sur la démographie médicale, met ainsi en perspective d’autres facteurs que le nombre de médecins pour 100 000 habitants pour nourrir le débat sur l’accès aux soins.
« N’oublions pas que la santé est un problème multifactoriel et ne concerne pas que la médecine, loin s’en faut ». À l’appui, son étude cartographique des «déterminants de mortalité à l’échelle des bassins de vie ». Une étude qui n’est pas pour déplaire au ministre, selon qui, «se fixer sur [les pourcentages de médecin] et non sur les besoins de santé de la population, c’est aussi l’erreur ». 

 

Ci-dessous, la vidéo du débat sur l'accès aux soins du 104e Congrès des maires

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