Les échanges sur ce sujet sont toujours vifs. Ils l’ont été particulièrement avec les jeunes - et futurs - médecins. Cela a commencé avec l’apostrophe du maire d’Eauze (32), Michel Gabas, rebaptisé le «magicien d’Eauze » par le député du Cher Nicolas Sansu, co-signataire d’une prochaine proposition de loi «transpartisane » sur l’obligation d’installation. Michel Gabas propose des «licences d’exercice » en contrepartie des études de médecine «payées par l’État ». Les applaudissements font bondir des représentants d’internes. Le ministre de la Santé et de la prévention François Braun, calme le ban, en réfutant toute «solution radicale ».
« La coercition n’est pas une solution mais en plus le traitement sera pire que le mal », prévient-il. Réfutant dans la foulée la notion de «zones sous denses et sur denses : je ne sais pas ce que c’est, les agences régionales de santé ne le savent pas non plus ». Ce qui provoque un léger brouhaha dans le public.
Les communes continuent de s’engager dans une compétence qui n’est pas la leur, et qu’elles ne veulent surtout pas voler à l’État. Avec l’expérience du Covid-19, les territoires estiment avoir toutefois gagné le droit que «l’État leur fasse confiance » et la légitimité d’être «co-acteurs » selon l’expression de Claire Peigné, maire de Morancé (69), co-présidente de la commission Santé de l’AMF.
Les communes - et leurs intercommunalités - continuent à créer des maisons de santé pluridisciplinaires, des centres de santé, des «cabinets médicaux éphémères », des «centres de soins immédiat », etc. D’autres, «chouchoutent » les internes en pariant sur le fait que cela influencera leur choix d’installation. Les jeunes internes approuvent et insistent : le logement est un problème majeur, qui peut suffire à choisir une ville plutôt qu’une autre pour un stage.
Raphaël Daubet, le maire de Martel (46) a, lui, choisi d’agir encore plus en amont, en cherchant «à susciter la vocation médicale auprès des gamins » de son territoire. Une démarche là encore saluée par les internes.
Autre levier évoqué, les contrats locaux de santé (CLS) ou de santé mentale (CLSM), importants pour «faire remonter des constats » ou que «les acteurs se parlent » enfin.
Au delà de l’urgence, c’est aussi un système de soins qu’il faut reprendre, en misant vraiment sur la prévention défend le maire de Reims et président de la Fédération hospitalière de France, Arnaud Robinet. Citant l’expérimentation menée dans cinq territoires sous le nom barbare de «responsabilité populationnelle ». L’enjeu : identifier les pathologies à risque et mener une politique de dépistage et prévention avec tous les acteurs, de la ville à l’hôpital. «Et cela donne des résultats ! » assure l’élu.
Les professionnels de santé s’organisent aussi collectivement. Avec les communautés professionnelles territoriales de santé (les CPTS), pour mieux coordonner médecine de ville et hôpital. Les sept ordres de santé (infirmiers, médecins, pharmaciens, kinés, sages-femmes, dentistes, pédicures) se sont mis d’accord pour développer le partage des soins entre médecins et professionnels de santé et ainsi «dégager du temps médical ». Des propositions aujourd’hui dans les mains du gouvernement.
Le temps presse pour les communes. «Comment fournir en médecins un deuxième hôpital attendu » sur l’île, interpelle un élu de Mayotte. Au ministre qui vante «les solutions locales », des maires s’inquiètent que certaines habillent Pierre en déshabillant Paul, et que cela alimente la «course au plus offrant ».
Claire Peigné et Frédéric Chéreau, les deux co-présidents de la commission santé de l’AMF, le répètent aux ministres : «nous avons besoin de réponses rapides, concrètes et à court terme dans nos communes ! ». Les travaux du volet Santé du Conseil national de la refondation donnent désormais le cadre pour y travailler.
Ci-dessous, la vidéo du débat sur l'accès aux soins du 104e Congrès des maires
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