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Maires de France
Interco et territoires
01/11/2019
Transports, mobilité, voirie

Toulouse : un schéma directeur cyclable pour l'agglomération

Les cinq EPCI de l'agglomération toulousaine vont créer un << réseau express vélo >> (REV) auquel les communes viendront greffer leur propre réseau.

Monique CASTRO
Illustration
© Tisséo © Saada et Ferrer
Le réseau sera constitué de treize « autoroutes » à vélo qui desserviront notamment les zones économiques.
D’ici 2030, environ 4 habitants sur 5 de la grande agglomération toulousaine (un million d’habitants) pourront se rendre à leur travail à vélo s’ils le souhaitent. Sont concernés ceux qui habiteront à moins d’un kilomètre d’une piste cyclable inscrite dans le schéma directeur cyclable d’agglomération arrêté dans le cadre du projet « mobilités 2020-2025-2030 ». Ce projet, porté par Tisséo, l’autorité organisatrice des transports de la grande agglomération, constitue le plan de déplacements urbains (PDU, approuvé en février 2018) que toutes les agglomérations de plus de 100 000 habitants doivent réaliser. « Je reçois des appels d’agglomérations qui veulent en savoir davantage sur la façon dont nous avons réussi à fédérer cinq intercommunalités (1) dans cette démarche », souligne Jean-Michel Lattes, premier adjoint au maire de Toulouse et président du SMTC Tisséo. 

Deux lignes circulaires

L’impulsion a été donnée en février 2018, à la suite de l’enquête publique de validation du PDU. Deux commissaires enquêteurs ont émis des réserves sur la part insuffisante des « modes actifs », c’est-à-dire ceux faisant appel à l’énergie musculaire – vélo, marche, trottinette , rollers… – et demandé que soient développées des pistes cyclables. Pendant dix-huit mois, Tisséo a animé un groupe de travail composé de l’État, de la région, du département, des intercommunalités, des associations d’usagers du vélo et de représentants d’entreprises. Ils ont défini un réseau cyclable élaboré à l’échelle des cinq agglomérations et des 114 communes couvertes par le PDU, qui a été présenté en juin. « Nous avons jusqu’en décembre prochain pour définir un cahier des charges, évaluer les coûts, pour ensuite le voter », précise Jean-Michel Lattes. 
Concrètement, le projet prévoit la création d’un «réseau express vélo » (REV) auquel les communes viendront greffer leur propre réseau cyclable. Le REV se compose de 13 « autoroutes » à vélo, de 3 à 5 mètres de large : deux circulaires (l’une autour du centre-ville de Toulouse, l’autre autour de la ville) et onze radiales qui desserviront les principaux centre-ville de l’agglomération, des zones économiques, des équipements publics et des pôles d’échanges multimodaux. Soit 370 km d’aménagements traversant 54 communes, dont 60 % restent à créer pour un coût évalué à 250 millions d’euros, soit 25 millions d’euros par an pendant dix ans financés par Tisséo. Le conseil départemental prend toutefois à sa charge cinq de ces lignes, soit 45 km évalués à plus de 50 millions d’euros.

Freiner les flux motorisés

L’objectif des élus est de freiner les flux domicile-travail motorisés qui ont augmenté de 70 % en dix ans dans les communes situées entre 30 et 80 km autour de Toulouse. Les projections prévoient que ces aménagements permettraient de capter 10 % de ces flux dans la métropole toulousaine (contre 8 % aujourd’hui) et 5 % ailleurs dans l’agglomération (contre 2 %). « Le schéma directeur cyclable va desservir des pôles d’emploi sur des kilomètres, indique Bernard Coubères, directeur des services techniques de la communauté de communes de la Save au Touch. On est aidé dans ce projet par le vélo électrique qui permet de parcourir de longues distances. » Même si tout n’ira pas forcément de soi. Dans le cadre du REV, le vélo sera prioritaire sur tous les carrefours, « ce qui signifie, en matière de circulation et d’aménagement du territoire, des changements de priorité radicaux, poursuit-il. Quand vous arrivez sur une route communale ou départementale à grosse circulation, c’est le vélo qui sera prioritaire… Je ne le vois pas toujours facilement réalisable. »
À ses côtés, Louis Escoula, président de la communauté de communes de la Save au Touch, va plus loin : « nous avons demandé au conseil départemental une étude fine des déplacements domicile-travail à l’échelle de notre secteur. Autour de la RN 124, de la D 632 et de l’axe Cugnaux /Frouzins, c’est 60 000 déplacements quotidiens, soit une augmentation de 20 % depuis trois ans. » Or, et cela a été confirmé par Jean-Michel Lattes, seule la Save au Touch a fait faire cette enquête. « Comment, dès lors, définir les priorités en matière de transports ? Ne faudrait-il pas un organisme qui gère la problématique à l’échelle de la grande agglo, en faisant jouer la solidarité ? Allons-nous devoir payer une piste cyclable pour des salariés qui vont apporter de la richesse à Toulouse ? », se demande Louis Escoula. Des questions que les élus aborderont dans les prochains mois.  


(1) La communauté d’agglomération du Sicoval, (36 communes et 77 000 habitants), de Toulouse métropole (37 communes, 763 000 habitants), le Muretain agglo (26 communes, 120 000 habi­tants), la communauté de communes de la Save au Touch (7 communes, 40 000 habitants), la communauté de communes des Coteaux de Bellevue (7 communes, 20 000 habitants).
 

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