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01/01/1970
Synthèse du 103e Congrès

Les maires revendiquent une part de responsabilité sur les politiques de santé

La crise a mis la santé « en haut de l'agenda ». Cela n'est pas pour déplaire à Frédéric Chéreau, maire de Douai (Nord) et Véronique Besse, maire des Herbiers (Vendée), co présidents de la commission Santé de l'AMF. Ils n'entendent pas que cela devienne « un feu de paille ». Parce qu'ils ont des idées, des convictions, ils les ont partagées et défendues le 18 novembre au 103e Congrès des maires.

Emmanuelle Stroesser
103e Congrès de l'AMF, Forum « Agir pour la santé des habitants », 18 novembre 2021
© Victoria Viennet
103e Congrès de l'AMF, Forum « Agir pour la santé des habitants », 18 novembre 2021
La crise sanitaire a démontré que la santé se joue bel et bien au niveau local. À défaut d’en avoir la compétence directe, les maires en ont une part de responsabilité. Leur première conviction, est qu’ils sont «légitimes » à s'en préoccuper. La crise liée au Covid-19 en a donné de nombreux exemples. Si les agences régionales de santé, ont eu tendance à les snober, elles sont revenues vers eux. Que ce soit pour les masques, la vaccination. Bref, aider à assurer ce fameux «dernier kilomètre » qui fait toute la différence avec la population. 

La santé n’est pas qu’une question médicale

Les maires ont aussi «pleinement la main » sur les «déterminants de la santé » : «l’alimentation au travers de la cantine ou des livraisons de repas, le logement de qualité, la qualité de l’air, de l’eau, la capacité à avoir une vie sociale… » énumère Frédéric Chéreau. Or, les principaux enjeux de la santé de demain, «ce sont des maladies chroniques (diabète, insuffisance cardiaque) liées à ces déterminants, nos modes de vie et au vieillissement population ». Cela explique l’intérêt des élus dans une nouvelle approche dite de la «responsabilité populationnelle ». Un terme «barbare » concède Antoine Malone, directeur de projets à la Fédération hospitalière de France (FHF).

L’idée (importée du Québec) est que «tous les acteurs de santé partagent une part de responsabilité dans le maintien en santé d’une population, en réponse aux besoins exprimés ou non exprimés… ». Des expérimentations sont en cours, sous le pilotage de la FHF. À Quimper (Finistère), la maire a «rencontré une équipe qui y croit à 100% et ils m’ont transmis la conviction qu’il est nécessaire de travailler comme cela » témoigne Isabelle Assih. À Douai, Frédéric Chéreau n'est plus à convaincre. Si l’initiative est partie des hôpitaux, «la responsabilité populationnelle ne se fera pas sans les médecins de ville », ni sans les habitants, via les associations de quartier «qui ne sont pas des spécialistes de la santé mais ont une expertise que personne n’a ».

Prévenir plutôt que seulement guérir

Informer, sensibiliser et accompagner, de plus en plus de communes s’investissent. Comme à la communauté d’agglomération du Beauvaisis (Oise). «La santé n’est pas une compétence toute seule. Mon rôle est d’égrener les problématiques de santé au sein de l’ensemble des compétences de l’agglomération » témoigne Charlotte Colignon, vice-présidente en charge de la santé. Une délégation santé et prévention a également été créée à Quimper, à l’échelle de la ville, avec un poste de chargé de mission en appui «car une délégation ne suffit pas, il faut les moyens techniques », une autre a été lancée à l’échelle de l’agglomération, «portée par un maire rural ».

Isabelle Assih se rend compte «qu’il y avait une forte attente du territoire, d’associations qui viennent nous voir avec un projet ». Autre exemple à Annecy, Karine Picchedda, y est adjointe en charge de la santé, du bien vivre et du bien vieillir. Sa délégation «change tout ». «On ne raisonne pas assez en matière de prévention or notre devoir d’élu est de faire de la prévention » rebondit Véronique Besse. C’est le but du contrat local de santé mentale en cours de réflexion (voir encadré ci-dessous). 

Des outils adaptés

Le contrat local de santé (CLS) est l'outil de référence, précieux pour la coordination locale. Les maires sont unanimes. Dans le Beauvaisis, il a «aidé à être opérationnel en cas de crise». Cécile Lambert, de la direction générale de l’offre de soins (DGOS) au ministère de la santé, acquiesce : «les territoires dotés de ces contrats ont eu un peu plus d’agilité et de rapidité à mettre les acteurs autour de la table pour trouver des réponses très opérationnelles et concrètes à la crise ». La France en est encore inégalement couverte, mais la dynamique est certaine, avec «313 CLS actifs et 200 en préparation ».

Les maires préparent leur livre blanc

Ces expériences se heurtent malgré tout à un problème de fond, les pénuries de praticiens. Les alertes, appels de détresse, coups de gueule ont été nombreux à mesure que le micro a circulé dans la salle. Un chiffre retient l’attention, «20% de personnes n’ont pas de médecin traitant ! C’est au niveau national de mener le travail ! » pose la maire de Quimper. La DGOS corrige le chiffre (le ramenant à 10% de personnes sans médecin traitant au niveau national). Mais la situation touche à d'autres spécialités, comme la santé mentale.

À Bailleul (Nord), Nicolas Lefebre, adjoint à la santé, livre «bataille depuis des mois » pour conserver l'établissement public de santé mentale des Flandres. «Il y a 10 à 20 % de postes de psychiatrie vacants au niveau national, chez nous, cela atteint 30 % ». Pour lui, ces situations n'auront de solution que si les élus sont «tous unis ». «Il va falloir à un moment donné que les lits de psychiatrie soient plus territorialisés et tous les élus doivent être parties prenantes ».

Comme le glisse Frédéric Chéreau en guise de conclusion : «On voit qu’il y a des solutions sur le plus long terme pour qu’on se soigne différemment et que les gens ne tombent pas malade, mais l’urgence est là ».  Les maires ont l'intention que ce sujet de l'égalité d'accès aux soins soit au cœur de la campagne présidentielle. Ils promettent un livre blanc pour cela. 

La santé mentale doit sortir des tabous
Comme le rappelle Aude Caria, du site d'information sur la santé mentale Psycom, «la première étape pour comprendre les enjeux de la santé mentale, c’est de comprendre qu’elle ne se résume pas aux troubles psychiques ni aux soins psychiatriques. Nous pouvons tous basculer d’un moment à l’autre, et le Covid a eu un effet important ». Cela conforte le lancement de contrats locaux de santé mentale (CLSM), comme à Annecy (Haute-Savoie) ou à Bailleul (Nord), avec l’appui de la coordination nationale du centre d’appui aux CLSM
L’AMF a publié en partenariat avec le ministère de la Santé et Psycom une brochure intitulée «la santé mentale dans la Cité » afin d’aider les élus à s’emparer de ce sujet. Cette brochure «pour comprendre et agir », aide à cerner «les enjeux et les déterminants de la santé mentale » et le  « rôle de coordination territoriale » que les élus peuvent jouer. Une seconde partie proposer «des ressources et des outils pour les services municipaux ».

 

Retrouvez la vidéo du débat :

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