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Maires de France
Solutions locales
juin 2019
Développement économique

Créer une pépinière agricole avant l'installation

La communauté d'agglomération du Pays basque (64) propose deux fermes équipées et une aide technique à des néo-agriculteurs qui peuvent tester leur projet.

Monique CASTRO
Illustration

 Notre territoire compte 4 500 fermes. Pour trois cessations d’activité, il n’y a que deux installations, regrette Michel Bidegain, directeur de l’agriculture, de la pêche et de l’agroalimentaire à la communauté d’agglomération du Pays Basque (158 communes). Soit on voit les paysans partir, soit on fait quelque chose ! » La solution retenue consiste à proposer aux futurs exploitants, souvent des urbains qui rêvent de s’installer en zone rurale, deux fermes aménagées dans lesquelles ils vont pouvoir tester la viabilité de leur projet sur le mode des pépinières d’entreprises pendant deux ans (avec possibilité de prolonger d’un an). Unique en son genre, cette formule a été mise au point par la communauté de communes de Soule-Xiberoa (64), avant qu’elle n’intègre la communauté d’agglomération, créée en 2016, qui a repris le projet.
En 2014, les élus de la Soule ont décidé d’enrayer la chute de l’activité agricole qui s’est traduite par la perte de 350 exploitations entre 1998 et 2013. Regroupés en groupe de réflexion associant les élus, les agriculteurs et les organisations professionnelles agricoles, ils ont décidé de favoriser l’installation de néo-agriculteurs. Ainsi est né le projet « Etxalte Lab », qui permet à des agriculteurs de tester leur projet pendant deux ans, en bénéficiant d’un accompagnement technique. Entre 2016 et 2017, la communauté de communes a acquis deux fermes via la Safer (société d’aménagement foncier et d’établissement rural). L’une, située à Charritte-de-Bas, est destinée au maraîchage bio, l’autre, à Etchebar, est consacrée à l’élevage ovin et bovin et à la fabrication de fromages. Aux frais d’acquisition – 128 000 € pour la ferme de Charritte-le-Bas et 170 000 € pour celle d’Etchebar – s’ajoute le salaire de l’animateur chargé du suivi des « couvés » (30 000 €/an). La ferme d’Etchebar a fait l’objet d’aménagements spécifiques : conversion en bio, travaux d’irrigation, installation de serres et achat de matériel agricole pour 20 000 €. Le projet est soutenu par la région Nouvelle-Aquitaine et le conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques.

Faciliter la cession-transmission

« Pour développer notre action, explique Michel Bidegain, nous avons demandé au préfet de pouvoir récupérer deux nouvelles compétences : la gestion et la régulation du foncier agricole. Nous coordonnons le travail de la Safer, que nous saisissons pour de nouvelles préemptions. »
En essayant de maintenir les exploitations, la communauté d’agglomération vise à développer la population agricole en la diversifiant et à conforter des outils structurants comme l’abattoir du Pays de Soule, à entretenir la montagne et à pérenniser le pastoralisme. Les propriétaires qui n’ont pas de descendants souhaitant reprendre l’exploitation familiale seront peut-être plus disposés à la vendre à une autre personne si elle est déjà formée. « Ceci peut lever un frein psychologique à la cession-transmission », souligne Michel Bidegain. Pour donner davantage de visibilité aux nouveaux exploitants, la communauté d’agglomération va établir des statistiques sur les revenus des différents types d’exploitations. « Nous devons renseigner une personne qui souhaite s’installer, lui dire combien de bêtes il lui faut pour obtenir les revenus qu’elle espère avoir. Au début, sourit Michel Bidegain, on nous regardait avec des gros yeux. Aujourd’hui, ça va beaucoup mieux. »
www.communaute-paysbasque.fr

La ferme de Charritte-de-Bas permet à des maraîchers bio de cultiver des terres qui leur sont prêtées avant de lancer leur propre production. Pour la réussite de leur projet, un animateur est chargé de leur suivi.

Baisse régulière des exploitations
Le Pays basque comptait 4 920 exploitations en 2005 contre 5 939 en 2000 et 7 043 en 1988. Une baisse de 100 exploitations/an est observée sur l’ensemble du Pays basque. Entre 1988 et 2000, le taux d’évolution du nombre d’exploitations s’élève à – 35 % au niveau national, – 28 % au niveau régional et – 16 % pour le Pays basque. Les élus restent néanmoins mobilisés pour maintenir l’activité, y compris le pastoralisme. Le nombre d’éleveurs transhumants représente une perte de 4 agriculteurs par an, soit 33 % en vingt ans. Or, les bergers et leurs cheptels participent à l’entretien des espaces, à leur préservation notamment contre les risques d’incendie et à leur valorisation : le tourisme souletin est basé sur les sports de pleine nature.

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