Le magazine des maires et présidents d'intercommunalité
Maires de France
L'actu
02/07/2025
AMF Citoyenneté Démocratie Élections Votre mandat

Trois Français sur quatre jugent positivement le bilan de leur maire

Comme en 2019, le niveau de confiance à l'égard des élus municipaux reste très élevé (69%). Une majorité de citoyens souhaitent que leur maire se représente et soit réélu en 2026, selon une enquête du Cevipof réalisée pour l'AMF auprès de plus de 6 000 électeurs. Un quart d'entre eux pourraient s'engager dans le conseil municipal. L'AMF va se mobiliser en ce sens.

Par Xavier Brivet
© AMF

« Le maire reste une figure de confiance dans une démocratie fragmentée » : tel est, selon le Cevipof, l’un des principaux enseignements de l’enquête réalisée avec Ipsos auprès de 6 034 électeurs français, entre le 16 et le 23 juin 2025, pour l'AMF. Objectifs : dresser, comme en 2019, un état des lieux précis des perceptions et attentes des citoyens à l'approche des élections municipales de mars 2026, et interroger la relation des Français à leur maire. 

Un constat s’impose : le maire demeure toujours la figure politique bénéficiant du plus haut niveau de confiance des citoyens dans un contexte de défiance à l’égard des institutions nationales. «Depuis plus de dix ans, celle-ci atteint un étiage proche de 70 %, quelles que soient les crises subies et gérées au cours des deux derniers mandats », constate le Cevipof. «Le maire incarne la proximité, il est souvent le premier recours et le dernier espoir pour ses administrés, il tient ses engagements », analysait André Laignel, le 2 juillet, lors de la présentation des résultats de l’enquête. Le premier vice-président délégué de l’AMF a aussitôt fustigé «le comportement méprisant de l’Etat à l’égard des élus locaux qui est à mille lieues de la considération que les Français leur accordent ».

De fait, l’enquête a tout l’air d’un plébiscite pour les maires : trois Français sur quatre (73 %) déclarent être satisfaits de leur action et une majorité d’entre eux (58 %) «souhaitent que leur maire se représente et soit réélu en 2026 » - des chiffres identiques à ceux de 2019 à la veille du scrutin de 2020 – tout en fixant la liste de ce que devraient être ses priorités d’action (lire ci-dessous). 

« La commune est un pôle stabilité pour les citoyens, un point d’ancrage. Tout l’enjeu consiste désormais à susciter l’engagement, notamment des plus jeunes et des femmes, au service de leur commune en prévision des élections municipales de 2026 », a souligné Murielle Fabre, ce qui n’est pas acquis même si l’enquête montre qu’une majorité de Français souhaitent s’engager (lire ci-dessous). La secrétaire générale de l’AMF a ainsi annoncé le lancement, cet été, par l’association, d’une campagne de communication nationale baptisée «Osez l’engagement ! » pour inciter les citoyens à s’investir (conseils municipaux, associations…). Un kit (affiches, clip vidéo…) sera mis prochainement à la disposition de ses adhérents et des associations départementales. Cette campagne se prolongera jusqu’à la tenue du scrutin, avec un point d’orgue lors du 107e Congrès de l’AMF, en novembre. «La démocratie locale est un trésor pour la Nation, nous devons l’entretenir et susciter des vocations », a insisté David Lisnard, président de l’AMF. 

Voici les principaux résultats de l’enquête du Cevipof.
 

Une confiance solidement ancrée dans le maire 

Le maire demeure toujours la figure politique bénéficiant du plus haut niveau de confiance des Français (69 % contre 71 % en 2019), devant le président de l’intercommunalité (55 %) et loin devant l’ensemble des autres élus nationaux affectés par un climat de défiance politique. La confiance dans le maire est particulièrement forte dans les petites communes (75 % dans celles de moins de 1 000 habitants) et plus mesurée dans celles de 100 000 habitants et plus (53 %).  

Les raisons de ce plébiscite reposent en priorité sur l’honnêteté (61 %) et la capacité du maire à tenir ses engagement (50 %). «La demande de probité, d’exemplarité et d’éthique dans la fonction est non seulement perçue comme la condition sine qua non de la confiance mais elle s’impose pour l’ensemble des maires » quelle que soit la taille de la commune, note le Cevipof. «La demande de compétences qui associerait le maire à un technicien polyvalent de l’action publique n’est recherchée que pour 34 % des personnes interrogées. Les citoyens apprécient donc en priorité les maires qui ont fait la démonstration de leur exemplarité, devant celles et ceux qui connaissent parfaitement leurs dossiers ». 

La capacité à être proche des administrés (31 %) constitue aussi des critères déterminants pour faire confiance à un maire. Cependant, le lien de proximité avec le maire concerne davantage les plus petites communes que les métropoles. Globalement, le contact direct avec les élus reste limité : ainsi, seuls 20 % des répondants ont pris contact au moins une fois avec le maire ou son équipe municipale (32 % dans les communes de moins de 1000 habitants) alors que 80 % d’entre eux «rarement ou jamais » notamment dans les communes de plus de 10 000 habitants (86 % dans les communes de 100 000 habitants et plus).   
 

Le bilan majoritairement positif du mandat 2020-2026

Au terme d’un mandat particulièrement difficile, trois Français sur quatre (73 %) déclarent être satisfaits de l’action de leur municipalité (75 % en 2019). Ce jugement est particulièrement favorable dans les communes de moins de 10 000 habitants (78 %) alors que les maires de très grandes villes (plus de 100 000 habitants) sont jugés plus sévèrement (ils recueillent «seulement » 60 % de satisfaction de la part de leurs habitants). 
Interrogés sur les qualités et l’image de leur équipe municipale, les Français mettent prioritairement en avant sa capacité à conduire des réalisations importantes depuis 2020 (71 %), à avoir des projets pour l’avenir de la commune (71%), à être présente sur le terrain (67 %), à être efficace (64 %) et très facilement accessible (63 %).

Deux tiers des Français estiment que leur équipe municipale «utilise bien l’argent public » et 73 % d’entre eux jugent la situation financière de leur commune «saine » (ils étaient 80% en 2019). Une majorité d’entre eux (53%) estiment bénéficier de la politique menée par l’équipe municipale (47 % «non »). Ceci n’affecte pas l’attachement à leur commune puisque les deux-tiers d’entre eux ne pensent pas que «la vie serait mieux ailleurs ».

Au terme de ce bilan favorable décerné à l’équipe sortante, logiquement, une majorité de Français (58 %) «souhaitent que leur maire se représente et soit réélu en 2026 » contre 39 % ne le souhaitant pas, des chiffres strictement identiques à ceux de 2019 à la veille du scrutin de 2020. Les électeurs accordent ainsi «une forte prime aux sortants en reconnaissance du travail accompli », note le Cevipof, même si ce constat est moins flagrant dans les villes de plus de 100 000 habitants où la proportion de Français favorables à la reconduction du maire fléchit à 46 %.    
 

Les priorités d’actions du prochain mandat 

Le choix des Français pour élire leur prochain maire sera déterminé par le programme (84 %), le bilan de l’équipe sortante (79 %), la personnalité du maire (79 %), l’étiquette politique lorsque celle-ci est connue (61 %, une proportion grimpant à 70 % dans les communes de 10 à 30 000 habitants et 74 % pour les + de 100 000 habitants où le scrutin est davantage politisé), et le renouvellement des élu(e)s en place. 
Les citoyens fixent aux candidats des exigences à la fois méthodologiques et politiques (les priorités d’action).

Sur le plan de la méthode, ils estiment que le maire «doit représenter le plus fidèlement les aspirations des citoyens, au-delà de ses priorités d’intervention », souligne le Cevipof. Ainsi, l’élu doit selon eux en priorité «défendre les intérêts des habitants de la commune auprès des autres acteurs locaux ou de l’Etat (87 % des Français interrogés, les deux-tiers d’entre eux estimant que «les décisions politiques doivent être adaptées à la situation de chaque territoire afin d’être plus efficaces »).

Les autres priorités consistent à mettre en œuvre le programme pour lequel il a été élu (85 %), rendre public et assurer la transparence des débats avant la prise de décision (83 %), créer un consensus dans la population avant de prendre une décision (74 %) mais aussi être médiateur lors de conflits locaux (69 %, soit 7 points de plus qu’en 2019).

Le prochain maire devra en priorité se concentrer sur la sécurité et la tranquillité publiques (43% contre 34 % en 2019), un score à mettre en relation avec le fait que 87 % des Français interrogés «ont le sentiment que la violence augmente dans la société », une proportion tombant à 47 % dans leur lieu de résidence. 

Les autres priorités fixées par les citoyens sont la transition écologique (38 % contre 47 % en 2019, en forte baisse), le maintien des services de proximité (38 % contre 42 % en 2019), l’attractivité économique (28% contre 39 % en 2019) ou encore l’offre de transports (26 % contre 19 % il y a six ans).    

La progression des enjeux de sécurité publique (+ 9 points par rapport à 2019) concerne avant tout les Français résidant dans les communes de plus de 10 000 habitants qui placent en tête cet impératif (à plus de 50 % contre 26 % dans les communes de moins de 1 000 habitants) alors que pour ceux résidant dans les communes de petite taille, la préservation de l’environnement (49 %) et le maintien des services publics (43 %) restent prioritaires, des priorités citées respectivement à seulement 36 % et 34 % dans les communes de plus de 10 000 habitants. 
 

Engagement : des citoyens disponibles mais un manque de temps  

Interrogés sur leur intention de s’engager dans des activités locales dans leur commune, près de 14 % des personnes interrogées déclarent d’ores-et-déjà participer à la vie locale (- 2 pts par rapport à 2019), 23 % se disent prêtes à s’engager et à y consacrer du temps (-3 pts), 35 % aimeraient s’engager sans être prêt pour autant à y consacrer du temps (-3 pts) et 28 % ne sont pas intéressées (+ 8 pts). 
« Au total, note le Cevipof, ce sont près de 3 Français sur 4 qui affichent des dispositions à l’engagement local mais qui ne parviennent pas toujours à le concrétiser. Les communes de petite taille restent celles où l’engagement citoyen est préservé ».   

Quel type d’engagement les Français envisageraient-ils ? Par ordre décroissant, au sein d’associations culturelles (32 %), d’associations de solidarité (31 %), de collectifs pour défendre une cause (29 %), d’associations sportives (24 %) et… au conseil municipal de la commune (24 %). Cette dernière proportion atteint 31 % dans les communes de moins de 1 000 habitants et seulement 16 % dans les métropoles. «C’est la confirmation que la vitalité démocratique municipale résiste malgré une montée de l’individualisme observé dans plusieurs champs d’action civique de la société française », conclut le Cevipof.

 

Trois questions à...
Martial Foucault, chercheur au Centre d’études de la vie politique française (Cevipof) 
. Le niveau de confiance constant des Français dans leur maire vous surprend-il ?
Je ne suis pas réellement surpris par le niveau et la constance. Si près de 70 % des Français interrogés déclarent faire confiance à leur maire, et ce depuis plus de quinze ans, c’est avant tout l’expression d’attentes concrètes qu’ils estiment globalement satisfaites par les équipes municipales.
Par ailleurs, ce niveau de confiance s’explique par deux puissants ressorts : l’honnêteté perçue du maire et sa capacité à tenir ses promesses. Il me semble important de souligner ici que ce sont deux exigences démocratiques très fortes qui singularise la démocratie municipale comparativement au modèle démocratique national.
. La reconnaissance des citoyens ne vaut pas blanc-seing et ne traduit pas un lien affectif avec le maire. Pourquoi ?
Si le lien de proximité est très fort et très attendu entre les citoyens et leur maire, il n’en demeure pas moins qu’ils expriment aussi une efficacité de leur action publique. Si le maire n’est pas en mesure d’apporter un supplément de bien-être à leurs administrés, c’est le lien de confiance qui s’érode.
. La sécurité arrive en tête des attentes des Français. Elle arrivait seulement en troisième position en 2019. Que cela signifie-t-il ?
C’est un vrai changement significatif et participe d’une demande de protection élargie à l’environnement de vie, ce dont toutes les municipalités ne peuvent garantir car cela impliquerait une généralisation des polices municipales, y compris dans les plus petites communes. Cela traduit aussi une incomplétude sur le terrain des services de gendarmerie et de police face à une société que ces mêmes citoyens jugent de plus en plus violente (en particulier dans les communes de grande taille).
Photo © Martial Foucault/LinkedIn

 

Suivez Maires de France sur


Raccourci : mairesdefrance.com/28541
Logo

Maires de France est le magazine de référence des maires et élus locaux. Chaque mois, il vous permet de décrypter l'actualité, de partager vos solutions de gestion et vous accompagne dans l'exercice de votre mandat. Son site Internet, mairesdefrance.com, vous permet d’accéder à toute l'information dont vous avez besoin, où vous voulez, quand vous voulez et sur le support de votre choix (ordinateur, tablette, smartphone, ...).