Ouverture du 106e Congrès des maires sur fond de protestation
Le traditionnel rendez-vous de l'AMF a débuté mardi 19 novembre à Paris avec la cuisante question des « prélèvements » sur les finances locales que les maires n'acceptent pas tant elle fait peser un « risque récessif » sur le pays.
Sentiment d’injustice, presque d’abandon
Avec ce nouveau «coup de rabot » financier de la part de l’État, les élus ressentent un fort sentiment d’injustice, presque d’abandon. Aujourd’hui, il leur devient très difficile d’assurer les services publics de proximité. Le thème choisi pour ce Congrès 2024, «les communes, heureusement », rappelle que ces collectivités interviennent sur beaucoup de fronts : transports, eau potable, entretien des routes, inclusion des personnes en situation de handicap (l’AMF a souhaité fêter les 20 ans de la loi Handicap de 2005 lors de cette séance d’ouverture), sport, culture, lors des catastrophes comme les inondations, etc.
Les communes interviennent même dans des domaines qui ne relèvent pas de leur compétence (la santé, la sécurité avec les polices municipales) pour pallier un manque de la part de l’Etat. Mais celui-ci n'en tient pas compte. Et continue les transferts de charges : service public de la petite enfance, AESH, digues, maisons France services (que les communes et intercommunalités contribuent à financer aux deux tiers), Gemapi…
« Laissez-nous travailler ! »
Pis, l’État rend les collectivités responsables des «dérapages » budgétaires. Une véritable «humiliation » pour le premier vice-président délégué de l’AMF, André Laignel, maire d’Issoudun et, par ailleurs, président du Comité des finances locales. «Ces critiques sont mensongères et donc inacceptables » , a-t-il martelé.
Les maires se sont donc rassemblés, à l'initiative de David Lisnard, ceints de leur écharpe tricolore et d’une écharpe noire, pour alerter sur la possible «mort des communes», étouffées par les coupes budgétaires, mais aussi par les normes, les blocages administratifs les empêchant d’agir (voir notre article). «Laissez-nous travailler ! », a répété David Lisnard, maire de Cannes et président de l’AMF. «Les collectivités, c’est 70% de l’investissement public. Taper dans nos budgets est récessif ! Le pays est à un tournant ! Il n’y a pas de fatalité », veut croire le président de l’AMF.
Il existe des solutions : recentrer l’État sur ses missions régaliennes, supprimer toutes les agences, placer les services de l’État sous l’autorité des préfets et sous-préfets, le pouvoir réglementaire attribué aux collectivités, moratoire immédiat sur les normes, arrêter la tendance à la supracommunalité… « Faire en sorte que le maire soit toujours le premier à pouvoir agir ! Les libertés sont toujours la meilleure solution ! » , assure David Lisnard.
Devoir d'ouvrir de nouveaux horizons
Or ce pouvoir d’agir des maires «a régressé » , a appuyé André Laignel. «La République vacille ! L’État se noie. Il a besoin de boucs-émissaires : les élus locaux » . «L’asphyxie des collectivités aura des conséquences graves pour nos concitoyens avec la mise en danger de nos services publics. Elle va aggraver la crise économique et nous conduire à la récession. Plusieurs observatoires économiques avertissent déjà sur une possible division par deux du PIB ! Les services de Bercy doivent comprendre que les collectivités sont un levier. C’est une folie de ne pas s’engager dans la décentralisation ».
Pour le premier vice-président délégué, ce 106e Congrès doit marquer «le début d’une mobilisation durable des maires et ne doit pas être le chant du cygne. Nous avons la légitimité et le devoir d’ouvrir de nouveaux horizons ! Nous sommes une chance pour la France ! »
Les quelque 10 000 maires inscrits à cette édition (un record) ne diront pas le contraire. Ils attendent fermement le Premier ministre, Michel Barnier, qui clôturera le Congrès, jeudi 21 novembre.
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