Congrès des maires 2023. Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'État à la ville, rassure en partie les maires
Sabrina Agresti-Roubache, la secrétaire d'État à la ville aime faire la démonstration de son parler franc. L'échange avec les maires mardi 21 novembre pendant le 105e Congrès des Maires de France lui en a donné l'occasion, lors du « point info » consacré aux prochains contrats de ville.
« C’était vif », glisse satisfait un participant à l’issue du forum. Sur le contenu même des futurs contrats de ville, les élus n’auront pas appris grand-chose. Mais ils ont pu avoir un échange nourri avec la secrétaire d’État à la Ville qui s’est prêtée au jeu des questions-réponses.Sabrina Agresti-Roubache aime échanger dit-elle, parler «franc ». Elle en a fait la démonstration. Quitte à déplaire ou à irriter lorsqu’elle renvoie aux élus d’assumer leurs priorités pour compenser la baisse de la part de financement de l’État, comme sur les cités éducatives. «L’État ne peut pas tout. On nous parle déconcentration, autonomie. Chacun doit assumer ses priorités ! ». «Bien sûr que ce sont des choix, mais, à un moment, ils existent peu pour nos communes » lui rétorquent Hélène Geoffroy, la maire de Vaulx-en-Velin (69), co-présidente de la commission politique de la ville de l’AMF, et Frédéric Leturque, maire d’Arras (62), vice-président de l’AMF.
Le calendrier des futurs contrats de ville est déjà connu, avec leur signature prévue en mars 2024 (en 2025 pour les territoires ultramarins). La carte des quartiers retenus (la «géographie prioritaire ») ne sera dévoilée qu’en fin d’année (en 2024 pour les territoires ultramarins). Les derniers arbitrages sont en train d’être rendus.
Arbitrages
« Il y a seulement cinq villes que je n’arrive toujours pas à faire rentrer, mais je pense qu’en forçant, et Matignon m’aide, nous y arriverons » a indiqué la secrétaire d’État. Ce qui justifie la réécriture du décret ad hoc, pour assouplir les critères de sélection. «Sinon on aurait dû sortir beaucoup de quartiers », confie la secrétaire d’Etat. Sabrina Agresti-Roubache promet de maintenir l’attention sur les quartiers qui en sortiront, grâce à 2,5% de l’ensemble des crédits «sanctuarisés » (à l’échelle nationale) «car ceux qui sortent de manière brutale reviennent des années après, donc il ne faut pas les lâcher ». Sur les critères de répartition de ces crédits, il faudra attendre la circulaire sur les contrats de ville, en cours de rédaction. «Les crédits, on sait où les trouver ! », conclut à plusieurs reprises la secrétaire d’État face aux interrogations des élus sur les moyens. La formule provoque des murmures dans la salle.
Le mercredi 29 novembre, l’AMF a publié un communiqué de presse faisant part des inquiétudes des maires quant au risque d’une dilution des crédits avec l’augmentation du nombre de quartiers prioritaires et d’habitants y résidant.
Aux élus de fixer les priorités
Quant au contenu des contrats, le message se veut clair : «c’est à vous et pas à l’administration » d’en fixer les priorités (1). Les maires prennent bonne note. «C’est une évidence mais il faudra que vous l’affirmiez », l’y invite Frédéric Leturque.
Autre précision bienvenue, sur la mobilisation des crédits de droit commun, jugée insuffisante par les élus : les crédits de la politique de la ville doivent bien jouer «un effet levier sur le droit commun » mais «ne doivent plus le remplacer », acquiesce la secrétaire d’État. «C’est toujours bien de l’entendre », confie à l’issue un élu, qui attend malgré tout de voir. Les élus repartent avec la promesse que l’argent fléché dans les quartiers par les différents ministères soit enfin évalué.
Autre promesse de la secrétaire d’État, «toutes les écoles orphelines » (hors éducation prioritaire) «vont y entrer car c’est une priorité et il faut calquer l’Éducation prioritaire avec les quartiers prioritaires ». Une «réforme fiscale des entreprises pour nos quartiers », avec notamment «une refonte totale » des zones franches urbaines sera lancée.
Les maires «avaient besoin d’être rassurés », avait résumé avec tact Hélène Geoffroy au début du débat. Ils l’ont été en partie, mais la maire de Vaulx-en-Velin reste circonspecte sur les conditions réunies pour la participation des habitants à la construction de ces contrats.
(1) Une circulaire «en cours de rédaction » précisera les piliers autour desquelles bâtir les contrats de ville.
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