Congrès des maires 2023. Détecter et accompagner les victimes de violences intrafamiliales : le rôle des maires
À l'occasion du forum organisé sur le sujet, le 23 novembre, l'AMF a publié un guide pratique "Les maires et la lutte contre les violences faites aux femmes" pour les aider à agir avec les acteurs locaux.
« Nous sommes réunis pour apporter des témoignages positifs et des solutions », a ainsi déclaré en introduction du forum sa co-présidente, Cécile Gallien, maire de Vorey (43), co-présidente du groupe de travail égalité femmes/hommes de l’AMF.
Cécile Gallien et Édith Gueugneau, maire de Bourbon-Lancy (71), autre co-présidente du forum et du groupe de travail égalité F/H, ont ainsi présenté aux élus le guide pratique “Les maires et la lutte contre les violences faites aux femmes“ , publié par l’AMF en novembre 2023, qui a déclaré ce sujet grande cause du mandat 2020-2026.
À travers ce document, adapté aux communes rurales et périurbaines, l’AMF démontre la nécessité de renforcer les partenariats locaux et encourage les communes à se former.
« Engagement total »
Le témoignage d’Harmonie Lecerf-Meunier, adjointe au maire de Bordeaux (33) chargée de l'accès aux droits et des solidarités, représentante de l’Union nationale des CCAS (UNCCAS), a illustré la démarche transversale de lutte contre les violences, engagée dans de nombreuses communes. «On se doit d’avoir un engagement total (…) notamment en formant l’ensemble des agents à détecter les victimes », a déclaré l’élue.
Cette politique globale se retrouve tout autant dans l’aménagement de l’espace public et des cours d’école, qui doivent faire la même place aux deux genres, que dans la communication sous toutes ses formes, qu’il s’agisse de numéros d’urgence diffusés dans les toilettes publiques ou des violentomètres distribués en partenariat avec les commerçants.
- Retrouvez l'interview de Céline Berthon, directrice générale adjointe de la Police nationale, et de Jean-Paul Jeandon, maire de Cergy (Val-d'Oise), réalisée par Maire info, ci-dessous :
L’hyper proximité est aussi mise en œuvre par les associations spécialisées, comme l’ont expliqué Clémence Pajot, directrice générale de la Fédération nationale des centres d'information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF), et Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF), opératrice du 3919 (numéro d’écoute désormais accessible 24h/24), deux associations qui développent «l’aller vers », notamment en zone rurale.
Pour soutenir ces acteurs, et en particulier les élus, dans cet «engagement total », le lieutenant-colonel Dorothée Cloître, référente nationale violences intrafamiliales (VIF) pour la gendarmerie, et Charlotte Huntz, commissaire de police, référente VIF pour la Police nationale, ont invité, d’une seule voix, les élus à se rapprocher des référents VIF locaux, présents dans les gendarmeries et les commissariats, ainsi que des maisons de protection des familles (MPD), ouvertes dans chaque département.
Elles les ont aussi encouragés à s’emparer de la plateforme numérique des signalements et d'accompagnement des victimes (PNAV) - accessible depuis le site arretonslesviolences.gouv.fr -, dédiée aux victimes mais aussi aux témoins et aux professionnels, qui permet de tchater avec un policier.
Les annonces de la ministre
Le forum a été clôturé par l’intervention de la ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, Bérangère Couillard. L’occasion de faire le bilan de quatre ans d’engagement du gouvernement contre les violences.
La ministre est revenue sur le lancement, dans des départements expérimentaux, au printemps 2023, du dispositif “Pack nouveau départ“, une aide administrative et financière en cas de séparation d’un conjoint violent, et sur le doublement des places d’hébergement d’urgence.
Sur ce dernier point, la ministre a annoncé qu’elle allait demander une étude sur la qualité de ce service, désireuse de proposer des «logements à la hauteur » pour assurer «un accueil digne », et éviter que des victimes retournent à leur domicile en raison d’une qualité d’accueil insuffisante ou inadaptée.
Par ailleurs, Bérangère Couillard a précisé que le Conseil supérieur des programmes lui remettrait très prochainement une proposition de contenu d’ateliers en milieu scolaire sur l’égalité femmes-hommes à destination des élèves.
Souvent rattachée à un hôpital comme à Saint-Denis (93) ou à Marseille (13), une Maison des femmes peut aussi être ouverte sur initiative municipale, à l’exemple de Pantin (93) qui vient tout juste d’inaugurer la sienne, en présence de la ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes.
Ce lieu, qui permettra aux femmes victimes de violences de déposer directement une plainte, proposera également des ateliers (sophrologie…) et des permanences (juridiques…) assurées par une équipe pluridisciplinaire.
À Pantin, en moyenne, une femme porte plainte tous les deux jours pour des faits de violences conjugales, a indiqué la mairie. En parallèle de la Maison des femmes, la commune annonce augmenter, en partenariat avec les bailleurs sociaux, le nombre de ses logements d’urgence.
- Lire aussi notre dossier Spécial Congrès 2023
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