Le déploiement de la 5G est-il opportun ?
Alors que les fréquences de la 5G viennent d'être attribuées, certains élus locaux demandent un moratoire sur son déploiement. Le temps de lever les craintes sanitaires et environnementales. Et de peser avantages et inconvénients de cette nouvelle technologie.
ean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse (01).Signataire d’une tribune publiée le 12 septembre dans le JDD
Une évolution technologique, quelle qu’elle soit, n’est pas un progrès en soi. Elle ne devient un progrès que si elle concourt à plus de bien-être, plus de justice sociale et si elle contribue à la réduction des enjeux climatiques. La société a le droit, et même le devoir, de décider ce qu’elle en fait, ce qu’elle en retient ou n’en retient pas. Ce que je demande, avec un certain nombre de collègues maires, c’est un moratoire pour avoir le temps de débattre de cette technologie. Car la 5G pose de nombreuses questions, à commencer par son incidence sanitaire. Avant de la déployer, nous devons a minima attendre les conclusions de l’étude de l’Anses demandée par le gouvernement lui-même. Il y a ensuite un enjeu de consommation énergétique. La 5G, en augmentant les débits, va favoriser les usages et contribuer à accroître la consommation globale d’énergie. Les partisans de la 5G nous disent qu’elle va aussi permettre de réduire les consommations dans d’autres domaines comme la mobilité. Ce ne sont que des affirmations : faisons des évaluations et discutons-en ! La question est enfin de savoir si nous avons besoin de tous les usages promis par la 5G comme le véhicule autonome ou encore les milliards d’objets que la 5G promet de connecter. Autant d’objets bourrés de métaux rares et d’obsolescence programmée. Doit-on continuer dans cette hyperconsommation d’objets connectés ? Il faut en débattre. »
Patrick Chaize, sénateur de l’Ain et président de l’Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel (Avicca)
Ce qu’il manque c’est avant tout une définition de la 5G. Les fréquences allouées aux opérateurs, début octobre, dans la bande des 3,4-3,8 Ghz, vont avant tout permettre de soulager les réseaux 4G pour faire face à l’augmentation du trafic. Cela n’a rien d’une catastrophe mais le gouvernement aurait mieux fait de parler de «4G++ » pour évoquer ces fréquences. Elles ont été utilisées pendant des années à d’autres usages et, jusqu’à preuve du contraire, elles n’ont pas eu d’incidence sur la santé. Il en va autrement des fréquences dites «millimétriques », sur la bande des 26 Ghz, dont l’usage n’est pas prévu avant plusieurs années et pour lesquelles il nous faut des garanties sanitaires. L’autre élément à prendre en compte est le recours à des antennes dites directionnelles. Les antennes 4G sont des antennes «parapluie », elles arrosent partout de manière uniforme. Les antennes 5G recourent à un système de faisceau directionnel et n’émettent pas en permanence. A priori, elles ont des caractéristiques plutôt vertueuses en termes de consommation énergétique. Mais il nous manque, là encore, une expertise sanitaire. Je fais cependant totalement confiance à nos autorités indépendantes et, en particulier, à l’Anses pour nous éclairer sur ces deux sujets. La 5G est enfin un choix de l’État, et la République est une et indivisible : ce n’est pas aux maires de décider quelles technologies devraient être déployées sur leur territoire. »
Cet article a été publié dans l'édition :
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