Participation citoyenne : les élus partagent leurs expériences
Le débat "Faire participer les habitants pour des communes toujours plus efficaces" du 20 novembre a permis aux maires d'échanger sur les enjeux de la démocratie participative et de mutualiser leurs initiatives en la matière.
Ce 106e Congrès a pour thème “Les communes… Heureusement ! », on pourrait aussi dire “Les maires… Heureusement ! », a-t-il ajouté. Le président du Sénat a rappelé l’intérêt de la chambre haute pour le développement de la participation citoyenne, notamment à travers le rapport (2022) des sénateurs Françoise Gatel et Jean-Michel Houllegatte sur le concept de «Démocratie implicative ».
Une période de défiance
La participation des citoyens se pose de façon plus aigüe en période de crise, comme l’a souligné Hélène de Comarmond, «crise de confiance dans la démocratie, crise du vote avec des taux d’abstention records», sans oublier «les violences envers les élus ». A ces tensions, s’ajoute la crise budgétaire avec des négociations en cours qui «prévoient d’aller prendre pas 5 mais peut-être 11 milliards d’euros aux communes ! », s’est indignée la co-présidente du débat. Dans ces conditions, «comment pourrons-nous poursuivre la mission pour laquelle nous avons été élus ? », a-t-elle demandé.
Un diagnostic partagé par le co-président de la commission Démocratie participative, Fabian Jordan, maire de Berrwiller (1 260 habitants, 68) et président de Mulhouse agglomération, initiateur des Journées citoyennes, qui souhaite «passer d’un citoyen consommateur », par exemple de services publics, «à un citoyen acteur ».
Le grand témoin de ce débat, Jean-François Caron, président de la Fabrique des Transitions et ancien maire de Loos-en-Gohelle (6 900 habitants, 62), a expérimenté la démocratie participative pour soutenir la transformation de cette commune minière. Il a abondé dans le sens des deux élus : «Nous sommes à la fois dans une période de défiance absolue et de transitions mondiales (…). L’exercice du pouvoir ne peut plus être surplombant ».
Le témoignage du maire de Corbeil-Essonnes (52 685 habitants, 91) est venu illustrer son propos : Bruno Piriou a expliqué que face au cumul des défis du quotidien et de la «complexité planétaire », il n’hésite pas à dire à ses administrés : «Je ne vous ferai pas croire que j’y arriverai sans vous ! ».
« Faire appel à l’intelligence des habitants »
Jean-François Caron a souligné les points de vigilance à avoir en tête quand une municipalité sollicite la participation de ses administrés. La pratique ne doit pas être un alibi sans marge de manœuvre laissée au public, elle requiert du temps long et exige de l’élu «d’être en capacité d’accompagner la parole des citoyens ». Elle ne doit pas se réduire à l’expression des «Je veux ! » individuels.
Malgré ces différents écueils, Jean-François Caron l’assure : «Ce n’est pas simple, mais ça vaut le coup d’essayer ! (…) La démocratie participative permet l’implication, de donner de la visibilité à l’expertise hyper locale que chaque habitant a du bout de sa rue et elle est même de nature à réintroduire du respect envers les élus ». «Je suis particulièrement satisfait quand, lors d’une réunion publique, la discussion n’est plus entre les citoyens et le maire mais entre citoyens », a complété le maire de Corbeil-Essonnes.
Même satisfecit du côté de Sébastien Populaire, maire de Touillon-et-Loutelet (270 habitants, 25), commune frontalière, ravi de «voir tous les habitants se parler ». Si la pratique de la démocratie participative est exigeante et demande un fort investissement et une grande disponibilité, elle s’avérer tout aussi gratifiante et même rassurante pour les élus. «Certes, la société s’individualise, mais il y a aussi tellement de gens qui s’investissent, dont des jeunes, contrairement aux idées reçues », a constaté Hélène de Comarmond. «Il faut être dans une posture d’écoute et réussir à cheminer avec la personne vers la solution », a insisté l’élue.
« Je ne suis pas désespérée. Quand on fait appel à l’intelligence des habitants, ils répondent présents. Pensons, par exemple, à l’appel aux volontaires pour tenir les bureaux de vote. On est heureux quand on fait ensemble ! L’essentiel de notre temps doit être consacré à libérer l’énergie des citoyens », a abondé Bruno Piriou.
Partage d’expériences
Plusieurs expériences de terrain, dans des communes de tailles variées, ont été détaillées au cours du débat, avec l’objectif de partager les bonnes pratiques. Aurélie Mezière, maire de Plessé (5 300 habitants, 44), a animé pendant plusieurs années un collectif de citoyens avant d’être élue en 2020 et de pouvoir mettre en pratique une gestion participative de la commune. Il n’y a ainsi plus de commissions communales mais des “comités consultatifs“. Pour élargir le cercle des citoyens investis, la commune procède à des tirages au sort faisant ainsi en sorte que l’ensemble des habitants aient l’occasion d’assister au conseil municipal et, pourquoi pas, s’investissent dans un de ces comités. «Plus la démocratie est horizontale, plus le cadre doit être précis », a estimé Aurélie Mezière.
Florian Bercault, maire de Laval (49 660 habitants, 53) et président de Laval Agglomération, a initié une large concertation après les émeutes de juillet 2023, «parce qu’on ne pouvait pas rester sidérés », sur le thème du «Comment mieux vivre dans les quartiers populaires ? ». Les administrés, tirés au sort, ont pu produire un manifeste «mis en œuvre maintenant avec les partenaires concernés, comme la CAF », a expliqué l’élu. «La participation citoyenne est aujourd’hui une politique publique », a-t-il conclu.
Revoir le débat " Faire participer les habitants pour des communes toujours plus efficaces "
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